Le Comité national de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (CN-ITIE) a publié son rapport semestriel révélant une forte contribution du secteur minier qui représente près de 80 % des revenus extractifs totaux, tandis que les exportations sont dominées par l’acide phosphorique et l’or.
Le Comité national de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (CN-ITIE) du Sénégal a publié ce lundi 6 mai son rapport de conciliation portant sur le premier semestre de l’année fiscale 2024. Ce document, fruit d’un processus structuré incluant compilation de données contextuelles et financières, rapprochement des paiements et des recettes, et investigation des écarts identifiés, offre un panorama détaillé de la contribution du secteur extractif à l’économie nationale.
Le rapport révèle que le total des revenus générés par le secteur extractif pour le premier semestre 2024 s’élève à 236,59 milliards FCFA (391,49 millions USD), incluant les paiements sociaux et environnementaux. Sur ce montant, 225,49 milliards FCFA ont été affectés directement au budget de l’État.
Le secteur minier domine largement avec une contribution de 187,35 milliards FCFA, représentant 79,19 % des revenus extractifs. Ce montant équivaut déjà à 56,36 % du total des revenus du secteur minier générés sur l’ensemble de l’exercice 2023.
Le secteur des hydrocarbures a contribué à hauteur de 45,79 milliards FCFA, soit 19,36 % des revenus totaux. Cette performance marque une augmentation significative de 15,14 milliards FCFA par rapport à l’année 2023 entière, où ce secteur avait généré 30,65 milliards FCFA.
Cette progression s’explique principalement par les paiements exceptionnels effectués par Woodside Energy Senegal, notamment 3 milliards FCFA pour des « Customs audit 2016-2021 » et 21,75 milliards FCFA pour « Import duty payment. »
Production : or et matériaux de construction en tête
Dans le secteur minier, la production d’or s’est établie à 106 579 onces troy pour une valeur estimée à 154,46 milliards FCFA. Le ciment arrive en deuxième position avec 2 527 640 tonnes produites pour une valeur de 120,56 milliards FCFA.
L’acide phosphorique (240 475 tonnes), le clinker (1 million 494 624 tonnes), l’ilménite (254 041 tonnes) et le phosphate (932 008 tonnes) complètent le tableau des principales productions minières du pays, avec des valeurs respectives de 85,15 milliards, 61,19 milliards, 42,16 milliards et 32,99 milliards FCFA.
Pour le secteur des hydrocarbures, la production reste limitée à 1 million 525 544 Nm³ de gaz naturel provenant des périmètres Gadiaga/Sadiartou, pour une valeur de 251,71 millions FCFA.
Les exportations du secteur extractif ont atteint 468,42 milliards FCFA (775,12 millions USD) au premier semestre 2024. L’acide phosphorique occupe la première place avec 242 468 tonnes exportées pour une valeur de 140,72 milliards FCFA, représentant 30,04 % des exportations du secteur.
L’or arrive en deuxième position avec 102 925 onces troy exportées, valorisées à 137,22 milliards FCFA (29,29% des exportations). Le ciment complète le podium avec 1 million 138 190 tonnes exportées pour une valeur de 54,70 milliards FCFA.
Sur les 26 sociétés ayant soumis un formulaire de déclaration, 11 ont communiqué le détail de leur effectif, totalisant 1 773 employés au premier semestre 2024. Les nationaux représentent 92 % de ces effectifs, témoignant d’un fort ancrage local du secteur.
La masse salariale globale déclarée s’élève à 19,78 milliards FCFA, dont 18,99 milliards pour les employés du secteur minier et 0,78 milliard pour ceux du secteur des hydrocarbures.
Dépenses sociales : éducation et fonds sociaux prioritaires
Les entreprises extractives ont réalisé 2,57 milliards FCFA de dépenses sociales au premier semestre 2024, dont 1,77 milliard de paiements obligatoires et 797 millions de paiements volontaires.
Dans le secteur minier, Sabodala Gold Operations (SGO) se distingue comme le plus grand contributeur avec 906,94 millions FCFA de dépenses sociales obligatoires, principalement destinées aux fonds sociaux pour les communautés environnantes. Ces fonds ont notamment financé la construction de routes comme la « Bembou Road 2024 » et diverses infrastructures locales.
L’éducation constitue le principal bénéficiaire des dépenses sociales, avec 32,47 % des paiements obligatoires et 10,88 % des paiements volontaires dédiés à ce secteur.
Dans le secteur des hydrocarbures, Total E&P Sénégal et Woodside Energy Senegal sont les plus grands contributeurs avec respectivement 362,55 millions et 170,87 millions FCFA de dépenses sociales.
Par ailleurs, les dépenses environnementales reportées ont atteint 972,10 millions FCFA au premier semestre 2024.
Les Industries Chimiques du Sénégal (ICS) en sont le principal contributeur avec 880,32 millions FCFA (90,56 % du total), correspondant principalement aux compensations et commissions du comité d’évaluation des impenses consécutives à la délocalisation des villages établis sur l’emprise de leur exploitation.
De même, les taxes environnementales versées par les entreprises extractives à la Direction de l’Environnement et des Établissements Classés (DEEC) et à la Direction des Eaux et Forêts, Chasses et Conservation des Sols (DEFCCS) ont totalisé 173,62 millions FCFA, avec Grande Côte Opérations (71,7 millions) et SOCOCIM (62,5 millions) comme principaux contributeurs.
Contenu local en progression
Le rapport met également en lumière l’impact du secteur extractif sur l’économie locale à travers les achats auprès de fournisseurs nationaux. Sur un volume total de transactions de 862,82 milliards FCFA, 342 milliards FCFA (soit 39,64 %) ont été effectués auprès de fournisseurs locaux.
Dans le secteur minier, les transactions avec les fournisseurs locaux ont atteint 193,90 milliards FCFA, avec SOCOCIM (66,46 milliards), SGO (57,39 milliards) et ICS (42,01 milliards) comme principales entreprises contributrices.
Pour le secteur des hydrocarbures, les transactions locales se sont élevées à 148,10 milliards FCFA, dominées par Woodside Energy Sénégal avec 144,73 milliards FCFA d’achats locaux.
Ce rapport semestriel, une initiative innovante du Comité national ITIE, vise à mettre à la disposition du public des informations plus récentes sur le secteur extractif du Sénégal, conformément aux principes de transparence et de bonne gouvernance promus par l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives.
Source : apanews.net
Last Updated on 06/05/2025 by Ousmane BALLO