Kidal : Mais où est donc passé Alghabass ?

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Longtemps vu comme un personnage politique avenant et convenant, Alghabass Ag Intalla, qui a fait presque tous les groupes islamistes et terroristes, a disparu des radars.

Résidant un temps à Tinzawatin, on a parlé de son retour à Kidal avant de l’annoncer en Algérie puis en Mauritanie et finalement en France. Tout cela en l’espace de quelques jours et au moment où Kidal, fief des anciens rebelles, subit les assauts des FAMa au lendemain du départ de la Minusma.

L’ancien député à l’Assemblée nationale du Mali avant la rébellion de janvier 2012 ne donne plus de nouvelle depuis qu’il a passé le témoin à la tête de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) au mois de juillet. Lui qui est aussitôt parti du MNLA pour rejoindre Ançar Dine d’Iyad Ag Ghali avant de créer le Mouvement islamique de l’Azawad pour, dans la foulée, se rallier au Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), fondé par son frère, Mohamed Ag Intalla, reste introuvable pour les journalistes qui veulent l’interroger sur la situation à Kidal avec les attaques de drones des Forces armées maliennes sur le camp abandonné de la ville par la Minusma et que ses hommes avaient investi un temps.

Lui qui a vagabondé un peu partout avait voulu, un moment, créer une union en annonçant la fusion des trois entités de la CMA qu’il a dirigée pendant une année, de juillet 2022 à juillet 2023.

En effet, début février 2023, Alghabass Ag Intalla annonçait la fusion du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) avec le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) et le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) comme pour préparer son départ de la tête de la CMA et se maintenir sous les feux de la rampe.

Pour la presse locale, c’était là “un autre bordel qu’il annonçait” puisque politiquement et militairement, il s’agissait de former une seule entité politique et militaire. Un de ses lieutenants, Mohamed Elmaouloud Ramadane, membre du directoire de la CMA, avait expliqué la raison sous-jacente : “Si on parle d’une seule et même voix, nous avons un seul leadership, ça va beaucoup booster tout ce que nous avons comme objectif”.

En effet, Alghabass, avec cette chose sans nom, comptait avoir plus de poids face au gouvernement malien parce que, sur le terrain, les actions militaires devraient être mieux coordonnées et les membres de la nouvelle alliance avaient déjà suspendu depuis quelques mois leur participation aux instances de décision de l’Accord pour la paix d’Alger.

Mais, c’était sans compter sur la prise de conscience d’une bonne partie des populations du Nord, regroupée au sein de la Confédération touarègue des Iwillimiden et alliés (Ctia) qui appelle les “combattants à rejoindre sans délai le processus de paix” et réaffirme son soutien indéfectible aux “autorités de la Transition et au Mali un et indivisible”.

Remplacé à la tête de la CMA par Ibrahim Ould Handa, il se sert désormais du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD), une coalition de mouvements politiques et militaires du Nord, formée le 6 mai 2021 à Rome en Italie et qui se fixe pour objectif de “concrétiser la mise en synergie des efforts en faveur de la mise en œuvre diligente de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger” et “d’opérationnaliser les mécanismes conjoints de lutte contre l’insécurité sous toutes ses formes afin de garantir la libre circulation des personnes et de leurs biens”. Un vœu pieux duquel Alghabass s’éloigne chaque jour.

Aujourd’hui, on parle plus du CSP-PSD que de la CMA parce qu’Alghabass Ag Intalla avait bien pensé sa chose. En bon communicant, il a réussi à vendre la CSP-PSD à l’ensemble de la presse notamment internationale pour faire ombre à la CMA.

Retournements de veste C’est que l’homme est un grand adepte des retournements de veste et du chantage. Il pense convaincre qu’il est résolument engagé en faveur de la paix, de la réconciliation, de l’unité et de la cohésion sociale alors qu’il roule pour son mentor Iyad Ag Ghali.

Dans une déclaration du CSP-PSD publiée le 10 septembre, Al-ghabass Ag Intalla souligne qu’à aucun moment il n’a demandé à la Minusma la rétrocession des emprises et appelle les populations civiles à “s’éloigner au maximum des installations, mouvements et activités militaires” au nord du Mali, laissant entendre qu’il s’opposerait à l’armée.

Ce qu’il a tenté à Ber, Aguelhok, Ménaka et aujourd’hui Kidal, qu’il considère comme la maison familiale malgré les gages de bonne volonté donnés, faisant espérer une reprise du dialogue.

Lorsque les combats ont repris, c’est Bilal Ag Achérif du MNLA qu’il poussa devant le micro de Jeune Afrique pour une interview aux allures de cri de désespoir. L’homme ne voulant donner d’indication sur le lieu de l’entretien ni la date.

Alghabass craignant qu’il puisse être ainsi débusqué. Aujourd’hui, tout le monde se pose la question de savoir si Alghabass qui navigue entre Alger, Nouakchott, Paris et Bruxelles n’est pas le principal agent dans l’exacerbation des tensions entre Bamako et la CSP-PSD. Est-il encore possible de trouver un cadre de dialogue en vue de trouver une solution négociée ? Alghabass et ses frères bellicistes peuvent être désormais crédibles dans ce cadre de dialogue ?

Quel partenaire pourrait convaincre Bamako de dialoguer avec cette poignée de gens mues par leurs intérêts égoïstes s’ils ne sont pas manipulés par un agenda étranger ? Rien n’est moins sûr mais la force militaire qui semble prévaloir sera toujours conclue par la conviction partagée du dialogue franc et sincère.

Bamako, en tout cas semble convaincu d’une chose : Alghabass et compagnie se sont installés dans le camp des ennemis de la nation.

O. bakel

Source : Le Focus

Last Updated on 14/11/2023 by Ousmane BALLO

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