Abdoul Magid Mohamed Ahmed dit Nasser : « Je demande aux Maliens d’accompagner les autorités dans leurs missions de sécurisation-protection des citoyens »

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Dans une interview qu’il a bien voulu accorder à la presse malienne, le chef général de la tribu Kel Ansar, non moins membre du Conseil national de Transition, Abdoul Magid Ag Mohamed Ahmed dit Nasser, est revenu sur les objectifs et les missions de la tribu Kel Ansar, en passant par son engagement dans le processus de paix et de réconciliation au Mali.

Véritable artisan de la paix et de la réconciliation et très engagé pour le développement du Mali, le chef général de la tribu Kel Ansar est reconnu par les plus hautes autorités du pays comme un acteur clé et crédible dans la recherche de la paix, la cohésion sociale et le vivre-ensemble.

À ce jour, il demeure actif dans la recherche de solutions idoines pour réconcilier les cœurs et les esprits. Le chef de la tribu Kel Ansar a profité de son entretien pour appeler tous les Maliens à la paix et à la cohésion nationale en cette période de crise.

Notre pays vit en guerre depuis des années, et l’armée vient de déclencher une offensive générale sur la région de Kidal et au-delà. Quels messages avez-vous à lancer à nos compatriotes, notamment ceux du nord ?

Abdoul Magid Ag Mohamed Ahmed dit Nasser : Je suis le chef général de la tribu Kel Ansar, membre du Conseil national de Transition. Je lance d’abord un appel à toutes les communautés du nord qu’elles sachent que l’armée malienne est une armée républicaine et qui est là pour tous les Maliens. Elle est en mission de sécurisation des communautés et de leurs biens. Les autorités de la transition sont nos autorités et on leur doit soutien et obéissance.

Le président de la Transition, le col. Assimi Goïta, est notre président que nous devons soutenir. Donc quand les autorités décident de recouvrer le territoire, tous les Maliens doivent les accompagner et les aider par des conseils, par des appels à la paix, ou par des appels de soutien. En tant que chef traditionnel, c’est dans ce rôle que je dois être aujourd’hui.

C’est la mission que la nouvelle constitution nous confie en son article 185 qui confère à chaque chef traditionnel les missions de réconciliation et de règlement de conflits entre communautés. Donc je me vois dans ce rôle aujourd’hui. C’est pourquoi je lance un appel à tous les Maliens épris de paix et de justice d’accompagner les autorités dans leurs missions de sécurisation et de protection des citoyens.

Que pensez-vous de l’offensive menée aujourd’hui de l’armée à Kidal ?

Nasser : Je ne suis pas dans les secrets de l’Etat. Je ne sais pas ce qui se passe sur le terrain. Je sais quand même que le pays est en guerre aujourd’hui. Je sais aussi que tous les Maliens doivent jouer leur rôle pour que la paix revienne. C’est mon souhait le plus ardent. Je ne suis pas du genre à insulter les gens. Ma position a toujours été claire et précise, car il s’agit de soutenir les autorités de la transition, de soutenir mon pays.

Quelle est votre contribution au retour à la paix ?

Nasser : Les actes que j’ai posés ne datent pas d’aujourd’hui. D’abord, en 2015, lorsque le chef de la tribu Kel Ansar, Mohamed El Mehdi Ag Attaher El Ansari, est décédé en 2014, j’ai été intronisé et ma première mission était de me rendre au camp de réfugiés de Mauritanie. Le camp Maroua était un camp de réfugiés maliens où je me suis rendu pour les sensibiliser afin que cette base du mouvement armé revienne à l’Etat. Aujourd’hui, les gens qui sont dans ce camp se reconnaissent Maliens et participent aux élections du pays.

Deuxièmement, lorsqu’il y avait une tension entre les communautés à Goundam, entre les sédentaires et les nomades en 2015, j’ai organisé une caravane pour la paix. J’ai passé une semaine dans toutes les communes de Goundam. L’administration, l’armée et ainsi que les élus peuvent en témoigner. Cet événement est passé en direct à la télévision et j’ai pu éviter un conflit intercommunautaire.

En 2016, j’ai organisé une grande rencontre à Gargando où j’ai hissé le drapeau malien en enlevant le drapeau de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). Les témoins sont toujours là et occupent aujourd’hui les postes de responsabilité du pays.

En 2021, j’ai organisé les assises de la tribu Kel Ansar à un moment où il y avait des tensions à Tombouctou entre les sédentaires et les nomades. Cette rencontre portait sur la paix et le soutien à la transition.

En 2022, j’ai organisé un grand forum des chefs traditionnels du Mali et de la sous-région dont le thème portait sur la paix, la sécurité et le développement qui était aussi présidé par le Premier ministre par intérim, colonel Abdoulaye Maïga. Il faut reconnaître que je continue toujours à véhiculer les messages de paix.

Lorsque les autorités ont commencé, il y a juste un mois lors de l’occupation de Ber, j’ai plaidé auprès des chefs de tribus qui ont lancé un appel aux communautés de soutenir l’armée et de ne pas écouter les messages de désintoxication véhiculés par les personnes malintentionnées.

Ma mission pour la paix continue tous les jours. C’est la raison pour laquelle j’ai reçu le prix de la paix Pr. Dioncounda Traoré, le prix de la paix des Nations unies, et j’ai été décoré officier de l’ordre national. J’ai hérité d’un grand homme qui a toujours œuvré pour la paix.

Le vieux Mohamed El Mehdi était l’ancien chef de la tribu des Kel Ansar qui est décédé à Bamako en 2014, où le chef de l’Etat a fait des éloges sur son parcours et reconnu ses valeurs. Il a été le premier député touareg. C’est lui qui a représenté le Soudan à l’Organisation commune des régions sahariennes (OCRS).

Il a été envoyé par le président Modibo Keïta auprès du président Félix Houphouët Boigny pour que les Etats ne soient pas séparés. Il a beaucoup contribué à la paix et à l’unité africaine. Sachez que les actes qu’on a posés ne datent pas d’aujourd’hui. On le fait pour le pays, car le Mali appartient à nous tous. Celui qui ne se reproche rien a sa place au Mali.

Nous sommes à un pas de la reconquête du territoire national, quels conseils avez-vous à donner à l’armée ou au peuple malien ?

Nasser : J’ai toujours dit de faire l’ouverture à ceux qui veulent la paix même si le pays est en guerre. Il ne faut jamais fermer la porte et il faut toujours tendre la main à ceux qui veulent la paix. Dieu merci, les autorités l’ont fait.

Le président de la Transition, Colonel Assimi  Goïta, et le ministre de la Réconciliation, Colonel Ismaël Wagué, ont toujours tendu la main. Le président du Conseil national de Transition, le col. Malick Diaw, nous a toujours dit qu’il faut que les gens soient ensemble.

Donc aujourd’hui, nous avons de la chance car ce sont les jeunes qui dirigent aujourd’hui le pays et qui veulent la paix et recouvrer l’intégrité territoriale du pays. L’armée est en train de se défendre pour récupérer les bases de la Minusma et cela ne vaut pas la peine de déclencher la guerre.

Qu’est-ce qui empêche les ennemis de laisser l’armée récupérer des zones qui lui reviennent de droit ? Pour ceux qui disent NON, cela constitue une déclaration de guerre contre l’armée malienne. Je ne suis pas d’accord avec eux.

Il faut savoir que le peuple touareg n’est pas représenté par un mouvement armé car chaque communauté est représentée par son chef. Il faut qu’on fasse la part des choses. Le peuple du Mali est représenté par l’Assemblée nationale et le président de la Transition. Le peuple touareg a aussi ses représentants qui sont des Maliens et qui siègent au Conseil national de Transition.

Dans ce cas, comment quelqu’un va oser parler  au nom des Touaregs ? Comment quelqu’un va dire que les Touaregs sont des rebelles ? Il faut donc appeler le chat par son nom. On appelle ceux qui ont pris des armes des rebelles, et ceux qui ne les ont pas prises, des citoyens maliens.

Je lance un appel aussi aux autorités de la transition et à l’armée de protéger les populations civiles qui n’ont pas pris des armes contre leur pays. Il faut les traiter comme telles et c’est des citoyens maliens qui méritent la protection et l’entraide.

Que pensez-vous de la suspension de certains membres du CNT par le président Malick Diaw et de la démission d’autres ?

Nasser : En réalité, le règlement intérieur du Conseil national de Transition est clair et précis. Ce sont des sanctions qui sanctionnent les membres du CNT qui s’absentent lors des plénières sans aucun prétexte ou sans autorisation. Ces personnes sont suspendues et punies. Il ne s’agit pas d’une question raciale car tout le monde peut subir les mêmes peines.

 Avez-vous un dernier message ?

Nasser : Je lance un appel à tous les citoyens, à tous les chefs traditionnels, à tous les chefs religieux d’œuvrer pour la paix afin que notre pays retrouve la paix, car la guerre ne réglera absolument rien. Il faut que les gens se ressaisissent et reviennent à la raison pour prôner la paix.

Alassane Cissé/mehari-consulting.com

NB : le titre est de la Rédaction.

Source : Le Wagadu

 

 

Last Updated on 09/11/2023 by Elalie Konaté