Mali : les décideurs doivent investir davantage dans le lavage des mains au savon

La Journée Mondiale du Lavage des Mains au Savon a été célébrée le 15 octobre 2023 sous le thème « Des mains propres sont à portée ». L’édition de cette année met l’accent sur l’importance de la pratique du lavage des mains avec de l’eau et du savon pour la prévention des infections. Comment se passe cette pratique dans des lieux publics comme les écoles et les centres de santé à Bamako ? La réponse dans ce reportage !

Il est 9heures 20 minutes, ce 16 Octobre 2023 au Centre de Santé de Référence de la Commune III du District de Bamako. Les femmes allaitantes et celles en état de grossesses sont là à l’accueil. Chacune doit d’abord passer devant le kit de lavage des mains au savon pour se laver les mains au savon avec de l’eau avant d’accéder à la salle de prise en charge. « Nous y sommes habituées. Se laver les mains au savon avec de l’eau, c’est pour notre propre santé et celle de nos enfants », nous confie une jeune dame avec son bébé sur le dos.

A l’intérieur du Centre de santé, Salia Sanogo, chef du service d’hygiène, veille à la disponibilité et à l’utilisation stricte des kits. « Ici, les dispositifs de lavage des mains au savon avec de l’eau sont en quantité suffisante. Des lavabos sont disponibles dans les salles de soin pour le personnel soignant, qui doit se laver les mains avant, pendant et après les consultations ou traitements. Des dispositifs collectifs sont également installés aux deux entrées du centre de santé et dans la cour pour les usagers »

Selon lui, tous ces dispositifs sont utilisés correctement par le personnel sanitaire et par les usagers. « En plus des dispositifs de lavage des mains au savon, le personnel dispose également des gels hydroalcooliques pour désinfecter toujours les mains. L’objectif est d’éviter la contamination croisée, c’est-à-dire prendre un micro-organisme chez un malade pour l’amener chez un autre malade », ajoute Salia Sanogo.

Les écoles trainent…

Contrairement aux Centres de Santé où l’on constate une rigueur dans la pratique de lavage des mains au savon, les écoles trainent toujours les pas. Dans la plupart des établissements scolaires dans le district de Bamako, l’on note la présence des dispositifs de lavage des mains et très souvent sans savon, ni eau. Du coup, ces kits ne sont plus utilisés par les enseignants, encore moins par les élèves. C’est seulement quelques bouilloires que l’on aperçoit devant les toilettes.

Nous sommes à l’école privée fondamentale Zan Coulibaly de Nafadji. Ici les élèves se contentent des cours d’hygiène dispensés par les enseignants. Son directeur, M. Souleymane Makadji, nous témoigne : « Chez nous ici, nous faisons de notre mieux pour sensibiliser les enfants sur le lavage des mains au savon. Comme vous le savez avec l’avènement de la maladie à Coronavirus, l’État avait préparé une leçon appelée ‘’la leçon modèle’’ qui enseigne les bonnes pratiques d’hygiène aux enfants. Nous nous appuyons toujours sur ce programme pour sensibiliser les élèves. Nous leur demandons de se laver les mains au savon après chaque sortie des toilettes et avant chaque repas ».

Parlant des kits, M. Souleymane Makadji précise : « Nous nous débrouillons à notre manière. L’État ne nous donne pas de kits, mais nous continuons d’encourager les enfants avec le minimum, notamment les bouilloires et les seaux d’eaux. Mais en réalité, l’État n’accompagne pas trop les privés dans ce domaine ».

A l’école communautaire de Doumazana, c’est le même constat. A notre passage, seulement quelques kits inutilisables étaient disponibles devant des salles de classe au niveau du second cycle. S’agissant du premier cycle du même établissement, aucun kit n’était disponible. « Ici, c’est seulement pendant la période de la Covid-19 que nous avons reçu des kits. Actuellement, nous n’en avons plus. Mais conformément à notre responsabilité, nous continuons de sensibiliser les enfants sur les avantages du lavage des mains au savon », nous confie Bakary Konaré, directeur du premier cycle de l’école communautaire de Doumazana.

Un geste simple, mais qui sauve la vie

 « Le lavage des mains au savon est un geste simple et efficace pour la prévention des maladies. Nous devons adopter et maintenir cette pratique », a-t-on coutume de dire. Ainsi, la journée du 15 octobre a toujours été, selon WaterAid Mali, une occasion d’intensifier la sensibilisation des populations pour l’adoption de la pratique du lavage des mains au savon d’une part, et de faire le plaidoyer à l’endroit des décideurs pour une meilleure prise en compte de l’hygiène des mains dans les politiques et programmes de santé d’autre part. Ainsi convaincu de l’importance de la pratique du lavage des mains au savon pour la santé publique, l’Organisation Internationale, WaterAid Mali, plaide pour l’accélération de l’accès universel à l’hygiène des mains.

Ainsi, le lavage des mains au savon est perçu aujourd’hui comme un geste simple, mais qui réduit considérable la charge microbienne de plus de 90 % d’où toute son importance dans la prévention des maladies infectieuses telles que la Covid19, les infections de la peau, certaines infections bactériennes, virales et parasitaires, la maladie à virus Ebola, la grippe, les fièvres hémorragiques, la poliomyélite, le trachome et les infections respiratoires aiguës.

A l’échelle mondiale, plusieurs études ont montré, ces vingt dernières années, que le lavage des mains au savon chez les mères et les scolaires, notamment ceux du primaire, est l’un des principaux facteurs qui contribuent à réduire l’incidence des diarrhées chez les enfants. « Ces études ont mis en évidence que le lavage des mains au savon contribue à la réduction de l’incidence des maladies diarrhéiques de plus de 45 %. Aussi, il contribue à réduire de 25 à 50% le risque de contracter une maladie respiratoire ou intestinale », ajoute organisation internationale

Agir ensemble pour l’atteinte de l’objectif 2030

 L’atteinte l’objectif de l’hygiène des mains pour tous d’ici à 2030 demeure toujours un défi majeur. Ainsi, l’action commune et la collaboration sont essentielles pour la réussite et la durabilité des stratégies et interventions en matière d’hygiène des mains. C’est tout le sens du thème de cette année qui appelle les gouvernements, les Institutions, les bailleurs de fonds et les entreprises à agir ensemble dans le seul but d’atteindre l’objectif de l’hygiène des mains pour tous d’ici à 2030.

On estime que dans le monde, deux milliards personnes n’ont pas d’installation avec de l’eau et du savon pour se laver les mains à domicile. Aussi, environ un demi-million de personnes meurent chaque année de diarrhées ou d’infections respiratoires aiguës qui auraient pu être évitées avec une bonne hygiène des mains.

Pour rappel, l’hygiène des mains réduit le fardeau des maladies infectieuses sur le système de santé. Ce fardeau, représente la moitié des dépenses de santé globales dans les pays à faible revenu. Ainsi,  Plus 40 % de ces dépenses sont engagées par les personnes qui cherchent à obtenir des soins de santé.

Aujourd’hui il est important de comprendre qu’investir dans l’hygiène des mains, c’est prévenir les maladies et préserver la santé publique.

Ousmane BALLO / Afrikinfos-Mali

Last Updated on 16/10/2023 by Ousmane BALLO