La nouvelle République et le temps de la reconstruction politique : le Mali ouvre une nouvelle page politique avec l’adoption de la nouvelle Constitution par le vote populaire à 97,06%

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La quasi-totalité des acteurs sociaux et politiques a appelé à voter OUI pour la Constitution élaborée à la suite des Assises Nationales de la Refondation (ANR). Quelle que soit la motivation des uns et des autres cette adhésion massive, de la classe politique et les acteurs sociaux, à la nouvelle Constitution est un hommage à posteriori à la lutte du M5-RFP et au processus de la Refondation de l’Etat.

Au-delà du triomphe de la Transition, dans un contexte où le doute sur la sécurité du scrutin était dans les esprits, le pays a connu une étape importante dans la mobilisation des forces sociales et vient d’amorcer un tournant dans la promesse de modernisation de ses institutions.

Cependant, il faut reconnaitre que la mise en place de la nouvelle Constitution ne sera pas une promenade de santé ou une plaisanterie. A titre d’exemple la reconnaissance de la Société civile indique désormais un pouvoir citoyen pour exiger la redevabilité aux titulaires des charges publiques. C’est aussi une promesse que la société civile ne se laissera plus capturée ni par l’Etat, ni par aucune autre force dans le pays. Il en sera de même pour les Légitimités traditionnelles surtout dans les régions au plan administratif et dans les collectivités territoriales au niveau politique.

Le renforcement des pouvoirs de contrôle du parlement avec la possibilité de destitution du Président de la république, le maintien de la possibilité pour les citoyens de la désobéissance civile sont des dispositions qui viennent, il faut l’espérer dans la pratique, corriger les avatârs du régime présidentiel institué par nouvelle république sortie des urnes le 18 juin.

C’est dire que notre pays rentre dans une nouvelle ère de reconstruction politique qui prend en compte l’état de notre Etat et les nouveaux chantiers, mais aussi les sentiers incontournables de la démocratie.

Pour mieux saisir ces défis, il urge de se poser les bonnes questions sur la situation actuelle du pays et s’interdire de rester englué entre la cupidité et la personnalisation excessive du débat politique.

La nature superficielle, très souvent lapidaire des analyses et interventions ces derniers temps, ont fait de notre démocratie une caricature et une curiosité dans la sous-région au regard des enjeux politiques et sécuritaire du Sahel.

Pour rappel, lorsque le pays fut attaqué, certains acteurs sociaux et politiques n’y ont vu qu’une occasion d’accéder au pouvoir, ils travaillèrent à démobiliser la nation.

Aujourd’hui encore ils évoluent entre querelles de clocher, contrefaçon de l’histoire et une avidité pour des postes de responsabilité.

L’allégeance à l’extérieur contre le Mali est devenue leur marque de fabrique. Au moment où il est de notoriété publique que, de Nicolas Sarkozy à Emmanuel Macron, la France mène une guérilla politique et militaire contre notre pays, leur démarche consiste à la mise en place d’une stratégie d’affaiblissement permanent du Mali.

C’est pourquoi, aujourd’hui l’urgence est de sortir des détails et à des arguments périphériques qui contournent les questions de fond et de nous mettre à la construction d’une intelligence collective pour faire face à la crise. C’est à ce prix qu’il nous revient de doter le Mali d’un véritable Etat.

L’état de notre Etat aujourd’hui

La qualité d’un Etat est toujours tributaire de la qualité des acteurs qui animent ses institutions. Seule, la construction d’une intelligence collective peut nous permettre dans un délai raisonnable de faire face à la présente crise dont la caractéristique majeure est l’affaissement de l’Etat.

Nous sommes dans un pays qui, depuis plus d’une décennie, les différentes structures de légitimité crédibles ont été profondément divisées. L’Etat a davantage été désacralisé et dépouillé de son manteau de respect et de considération. Il a perdu sa force, les institutions publiques sont devenues des coquilles vides intellectuellement corrompues, ne maintenant qu’une apparence de légalité.

Le Mali a évolué dans une caricature de démocratie illustrée par l’asservissement du personnel placé à la tête de ces institutions ces dernières années. D’où entre autres raisons le déclenchement du Mouvement du 5 juin en 2020, mouvement populaire porté par le M5-RFP.

La vérité est que ce Mouvement en partenariat stratégique avec le « défunt » CNSP a procédé le 24 mai 2021 à la rectification de la trajectoire de la Transition, au grand désarroi des forces qui ont soutenu le pouvoir IBK jusqu’à sa chute, conduisant ainsi au processus de Refondation de l’Etat.

Les réformes politiques majeures dont les Assises Nationales de la Refondation de l’Etat ; la création et l’installation de l’AIGE ; l’élaboration et le vote de la nouvelle Constitution, sont les fruits d’une alliance nationale et patriotique fondé par l’axe de force M5-RFP/CNSP.

La vérité historique et la rationalité politique voudraient que cette alliance de progrès, continue son œuvre de refondation de l’Etat. Mais la nouvelle la reconstruction politique du pays axée sur la mise en place des institutions et la pratique de la nouvelle constitution sera l’œuvre de tous les acteurs sociaux et politiques.

Pour ce faire l’ensemble national doit se garder de toute attitude d’andropause politique et/ou de sénilité morale par la reconnaissance de ce processus historique.

Les différents acteurs y compris au sein de l’alliance stratégique M5-RFP/CNSP doivent éviter de lier le destin de notre pays à toute démarche tendant à ergoter sur les détails de la journée. Le Mali demande une perspective plus large et complète.

Il est évident que ce ne sont pas avec les comportements portés sur les détails, que nous pourrions affronter les défis politiques, économiques, culturels et sécuritaires du présent.

Nanties de cette conviction, les Forces du Changement pour la Refondation doivent se garder de toutes tentatives de recyclage de la friperie politique à l’exemple de celles du meeting du 9 juin au stade du 26 Mars. Cet exemple a fortement troublé les grilles de lectures de la refondation et surtout de la nécessaire reconstruction politique du Mali.

Chacun doit se convaincre que pour le pays, il est vain de vouloir traiter les problèmes d’aujourd’hui avec les solutions d’hier.

Les nouveaux chantiers de la démocratie…

Il nous revient à présent de commencer les nouveaux chantiers de la démocratie, conformément aux recommandations des Assises nationales portées dans la nouvelle Constitution. Pour ce faire tous les sentiers sont à explorer. Nos vieilles habitudes, nos vieux réflexes sont à abandonner si nous avons l’ambition de construire une démocratie stable et productive.

Les chantiers et les sentiers incontournables de la démocratie se présentent ainsi : faire pour que les gens ordinaires se sentent concernés par le fonctionnement de la démocratie ; que la confiance soit restaurée dans nos institutions et les procédures publiques ; que l’action politique devienne crédible ; que s’élargisse la participation électorale ainsi que nous l’impose les 39,40% de taux lors du referendum en dépit de la mobilisation sociale constatée.

Voilà entre autres les défis que la mise en place de la nouvelle république nous impose. Dans cette œuvre, la reconstruction politique se présente-t-elle comme une réponse à la démocratie détournée dès sa naissance en 1992 ; C’est aussi un effort de repenser la politique dans notre pays par la construction d’une nouvelle éthique politique ; C’est enfin une dynamique pour réhabiliter la politique et une démarche pour un renforcement du contenu social de la démocratie.

Le pays doit s’apprêter à mettre en place une équipe forte pour la nouvelle république et sortir des bricolages d’antan. Pour qu’il en soit ainsi, il faut sortir de nos crispations crypto-personnelles et des phraséologies inopérantes.

Le temps n’est pas compter pour le Mali, mais il l’est pour ses acteurs sociaux et politiques qui doivent sauver tout simplement leur propre existence.

C’est pourquoi, il leur est interdit de confondre ce moment de définition des règles du jeu et le temps d’une opposition à la Transition et ses dirigeants.

S Koné

Source : L’Aube

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