Potentiel agricole de l’Afrique : un paradoxe qui nourrit le sous-développement et l’insécurité alimentaire

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L’Afrique détient 60 % des terres arables mondiales non encore exploitées, mais ne contribue actuellement qu’à 4 % de la production mondiale. C’est le constat fait par le cabinet d’intelligence économique Oxford Business Group (OBG), auteur d’une étude («Agriculture in Africa 2019) en 2019 sur le secteur agricole africain et ses perspectives de développement à moyen terme. Ce paradoxe met en évidence l’une des raisons fondamentales de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire sur notre continent. Même si la multiplication des crises pousse de plus en plus de dirigeants à accorder la priorité à leur souveraineté alimentaire, il est aussi clair que ce secteur ne bénéficie pas encore de politiques de développement à la hauteur de son importance stratégique.

Selon de nombreuses études, le secteur agroalimentaire africain devrait représenter 100 milliards de dollars d’ici 2030. Ce chiffre devait susciter un immense espoir s’il devait essentiellement profiter aux Africains, notamment à efficacement lutter contre la faim et à favoriser le développement socio-économique. Malheureusement, le bémol est que le continent africain importe déjà environ 70 milliards de nourriture par an. Et ce chiffre devrait atteindre 100 milliards de dollars d’ici 2025. Une manne financière qui échappe à l’Afrique. Pis, c’est l’une des causes de l’appauvrissement des ménages qui prive aussi les économies nationales des sources de croissance.

Ces dernières années, 278 millions de personnes en moyenne souffrent de la faim en Afrique. Et la guerre en Ukraine a mis en évidence, si besoin en était, la précarité alimentaire du continent malgré ses immenses potentialités. Le paradoxe africain est à l’image de la révolte que les chiffres doivent susciter en chacun de nous. Seuls 4 % des terres arables sont irriguées en Afrique subsaharienne, contre 38 % en Asie. Curieusement, une grande partie du continent dispose d’abondantes réserves d’eau.

Selon la l’Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), notre continent utilise moins de 3 % de ses ressources en eau. Ce qui est le pourcentage le plus faible du monde en développement. Au début des années 2010, des chercheurs du NEPAD avaient estimé à 37 milliards de dollars (en sus de 31 milliards de dollars avant 2015) les investissements initiaux nécessaires à l’irrigation de 20 millions d’hectares supplémentaires de terres agricoles, avec des frais d’exploitation. Mais, aujourd’hui, il existe un peu partout sur le continent des initiatives locales novatrices et prometteuses qui peuvent inspirer d’autres décideurs sur le continent.

Ces chiffres montrent pourquoi il est important de transformer l’agriculture africaine. Mais pour que ce changement s’opère, il faut mobiliser 600 milliards de dollars. C’est le montant indispensable pour transformer les systèmes alimentaires africains d’ici 2030 en leur permettant de contribuer à la santé des communautés, de la planète et de l’économie. Il est clair qu’améliorer les systèmes alimentaires requiert davantage de financements en ayant toujours à l’esprit que si le changement a un coût, il ouvre aussi des perspectives colossales.

En tout cas, on ne soulignera donc jamais assez l’importance de l’agriculture pour l’avenir économique de l’Afrique. Plus de 65 % des quelque 750 millions d’habitants de l’Afrique subsaharienne travaillent dans l’agriculture, et le secteur est à l’origine de plus du quart du produit intérieur brut dans la plupart des pays. Les produits agricoles représentent environ 20 % des échanges commerciaux internationaux de l’Afrique et constituent l’une des principales sources de matières premières pour l’industrie.

Le développement rural est essentiel pour éradiquer la faim et la pauvreté dans la quasi-totalité des Etats africains. Il est aussi crucial pour atteindre les nouveaux Objectifs du développement durable (ODD). Et pourtant, le secteur rural (donc agricole) est généralement le laissé pour compte des politiques de développement de nos dirigeants politiques. Dans la plupart des cas, les actions initiées pour soulager et motiver les pays profitent à d’autres, notamment aux responsables des programmes ou projets concernés alliés à une mafia qui écument les paysans en les privant des fruits de leur dur labeur !

Dans un pays comme le nôtre, la quête de la consolidation de la souveraineté nous impose aujourd’hui à une prise de conscience que l’émergence socio-économique d’un État repose essentiellement sur le secteur agricole. Elle repose non seulement sur l’amélioration de la production, mais aussi une meilleure organisation de la commercialisation, la transformation sur place des produits pour créer de la valeur ajoutée, l’adoption des mesures pouvant motiver les jeunes ruraux à se fixer en campagne au lieu de venir le lot des désœuvrés des centres urbains !

Alphaly

Source : La Nouvelle République

Last Updated on 09/06/2023 by Ousmane BALLO

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