DDR : Entre possibles et incertitudes…

Le désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) tangue au Mali entre possible et incertitudes. Si au nord, conformément à l’application de l’Accord d’Alger pour la paix, le DDR a connu un réel succès et a pu endiguer la crise politique entre le Mali et les ex-rebelles, au Centre il en est tout autre. Les combattants refusent de déposer les armes au Centre et la zone devient de plus en plus invivable.

Faut-il forcer ce DDR au Centre ? Vu aujourd’hui que le terrorisme au centre a pris une coloration plus communautariste que jihadiste du fait de la mauvaise gestion de la crise et de l’amalgame ethnique au niveau local et même souvent à certaines hautes sphères. Le mal s’alimente de jour en jour. Aucune lueur de fin ne semble poindre à l’horizon.

Aucune lueur d’espoir pour mettre fin à cette entreprise criminelle installée au Centre. Car s’il a été facile d’armer les combattants, il ne serait pas aisé de les désarmer. Le DDR vit entre possible au nord et incertitudes au centre !

Le processus évolue en dents de scie

Le DDR est un volet de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Il consiste à désarmer les ex-combattants, les démobiliser afin de les réinsérer dans des activités socio-économiques ou les intégrer dans l’Armée nationale ou les services paramilitaires.

 Ce processus a démarré avec le volet DDR accéléré à Gao en 2018 pour constituer un premier dispositif du Mécanisme opérationnel de coordination (Moc) de l’Armée reconstituée de Plateforme, CMA et FAMa. En plus du Nord, sur la crise politique, le DDR compte absorber les combattants des groupes armés nés sous le drapeau de la crise sécuritaire au Centre. Des réelles difficultés car la même crise qui a fait naitre ces combattants perdurent.

 Réussite au nord

N’eût été tout récemment le refus par la CMA à ce qu’un bataillon malien ne pénètre dans Kidal tout laissait croire une réussite du DDR et la mise en place d’une Armée reconstituée et son redéploiement dans le cadre du Moc. Ce refus, selon plusieurs sources, est dû à des revendications de la CMA, au respect du partage de commandement des 3 bataillons des régions de Kidal, Gao et Tombouctou entre les parties signataire de l’APR. A savoir que les FAMa détiennent celui de Kidal.

 A la peine au centre

Le centre n’était pas considéré par le DDR inclus dans l’APR. Car le conflit au centre n’avait pas vu le jour. Par contre le DDR espère uniformiser le port d’armes au Mali sous les couleurs seules des forces de Sécurité et de Défense, notamment l’Armée malienne. A cet effet, il a pris en compte aussi les combattants du Centre. Ce processus est grippé par des corruptions et des refus des vrais combattants à venir déposer les armes. Selon plusieurs d’entre eux, l’insécurité qui les a poussés à prendre les armes pour se défendre persiste et ils ne veulent pas se désarmer et s’exposer.

 Les brûlures Soufouroulaye…

Selon une source bien introduite dans le processus au Centre, quand les DDR ont été ouverts au camp de Soufouroulaye pour prendre quelques ex-combattants, cela a été tout le contraire. Des jeunes issus des familles riches, certains fils de gouverneurs, des détenteurs de masters et autres étaient en première ligne pour être réinsérés dans les corps paramilitaires et autres. Tout sauf l’Armée. Il a fallu un tacle du président de la Commission DDR, Zahabi Ould Sidi pour vider le camp des ces fils et filles à Papa cherchant de l’emploi même sur du sang.

Aux dires de notre source, c’est lors d’une conférence débat tenue devant tous les ex-combattants avec leur haut diplôme, que le président a annoncé qu’aucune réinsertion dans les corps paramilitaires et les impôts n’a été prévue pour le cas du Centre. Comme le conflit persiste, il était plutôt inscrit à ce que les combattants après leur formation intégrèrent l’Armée et ses branches pour renforcer la lutte contre le terrorisme. Car au titre d’ex-combattants pour sécuriser la zone, ils doivent être les plus qui maitrisent la zone. Le lendemain de la conférence, le camp de Soufouroulaye fut vidé de tous les jeunes diplômés sans emplois.

Le DDR au centre porte peu de fruits. D’abord, les combats continuent. Les milices armées y participent grandement. Ce qui laisse croire que le DDR n’a pas été effectif. Et selon les infos que nous avons reçues, le camp de Soufouroulaye est presque vide aujourd’hui. Les ex-combattants ne cessaient de plaindre leur longue attente et le mois passé une attaque dont les auteurs sont restés inconnus a poussé les autorités à plusieurs activités dans ledit camp. Le camp serait presque vide d’ex-combattants. Tous seraient rentrés chez eux.

 Le DDR un espoir à ne pas jeter…

Le DDR est un passage obligatoire pour la pacification de la situation au Mali. Au Nord sur la crise politique, le DDR a joué un grand rôle et continue à le faire. Sous la roulette du Moc aujourd’hui une armée à 3 têtes (Plateforme, CMA, FAMa) existe dans certaines parties du nord et la confiance s’installe petit à petit.

Pour le Centre, le cas est tout autre. La crise est sécuritaire et il serait difficile de désarmer des hommes qui ne se sentent pas en sécurité. Il serait alors propice à ce que l’Armée reprenne la sécurité des hommes et leurs biens dans le Centre. Que toutes les communautés se sentent en sécurité pour amener facilement les combattants à laisser les armes et voir un Mali sans détention illégale d’arme.

Koureichy Cissé

Source: Mali Tribune