Crise de confiance entre le gouvernement et le CNT : Le divorce est inévitable entre Assimi et Choguel

La crise de confiance entre le gouvernement et le CNT, avec au centre le premier ministre Choguel K Maiga a fini par donner raison aux détracteurs du PM qui l’ont accusé de n’être pas un rassembleur et par conséquent qu’il doit partir. Désormais les faits s’enchainent et corroborent tous vers une seule et même conclusion que le gouvernement actuel ne peut pas conduire les réformes à bon port et qu’il y a une certaine obligation, voire une nécessité pour le Président de la transition de divorcer avec son PM pour donner à la transition toutes les chances de réussite. Le bateau des réformes ne pourrait plus être piloté par ce gouvernement qui s’est fait trop d’inimitié et qui excelle dans l’amateurisme, l’arrogance, le mépris et la suffisance, alors qu’une transition par excellence est une période d’inclusivité, de consensus. Assimi Goïta va-t-il enfin se décider à prendre la décision qui sied dans le contexte actuel, celle de nommer un PM neutre et un gouvernement de large ouverture ? Le Président de la Transition sait-il réellement que le premier ennemi de son régime est le temps ? Qui pour remplacer valablement Choguel K Maiga ? 

Après la dislocation du Mouvement du 5 juin Rassemblement des forces patriotiques, M5 RFP, en plusieurs morceaux, dont les plus remarquables sont celui de l’Imam Mahmoud Dicko et le morceau détenu par Cheick Oumar Sissoko et ses camarades, la légitimité du président de son comité stratégique qui se trouve être le premier ministre, est mise à rude épreuve. A cette crise interne au sein du M5 RFP, se sont ajoutées d’autres comme la crise de confiance entre le PM et la classe politique, ensuite une rupture qui ne dit son nom, entre le Mali et une bonne partie de la communauté sous régionale, voire internationale par sa faute. Pour rappel la classe politique a voué aux gémonies Choguel Kokala Maiga pour non seulement travail fractionnel, mais aussi et surtout pour manque de neutralité et  travail clanique. Comme si ces crises ne suffisent pas c’est au CNT que le Premier ministre vient de s’attaquer pour ce que le parlement de la transition vient de faire à savoir l’adoption d’une loi électorale « défigurée » et qui ne prend pas en compte les aspirations de changement voulu par le peuple malien, selon Choguel K Maiga. Une lecture totalement erronée pour les membres du CNT qui pensent pouvoir déjouer les manouvres dilatoires du PM, mû par le seul dessein d’assouvir ses ambitions politiques et celles d’un groupuscule. Pour les membres du CNT le coup du PM a foiré et le pot aux roses a été découvert et circonscrit.

Aujourd’hui il ne fait l’ombre d’aucun doute que le PM actuel a montré toutes ses limites et qu’il ne pourrait pas conduire les réformes censées redonner espoir à notre pays et à sa démocratie. Donc il revient rapidement au Président de la transition de se débarrasser du gouvernement actuel pour composer un autre plus inclusif avec un premier ministre neutre à sa tête. Toute autre décision serait fallacieuse et permettra d’accuser un énorme retard sur le chronogramme déjà surchargé. S’agissant du portrait-robot du premier ministre idéal, il n’est pas à chercher loin, il doit être une personnalité neutre, consensuelle, qui a occupé des postes de responsabilité, donc qui a une certaine expérience. Ce PM doit être à mesure de parler avec toute la classe politique et les organisations de la société civile. Il ne doit pas avoir un agenda politique et sa mission serait de rassembler les maliens autour des défis auxquels le Mali est confronté.

En définitive, si rien n’est fait d’ici peu de temps, les résultats escomptés ne seront pas obtenus et le Mali risque de s’installer durablement dans des crises. Aujourd’hui il ne faut pas se voiler la face les prémices d’un échec patent sont visibles, donc le Président de la transition qui a la clé de voute doit parer au plus pressé pour trouver la juste solution.

Youssouf Sissoko

Source : L’Alternance