Accord pour la paix et la réconciliation : Lentement mais sûrement

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Le document signé, il y a cinq ans ambitionne de trouver une solution définitive aux mouvements irrédentistes cycliques dans notre pays. Sa mise en œuvre est loin d’être un long fleuve tranquille. Mais la volonté affichée par les parties signataires permet de surmonter les embûches

Ce vendredi marque, jour pour jour, le 5è anniversaire de la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger. C’est, en effet, le 15 mai 2015, au sortir de plusieurs rounds de négociations chez le grand voisin algérien, que les «frères Maliens» se sont retrouvés à Bamako pour apposer leur signature au bas dudit document. Un aéropage de personnalités nationales et internationales fut témoin de l’événement historique.

Cinq ans après, l’Accord, qui vise à éteindre définitivement les crises cycliques que le Mali connaît depuis sa création, notamment avec la première rébellion qui a eu lieu en 1963, a connu de notables avancées dans sa mise en œuvre. Mais, concédons le : le sinueux chemin menant à la paix et à la réconciliation est encore semé d’embûches.

Les acquis se rapportant au volet «Questions politiques et institutionnelles» de l’Accord portent sur la poursuite de l’opérationnalisation des nouvelles Régions de Taoudéni et Ménaka ; la relecture des principaux textes de la décentralisation pour mieux consacrer le principe de la libre administration des collectivités territoriales.

La relecture de la loi électorale conformément aux dispositions de l’Accord ; la mise en place des Autorités intérimaires/Collèges transitoires au niveau des 5 régions en 2017 et des 24 cercles de ces régions du Nord du Mali en 2018/2019 constituent également des points de satisfaction. À ces avancées s’ajoute la reprise du processus de réforme de la Constitution du 25 février 1992 avec, entre autres, innovations, la mise en place du Sénat, conformément à l’Accord pour la paix et la réconciliation. Par ailleurs, la participation des parties signataires de l’Accord aux dernières élections législatives a été perçue comme un point de satisfaction.

Au niveau du volet «Défense et Sécurité» du texte, on peut noter la mise en place et l’opérationnalisation des structures «inclusives», issues de l’Accord et chargées de la mise en œuvre de ce volet, à savoir la Commission nationale de DDR (Désarmement, Démobilisation et Réinsertion), la Commission d’intégration, le Conseil national de la réforme du secteur de la sécurité qui est doté d’un Commissariat à la reforme du secteur de la sécurité.

Last but not least, le retour de l’Armée reconstituée à Kidal au mois de février dernier est un marqueur tangible de l’instauration d’un climat de confiance entre les parties maliennes.

L’organisation en octobre 2015 de la Conférence de Paris pour la mobilisation des ressources pour la mise en œuvre de l’Accord, avec des annonces se chiffrant à 2.099 milliards de Fcfa et la création des Agences de développement régional (ADR) dans plusieurs régions sont à inscrire au niveau du volet «Développement économique social et culturel» du document. Il convient également de mentionner l’opérationnalisation du Fonds de développement durable (FDD).

Parmi les acquis du volet «Réconciliation, Justice et Questions humanitaires», on note la mise en place et l’opérationnalisation de la Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR), avec l’ouverture des antennes régionales ; l’adoption par le gouvernement et la mise en œuvre du document de Politique nationale de justice transitionnelle qui a fait l’objet de partage avec les mouvements signataires de l’Accord.

En décembre 2019, la CVJR a organisé à Bamako ses premières audiences publiques. En outre, on retient la finalisation par la CVJR du document de politique de réparation des victimes avec un plan d’actions budgétisé ainsi que les préparatifs en cours pour la tenue des deuxième et troisième audiences publiques. À la date du 11 mai 2020, 16.429 victimes ont été enregistrées dans les antennes de la CVJR.

CONTRAINTES MAJEURES- L’application des dispositions de l’Accord pour la paix et la réconciliation, soixante mois après sa signature, n’a pas été un long fleuve tranquille. À côté des acquis, on note malheureusement des contraintes majeures qui ralentissent considérablement l’application du texte. À la persistance de l’insécurité du fait des attaques des groupes terroristes et narcotrafiquants est venue se greffer la problématique de l’inclusivité des différents groupes armés, des femmes et des jeunes dans le processus de mise en œuvre de l’Accord. L’insuffisance des ressources mobilisées en faveur de la mise en œuvre de l’Accord est aussi à pendre en compte au nombre des difficultés.

Au demeurant, l’horizon semble dégagé avec la récente adoption, en Conseil des ministres, du projet de loi portant création de la police territoriale. Dans la même dynamique, si tout marche comme prévu, la mise en œuvre du volet « Défense et Sécurité » du texte connaitra une accélération, avec en priorité, le parachèvement du programme DDR-I déjà en cours pour 1.840 combattants et son extension pour atteindre l’objectif de 3.000 éléments concernés d’ici fin juin 2020.

Comme pour conforter la thèse de l’irréversibilité du processus de paix dans notre pays, subséquemment des actions de développement, le Premier ministre s’est rendu au mois de mars dernier à Kidal. Sans conteste, ce déplacement de Dr Boubou Cissé dans la capitale de l’Adrar des Ifoghas a davantage suscité confiance et espoir.

Massa SIDIBÉ

Source: L’Essor

Last Updated on 15/05/2020 by Ousmane BALLO