Dans cette interview, le milieu de terrain d’Al-Ahly raconte comment il est arrivé en Égypte, parle de ses conditions de vie et de travail, de l’équipe nationale, les Aigles et se dit «fier de porter le maillot du club le plus titré d’Afrique»
L’Essor : Vous êtes en égypte depuis 2019, comment êtes-vous arrivé à Al-Ahly ? Aliou Dieng : J’étais d’abord un joueur de Mouloudia d’Alger, une équipe d’Algérie. J’avais signé un contrat de deux ans avec cette équipe, mais finalement je ne suis resté qu’une saison. Mon agent était en contact avec d’autres clubs, notamment des équipes européennes. Malheureusement, la seule équipe qui a accepté les conditions du Mouloudia d’Alger a été Al-Ahly. C’est ainsi que j’ai débarqué en Egypte le 5 juillet 2019 et signé avec les Diables Rouges (surnom de l’équipe d’Al-Ahly, ndlr). J’avoue que depuis mon arrivée dans cette équipe, tout se passe bien avec les dirigeants du club et surtout avec l’entraîneur René Weiler qui a été très patient avec moi. Nous sommes une famille à Al-Ahly, le nom du club qui signifie famille en arabe. Al-Ahly est le club le plus populaire et le plus titré d’Égypte. Au total, il a remporté 88 titres nationaux et 20 trophées continentaux, dont 8 Ligues des champions. Je suis fier de jouer dans cette équipe.
L’Essor : Bientôt le championnat égyptien va reprendre après plusieurs mois de suspension pour cause de crise sanitaire. Quelle est la situation actuelle de votre équipe et combien de clubs évoluent en première division égyptienne ?
Aliou Dieng : Effectivement, le championnat va bientôt reprendre. Nous avons déjà repris les entraînements, comme tous les autres clubs du pays et les séances se déroulent dans le strict respect des mesures sanitaires. La Fédération égyptienne de football avec à sa tête le président Amr El Ganainy est en train de mettre les bouchées doubles pour doter tous les stades de matériels sanitaires. Il y aura des kits de lavage des mains à l’entrée et dans les stades, des thermomètres et des cache-nez pour les équipes, bref, tout ce qu’il faut pour préserver la santé des acteurs. Toutefois, je dois signaler qu’un club a décidé de ne pas reprendre le championnat, il appartient à la fédération de voir ce qu’il y a lieu de faire concernant cette équipe. Pour ce qui concerne Al-Ahly, nous sommes déjà prêts et nous allons tout faire pour remporter le titre de champion. Nous sommes premiers du classement avec 49 points, contre 33 et 32 unités, respectivement pour le deuxième, Al Mohawloon et le troisième, Pyramids. Au total, 18 clubs participent au championnat.
L’Essor : C’est le Zamalek qui a décidé de ne pas reprendre le championnat. Selon vous, qu’est-ce qui va se passer si les Chevaliers blancs restent sur cette position ? Aliou Dieng : Je ne sais pas exactement ce qui va se passer, attendons de voir comment la fédération va réagir. Je suis juste un joueur et je ne peux rien dire sur ce sujet. Ce qui est important pour moi, c’est la reprise du championnat, nous avons trop attendu et nous voulons retrouver le terrain. Mon souhait est que le Zamalek revienne sur sa décision le plus tôt possible.
L’Essor : Le confinement a été une dure épreuve pour toute la planète foot. Comment avez-vous vécu la pandémie ?
Aliou Dieng : C’était vraiment dur, je ne suis pas habitué à rester tout le temps à la maison. Je m’ennuyais beaucoup, je ne faisais que regarder la télé matin et soir. Heureusement que l’entraîneur René Weiler nous avait donné des entraînements à faire à la maison, cela m’a beaucoup soulagé. J’avais deux séances d’entraînement à faire matin et soir. Après mes exercices, je discutais avec mes amis à travers les réseaux sociaux et également je parlais avec la famille. Maintenant, ça va un peu, on a repris les entraînements collectifs, mais le port du masque est toujours obligatoire ici. Honnêtement, le masque me fatigue, mais je n’ai pas le choix (rires).
L’Essor : Quelles sont les mesures qui ont été prises par Al-Ahly pendant la période de confinement ?
Aliou Dieng : Le respect des consignes des autorités sanitaires, tous les joueurs d’Ah-Ahly étaient confinés à la maison. Chaque joueur avait un programme d’entraînement à travers le groupe WhatsApp du club et l’entraîneur René Weiler veillait à ça. On n’a pas eu de problèmes particuliers pendant le confinement.
L’Essor : Al-Ahly est qualifié pour les demi-finales de la Ligue des champions et affrontera le Wydad de Casablanca. Comment voyez-vous cette confrontation et que pensez-vous de la décision de la CAF de disputer les deux demi-finales sur un seul match ?
Aliou Dieng : Cette confrontation contre le Wydad de Casablanca sera très dure et la rencontre se jouera jusqu’à la dernière minute. Pour moi, l’équipe qui marquera la première aura de bonnes chances de l’emporter. Parlant de la décision de la CAF de disputer les deux demi-finales sur un match, Al-Ahly n’a d’autre choix que d’accepter ce qui a été décidé. Nous allons nous battre pour faire honneur au club.
L’Essor : Sur le plan personnel, quels commentaires vous inspire cette première année dans le championnat égyptien ? Est-ce que vous êtes satisfaits de vos performances, quand on sait que vous n’êtes pas encore titulaire indiscutable ? Aliou Dieng : Le championnat égyptien, c’est un grand championnat, ça demande beaucoup de travail et j’avoue que ça m’aide à progresser et c’est très professionnel. Ici, le championnat est bien organisé, le public est charmant et les dirigeants sont ambitieux. Ce qui m’a vraiment séduit chez les Egyptiens, c’est qu’ils sont prêts à tous les sacrifices pour le développement de leur club. Parlant de mes performances, le début n’a pas été facile, mais après je me suis retrouvé et l’entraîneur m’a facilité les choses. J’ai été titulaire à plusieurs reprises, avant de devenir remplaçant, suite à une baisse de régime. Ce sont des choses qui font partie du football et c’est à moi de me battre pour reconquérir ma place. Je travaille à ça et s’il plait à Dieu, on me reverra dès la reprise. Je vous le promets.
L’Essor : Selon vous, quelle différence y-a-t-il entre les championnats malien et égyptien ?
Aliou Dieng : La différence qu’il y a entre les championnats malien et égyptien réside à deux niveaux : l’organisation et les conditions de travail. En égypte, le championnat est professionnel, ce qui n’est pas le cas au Mali. Ensuite les dirigeants ne ménagent aucun effort pour la réussite de leurs clubs. Aussi, les responsables des clubs travaillent, en collaboration avec les supporters et tout le monde joue sa partition. C’est ce qui manque au Mali, non seulement les clubs maliens manquent de moyens, mais les dirigeants ne se donnent pas non plus les moyens de leurs ambitions. C’est difficile de faire des résultats dans ces conditions. L’Essor : Parlons à présent des Aigles du Mali, vous évoluez à un poste (milieu de terrain, ndlr) où la concurrence est rude. Quelles sont vos ambitions pour la sélection nationale ?
Aliou Dieng : Mon ambition pour la sélection nationale est très simple, c’est de porter le maillot des Aigles le plus rapidement possible. Je vais continuer à travailler plus afin que ce qui me manque pour jouer avec les Aigles puisse être comblé. J’ai confiance en moi et quelque chose me dit que mon heure n’est plus loin avec la sélection nationale A.
L’Essor : Est-ce que vous êtes en contact avec le sélectionneur national, Mohamed Magassouba ?
Aliou Dieng : Non, je ne suis pas en contact avec le sélectionneur national, Mohamed Magassouba que je salue au passage. Je ne le connais pas beaucoup, mais j’apprécie le travail qu’il fait à la tête de la sélection, c’est très encourageant. Lors de la dernière CAN, il a fait confiance aux jeunes et ces joueurs ont émerveillé tout le monde. Certes, l’équipe a été éliminée en huitièmes de finale contre la Côte d’Ivoire (0-1), mais elle a montré une très belle image qui augure des lendemains meilleurs.
L’Essor : Que pensez-vous de la génération actuelle des Aigles ?
Aliou Dieng : C’est une génération très prometteuse, pour moi, elle peut faire quelque chose pour le Mali. Avec cette jeune génération, notre pays peut avoir afin la Coupe d’Afrique des nations tant attendue par notre Maliba. Avec cette génération, le Mali a également de bonnes chances chances de participer à la Coupe du monde, je n’en doute pas. C’est un groupe de jeunes talentueux, dynamiques, ils jouent ensemble depuis déjà quelques années et se connaissent bien. Après la CAN, beaucoup de gens, notamment mes coéquipiers d’Al-Ahly ont dit que le Mali a une très belle équipe et que la coupe était pour les Aigles. Je demande donc à la Fédération malienne de football et à l’encadrement technique de continuer avec ces jeunes et surtout de faire preuve de patience avec eux.
L’Essor : La CAN a été reportée d’un an par la CAF. Est-ce une bonne ou une mauvaise décision ?
Aliou Dieng : C’est une très bonne chose, vu la situation actuelle que le monde traverse à cause de la maladie de la Covid-19. Pour moi, c’est une bonne décision et ça donnera plus de temps aux équipes pour mieux se préparer avant le reste des éliminatoires. Je souhaite bonne chance à mon pays pour la campagne et prie Dieu qu’il guide les pas des Aigles vers la qualification, pourquoi pas le sacre ?
L’Essor : Quels messages vous avez pour les supporters maliens, en général et ceux du Djoliba, votre club formateur ?
Aliou Dieng : À tous les supporters maliens, je leur dis de croire à notre football et surtout continuer à soutenir les sélections nationales et les clubs. La génération actuelle des Aigles a besoin du soutien de tout le monde. Pour les supporters de mon club de cœur, le Djoliba, je leur demande de continuer à aimer leur club, d’être patients avec les joueurs et surtout de rester soudés derrière le club. Un grand remerciement au président du club, Tidiani Médian Niambélé, au président du Comité des supporters, Harouna Vieux Diallo, et à toute la famille des Rouges.
Interview réalisée par
Djènèba BAGAYOKO
Source: L’Essor
Last Updated on 09/07/2020 by Ousmane BALLO