RGPH5 de l’INSTAT : Yves Sassenrath de UNFPA salue l’exploit du Mali

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La rubrique ‘’L’invité de la semaine’’ de Ziré, votre hebdomadaire préféré d’analyses, d’enquêtes et d’informations générales, reçoit cette semaine M. Yves Sassenrath, représentant du Fonds des Nations Unies pour la population au Mali (UNFPA). Avec lui, nous avons parlé du 5e recensement général que le Mali a réalisé dans un contexte politique extrêmement difficile. C’est un entretien réalisé le 30 mars 2023, en partenariat avec le site d’informations générales, ‘’www.afrikinfos-mali.com’’. C’était à l’occasion d’une formation  sur le Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH5) de l’Institut National de la Statistique (INSTAT) à l’endroit des journalistes. Lisez plutôt !

Ziré : Bonjour monsieur, Présentez-vous à nos lecteurs

Yves Sassenrath : Je m’appelle Yves Sassenrath, je suis le représentant du Fonds des Nations Unies pour la population au Mali (UNFPA).

Nous voilà à l’entame de quatre jours de formation des journalistes sur les données statistiques, vous êtes partie prenante avec l’INSTAT dans ce processus, en quoi cela est-il vraiment important ?

C’est une formation qui se déroule dans un processus de participation et de collaboration entre l’État à travers l’INSTAT et l’ensemble des journalistes du Mali à travers la Maison de la Presse dans le cadre du 5e Recensement général de la Population et de l’Habitat du Mali.

Le premier recensement proprement dit, le Mali l’a fait en 1976 et là c’est le cinquième. L’actuel recensement est le premier qui a été fait avec des outils modernes de technologie et avec des géo-localisations. Les premiers résultats sont très encourageants et nous sommes en mesure de dire que cet exercice répond aux normes des critères internationaux pour faire un bon recensement.

L’objectif de cet atelier est de renforcer les connaissances des journalistes sur les données statistiques. Parce que le rôle d’un journaliste est d’être le porteur des nouvelles par rapport aux données essentielles pour s’assurer que la population dans les dernières contrées du pays est bien informée. Et ces chiffres permettent aux journalistes d’informer de manière précise et fiable.

À vous entendre parler, vous avez accompagné l’INSTAT dans ce processus. Parlez-nous un peu de votre cadre de collaboration.

Effectivement, au Fonds des Nations Unies pour la population comme on peut le constater, il y a deux sens. Il y a la population d’abord puis, les Nations Unies. Les Nations unies, comme vous le savez, c’est une organisation d’États dont le Mali est un membre fondateur. C’est une organisation qui est au service des États membres. C’est-à-dire que les États membres choisissent les appuis qu’ils veulent avoir dans tels ou tels domaines.

Vous comprendrez par-là que le Fonds des Nations Unies pour la population est un partenaire au Mali, il y a plusieurs années. Nous avons accompagné le 4e et 5e recensement. C’est depuis 2016 que nous sommes en train d’appuyer le Mali de manière technique avec des experts. Nous avons aussi un expert très expérimenté au service de l’INSTAT. Il faisait même partie de l’équipe du bureau de recensement. Nous avons créé une coopération sud-sud entre le Mali et ses voisins qui ont déjà fait le recensement et qui ont une grande expérience comme le Sénégal, le Cameroun pour renforcer cette coopération régionale au niveau de l’Afrique. C’est surtout cela notre rôle qui n’est pas de chercher un protagoniste, mais de mettre en avant la capacité de l’État membre ou du pays hôte pour montrer qu’il peut le faire et qu’il doit le faire. Notre appui, c’est d’accompagner l’équipe de l’INSTAT. Notre souhait est que le Mali puisse briller et surtout réussir ce recensement.

Vous avez tantôt parlé de l’importance de ce 5e recensement. En quoi il est vraiment capital pour le Mali ?

Le recensement vient en un moment extrêmement important. Vous savez bien qu’on attend des processus électoraux très importants. Il y a aussi un processus de refondation du pays dans plusieurs secteurs pour prendre en main son développement et surtout son destin, ce que le Mali doit faire. Donc, on ne peut pas prendre de décision sans avoir des données actualisées de sa population.

C’est dans ce sens que je trouve que ce recensement est important parce qu’il arrive dans un moment-clé pour le Mali, aussi bien du point de vue de son développement, parce que vous le savez à travers ce recensement l’État va avoir accès à des données statistiques qui vont guider les populations, que du point de vue des politiques publiques et des investisseurs privés externes ou internes au développement.

Donc, je trouve qu’un recensement nous aide à rendre les invisibles visibles. Avec le recensement, on sait où se trouve ses populations et dans quelle conditions elles vivent. Cela permet à l’État d’examiner leurs besoins en services sociaux de base, notamment l’eau, l’électricité, la santé, l’école, la sécurité, etc.

Il ne faut pas non plus oublier l’importance du recensement pour les processus électoraux qui ont  un aspect politique et un aspect technique. De toutes les manières, il permet à l’Etat de mieux préparer les élections en connaissant les populations et leurs zones d’habitation. C’est seulement par ce canal que les populations seront beaucoup plus préparées, mieux informées pour une meilleure participation.

Monsieur le représentant de l’UNFPA, au-delà des mérites du processus que vous vantez, l’on suppose que l’œuvre humaine a toujours des insuffisances. Dites-nous, quelles sont les grandes améliorations à faire dans ce recensement ?

D’abord, le Mali est un pays extrêmement vaste, c’est déjà un défi de couvrir toutes les zones. Le deuxième défi est que le Mali est un pays très riche en culture avec différentes communautés qui vivent sur le même territoire. C’est aussi un défi que d’accéder à tout le monde. Parce qu’un recensement veut dire que tu dois compter chaque personne d’où la notion  »chaque personne compte ».

Pour cela, il faudra recruter des milliers de personnes au niveau local au sein même des communautés. Parce qu’il faut que les agents soient des gens de proximité qui connaissent l’environnement, qui comprennent les langues parlées et qui sont connus par les citoyens de la zone. Cela prend une logistique énorme avec des formations à faire et  l’équipement des agents en matériels qui répondent aux défis actuels du monde moderne. Le défi le plus important aujourd’hui est lié à la situation sécuritaire et aux déplacements des populations.

Mais, il faut quand même saluer l’exploit que l’État a fait l’année dernière où dans un contexte politique extrêmement difficile et une crise sociopolitique dans la sous-région où le pays a été frappé par des sanctions qui n’étaient pas très justes. Mais malgré tout, le pays a mis les ressources propres sur la table pour mener cette opération. Certes, certains ne sont pas contents, mais il est toujours difficile comme vous l’avez dit d’avoir de la perfection qui est d’ailleurs l’ennemi du bon.

Donc, oui je reconnais qu’il y a eu des difficultés comme dans chaque recensement, mais je dois dire que cela fait le 4e recensement pour lequel j’accompagne le Mali en tant que représentant des Nations Unies et je peux clairement vous dire que nous avons pu relever des défis sans incident majeur. Dans certains pays, j’ai vu souvent qu’il y a des cas d’accidents, des gens qui meurent au cours de ces opérations, mais ici fort heureusement, nous n’avons rien connu de tout cela.

On ne peut parler de recensement sans parler de la place des ressources naturelles au Mali quand on connaît leur place dans le développement, surtout dans l’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD 12 et 15). Dans quelle mesure pensez-vous que le recensement peut y être important ?

Le changement climatique a toujours eu un impact sur la migration, l’accès aux matières premières, l’accès à l’eau et à l’électricité ou à la terre qu’on peut travailler pour lutter contre l’insécurité alimentaire. Ces aspects ont pu être pris en compte en ce sens que ce recensement avait quelque chose que les autres n’avaient pas. Il s’agit de l’utilisation des technologies.

Avec ce recensement, vous verrez qu’on a pu faire une géo-localisation, on a pu faire une cartographie actualisée et moderne. Ce qui nous a permis de voir l’état de désertification de certaines zones pour justement savoir comment mieux adapter les stratégies agricoles à la réalité des terres surtout dans la politique nationale agricole. Mais aussi au niveau de l’accès aux services sociaux de base pour voir comment gérer la densité due aux populations qui ont migré et qui se sont ajoutées à d’autres. Tout cela est  extrêmement important pour la politique nationale et je pense que les données statistiques aident beaucoup dans ce sens.

Entretien réalisé par Amadou Kodio

Source : Ziré

Last Updated on 13/04/2023 by Ousmane BALLO