Mali : Comment protéger les cours d’eau dans l’incivisme ?

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Au Mali, l’eau est devenue un dépotoir d’ordures de tous genres. C’est ce que l’on retient d’une conférence de presse organisée ce 20 mars 2025 en prélude à la Journée Mondiale de l’Eau, célébrée le 22 mars sous les thèmes nationaux : ‘’ Effet de la fonte des glaciers sur le cycle de l’eau au Mali’’ et ‘’Problématique de la pollution des cours d’eau du Mali’’. 

La journée mondiale de l’eau est un moment d’échanges entre les acteurs politiques et administratifs ; ceux de la société civile, et des partenaires techniques du secteur en vue de trouver des solutions pérennes aux problèmes liés à la protection des ressources en eau. « La journée mondiale de l’eau est très importante pour nous les acteurs du secteur. Elle permet d’échanger sur les problématiques liées à l’accès à l’eau », rappelle Sékou Diarra, Directeur National de l’Hydraulique.

Pour y parvenir, plusieurs activités sont initiées pour l’édition de cette année. Il s’agit des conférences-débats ; des panels et des formations à l’endroit des acteurs du secteur sur la meilleure gestion des ressources en eau. Ces échanges se dérouleront du 20 au 22 mars autour des deux thématiques, à savoir : ‘’ Effet de la fonte des glaciers sur le cycle de l’eau au Mali’’ et ‘’Problématique de la pollution des cours d’eau du Mali’’. 

158 mille km3 de glaciers !

C’est énorme. Pour Dr  Karounga Keïta, Directeur Régional Sahel de Wetlands International, il existe 158 mille km3 de glaciers dans le monde. Leur fonte, ajoute-t-il, peut impacter négativement le secteur agricole à travers des pluies irrégulières, des inondations et parfois de la sécheresse.

Quant à Sékou Diarra, la fonte des glaciers est un phénomène silencieux, mais très dangereux qui existe depuis des années. « La planète est en train de s’échauffer, dû à nos comportements de tous les jours », ajoute-t-il. Ce qui provoque, selon lui, la fonte des glaciers augmentant ainsi le niveau de la mer. « La fonte des glaciers provoque des inondations et augmente la chaleur. Face à cette situation, les pays côtiers se sentent naturellement menacés. Dans le monde, deux à trois milliards de personnes sont confrontées à cette situation. 

», précise-t-il.

L’incivisme, un frein pour le respect des textes

Au Mali, malgré l’existence des textes, le pollueur n’a jamais été suffisamment inquiété. A l’image de la Falémé et du fleuve Niger, la pollution des cours d’eau est une réalité et le Directeur National de l’Hydraulique ne dit pas le contraire. « L’eau est devenue un dépotoir. La pollution est un phénomène qu’on ne peut pas maîtriser. Elle est à la proportion assez levée. Si vous voyez la Falémé, c’est vraiment catastrophique. Ce qui s’y passe, c’est de l’incivisme et la solution, c’est l’application des textes », lance-t-il. Selon lui, le fleuve Niger n’est pas non plus à l’abri de cette situation. « Tout cela est lié à notre comportement », ajoute-t-il.

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Parlant de l’application des textes, Sékou Diarra laisse entendre : « La solution, c’est bien l’application des textes. Malheureusement, c’est l’incivisme qui bloque cette application». Ce qui laisse croire que la sauvegarde et la protection des ressources naturelles, particulièrement celles en eau ne sont pas pour demain.

« Les 80% d’eau de pompage de la SOMAGEP sont issus des eaux usées », soutient Issaka Sangaré, chargé de Communication et de Campagne à WaterAid Mali, avant d’ajouter que la vision de son organisation est la disponibilité de l’eau potable pour tous et partout. « Les médias ont un grand rôle à jouer dans la lutte contre la pollution des cours d’eau. Il faut dénoncer les pollueurs », souligne-t-il.

Dr Karounga Keïta, pour sa part, estime qu’au Mali, il y a la pollution industrielle ; la pollution domestique, ainsi que celle entraînée par les déchets plastiques. « Tout cela est dangereux pour l’homme et pour la nature », souligne-t-il.

Quelles solutions… ?

Pour trouver des solutions durables à la pollution et préserver l’environnement avec toutes les ressources naturelles, les solutions doivent évidemment venir de tous les acteurs concernés. Les décideurs politiques, qui demeurent les premiers acteurs, doivent, selon Dr Karounga Keïta, élaborer des politiques et programmes adaptés aux réalités de l’heure. Pour ce qui concerne le secteur privé, Dr Keïta estime qu’il doit faire un choix judicieux des activités à entreprendre ; et les  partenaires doivent orienter leurs agendas vers les priorités de l’État.

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Au nom de la société civile, Boureïma Tabalaba, Directeur Exécutif de la Coalition Nationale de la Campagne Internationale pour l’Eau Potable et Assainissement (CN-CIEPA WASH), pense qu’il faut des réformes nécessaires. Il rappelle que la reconnaissance de l’eau comme un droit fondamental dans la Constitution est un acquis. « Mais, il faut concrétiser cette connaissance. Cela fait allusion à la révision du Code de l’Eau et surtout à l’adoption de la Politique Nationale de l’Eau (PNE) et de la Politique Nationale de l’Assainissement (PNA) », souligne-t-il.  

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Si sauver nos glaciers est une stratégie de survie pour les populations et la planète, protéger nos cours d’eau permet également de sauver des vies humaines et de l’environnement. Pour cela, il faudrait l’implication de tous.

Ousmane BALLO / Afrikinfos-Mali

Last Updated on 22/03/2025 by Ousmane BALLO

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