Bras de fer entre Barrick et l’Etat malien : qui aura le dessus ?

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Après quelque temps de suspension de ses activités à la suite d’un bras de fer engagé avec l’Etat malien, la société minière canadienne exploitant la mine de Loulo-Gounkoto a manifesté, le 28 janvier dernier, son désir de renouer les négociations. Selon nos informations, ce désir émis par les responsables de la société minière intervient dans un contexte de vive tension entre les parties, d’autant plus que rien de concret n’a été réglé dans le fond du conflit d’intérêt qui les oppose. Que peut-on espérer de ce dialogue naissant ?

Tout porte à croire que nous assisterons dans les jours à venir à un nouvel épisode de dialogue de sourds entre le gouvernement malien et la société minière canadienne exploitant la mine de Loulo-Gounkoto. Selon nos informations, l’annonce de la volonté de la société minière de se rasseoir sur la table des négociations intervient au moment où le gouvernement reste intraitable sur sa position initiale, à savoir la satisfaction de toutes ses exigences.

Pour rappel, le gouvernement malien entend exiger du deuxième plus grand exploitant d’or au monde d’accepter le nouveau code minier malien et de compenser l’État à hauteur de 199 millions de dollars. Les autorités maliennes demandent aussi à la compagnie minière le remboursement de taxes impayées, d’environ 500 millions de dollars, soit 314 milliards FCFA. Rappelons que face à ces exigences de l’Etat malien, la société minière était restée sourde avant de subir la saisie de ses stocks d’or par les autorités.

Quant au cumul de taxes impayées au détriment de l’Etat malien, sa découverte avait été rendue possible par un audit du secteur minier, suivi par l’émission en décembre 2024 d’un mandat d’arrêt contre le PDG Mark Bristow pour « blanchiment de capitaux » et à la suite de l’arrestation de quatre collaborateurs du groupe minier. Les pourparlers qui commencent devront certainement tourner autour du remboursement des impayées de taxes et l’alignement de la mine Loulo-Gounkoto au nouveau code minier adopté par le gouvernement malien permettant à l’État d’acquérir jusqu’à 30 % d’un projet minier.

S’y ajoute la suppression de certaines exonérations fiscales et douanières que l’ancien code accordait aux sociétés minières. En tout cas, tous les regards sont tournés vers le gouvernement, car les Maliens attendent beaucoup de ce dialogue avec l’espoir de voir l’or malien briller pour les maliens. Il faut noter que le revirement de Barrick Gold s’explique par la baisse de ces actions à la bourse. Elles ont clôturé à 23 dollars canadiens, en baisse de 0,2 % à la Bourse de Toronto lundi 27 janvier.

Pire, poursuit l’Agence de presse, les analystes de la banque d’investissement américaine Jefferies ont estimé que la suspension de la production de la mine de Loulo-Gounkoto pourrait réduire le bénéfice de Barrick de 11 % en 2025. Cette baisse contraint visiblement la compagnie minière à faire des concessions afin que les activités de la mine reprennent.

Ce qui ouvre des perspectives positives pour le gouvernement malien qui tente depuis plusieurs mois de renégocier les contrats miniers avec les compagnies internationales pour obtenir une part plus conséquente des revenus, et asseoir leur souveraineté économique.

Adama BERTHE

Source : La Rédaction du Mali