Des délégués et responsables syndicaux des exploitants agricoles de l’Office du Niger, situé à Ségou, ont déclaré le 04 août 2023, à Niono, que la plupart de leurs collègues n’ont pas encore reçu un seul kilogramme d’engrais pour cette campagne agricole 2023-2024.
Samba Diallo, coordinateur du Syndicat national des Exploitants agricoles du Mali (SYNEXPAM), explique : « Sur les sept zones de l’Office du Niger, il n’y a pas une seule zone qui ne connaît pas de la pénurie d’engrais et du manque d’eau aujourd’hui. Tout ce qui se dit à Bamako est faux. »
Le coordinateur du SYNEXPAM précise : « La réalité est que les trois fournisseurs d’engrais, retenus par le ministère du Développement rural à l’époque du ministre Modibo Keïta, à savoir : Toguna, Doucouré (DPA) et Ely KO2 à part la société Toguna, les deux autres fournisseurs Doucouré (DPA) et Ely KO2, n’ont pas encore livré jusqu’à présent, le quota que le gouvernement leur avait attribué et ne disposent presque pas de stock dans leurs magasins pour répondre aux besoins, à l’heure où je vous parle. C’est une réalité. »
Une crise de production agricole…
Pour Samba Diallo, si rien n’est fait, la zone de l’Office du Niger risque de connaître une crise de production agricole cette année. « Cette situation peut provoquer une crise de production agricole cette année, si nous restons comme ça, et si l’État ne prend pas toutes ses responsabilités, en volant au secours de ces deux fournisseurs insolvables (Doucouré DPA et Ely KO2), en constituant une liste additive d’autres fournisseurs d’engrais pour pallier l’évidence. Nous sommes déjà menacés par la crise d’eau ici dans la zone de l’Office du Niger et si à cela doit s’ajouter encore à la pénurie d’engrais, alors, comment sera notre sort ? », lance-t-il.
Samba Diallo tient toujours à préciser : « Là où nous sommes, l’approvisionnement en engrais ne devrait pas constituer un problème au Mali. Parce que nous avons des fournisseurs, capables de nous fournir des milliers et des milliers de tonnes d’engrais pour la réussite de l’agriculture au Mali. La société Gnoumani – SA par exemple, disposerait d’au moins 5.000 tonnes d’engrais, à l’heure où je vous parle. Cela a été constaté et prouvé par Aklinine Ag Relly, personne ne ressource à la Chambre d’Agriculture de Niono dans son rapport d’observation et de constats. Pourquoi ne pas l’appeler au secours ? »
Vente frauduleuse de bons d’achat
Un autre problème qui défraie la chronique dans la zone de l’Office du Niger, est cette affaire d’achat et de vente frauduleuse des bons d’achat des exploitants agricoles (cautions) par les fournisseurs Doucouré (DPA) et Ely KO2 en complicité avec les responsables des exploitants agricoles.
Pour cela, M. François Ky et sa coopérative sont sous la menace de sanction par l’Office du Niger parce qu’ils ont osé déclarer ouvertement cette situation devant le représentant du Vérificateur à Ségou. « Les exploitants agricoles de la zone de Molodo sont habitués à vendre des bons d’achat à ces deux fournisseurs notamment, la société Doucouré (DPA) et la société Ely KO2. Nous avons les preuves. En plus, M. François Ky vient de le dire. Dans un rapport, il a souligné que durant la campagne 2020-2021, des cautions ont été vendues à la société KO2. C’est pour cela que l’Office du Niger ne veut pas collaborer avec sa zone de Molodo. Le directeur de leur zone ne veut pas leur livrer des cautions parce qu’ils les vendent et cela avait été dit ouvertement devant le représentant du Vérificateur de la zone à Ségou. Je veux profiter de votre micro pour demander aux directeurs des zones et au président directeur général de l’Office du Niger d’établir très rapidement les bons d’achat de ces exploitants, de peur que cela ne puisse dégénérer. Car ces exploitants semblent être au bout de leurs nerfs », déclare le coordinateur du SYNEXPAM.
Joint par téléphone, le directeur de la zone de Wolodo, Youssouf Konaté, témoigne : « Il n’y a pas de problème dans ma zone. Plus de 4800 bénéficiaires sur 5000 ont déjà reçu leurs attestations de bons d’achat d’engrais ». Selon lui, sur les trois fournisseurs d’engrais, deux sont en train de ravitailler la zone de Wolodo. « Il y a un camion qui vient d’être déchargé. Il y a autre un qui a fourni 30 tonnes pour Wolodo. Vraiment, il n’y a aucune pénurie ».
Youssouf Konaté estime également que la vente des bons d’achat par des exploitants est inacceptable. « Nous avons seulement essayer de mettre de l’ordre parce que les engrais ne sont pas à vendre ou à gaspiller. Sinon, il n’y a aucun problème », conclut-il.
Narcisse LOTI
Source : Ziré
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