Pouponnière de Niamana : des enfants à soutenir

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Douze dortoirs fonctionnels, cinquante-six nounous pour 102 enfants, dont cinquante-huit enfants en situation de handicap, la journée est très longue pour le personnel du Centre d’accueil et de placement familial de Bamako, la Pouponnière.

Le 26 février 2025. Il est 10 heures. Un moins vent sec balaie la cour du Centre d’accueil et de placement Familial de Bamako, la Pouponnière à Niamana. Sous un chapiteau construit en dur, l’on aperçoit des enfants assis. Très calmes, ils observent les mouvements du personnel et des visiteurs à l’intérieur du centre. Sur la terrasse du bâtiment administratif, quelques femmes répartissent des kits alimentaires sous l’œuf vigilant de Amadou Dembélé, directeur général dudit Centre. 

Peu après, M. Dembélé nous reçoit dans son bureau. Dans son intervention, il a rappelé que la Pouponnière est le seul Centre d’accueil et de placement familial de l’Etat, créé en 2009. Il y existe, dit-il, deux sections. Il s’agit de la section accueil et encadrement, changée des dossiers administratifs des enfants et la section placement, chargée des dossiers d’adoption. « Le centre est aussi doté d’infirmerie », ajoute-t-il.

A notre passage, la pouponnière accueillait 102 enfants, dont quarante-six garçons, cinquante-huit enfants en situation de handicap, quatre-vingt-deux enfants abonnés et trente-six recueillis. Ces enfants sont repartis entre douze dortoirs, dont les entretiens sont assurés par cinquante-six nounous à travers un système rotatif avec 4 nounous par salle.

« La Pouponnière accueille les enfants de 0 jusqu’à 5 ans. Après, ils sont transférés aux villages d’enfants », précise-t-il, avant ajouter que les cinq enfants fréquentent l’école, dont un se trouve à l’école des sourds muets qui doit aller tous les jours à Hippodrome.

Selon Amadou Dembélé, la loi permet l’adoption, mais uniquement aux Maliens. « Les personnes intéressées par l’adoption doit avoir au moins 30 ans. Je dois aussi vous rappeler qu’il y a deux formes d’adoption. Il s’agit de l’adoption par filiation et celle par protection », souligne-t-il.

Pour ce qui concerne la disponibilité du service eau, hygiène et assainissement (WASH), le directeur nous confie que le centre est actuellement doté d’un seul forage qui fonctionne à peine les 24 heures sur 24. « Dans le domaine du WASH, on a toute sorte de problèmes. Aujourd’hui, on a trois forages, mais parfois on passe un bon moment sans eau. L’objectif, c’est d’avoir l’eau 24 heures sur 24. Pour parler d’hygiène, il faut forcément de l’eau. La plupart de nos toilettes ne sont pas en règle parce qu’elles ne disposent pas d’eau », ajoute-t-il. 

Le directeur général de la Pouponnière estime également que le service de nettoyage n’est plus motivé pour des raisons de retard de paiement de salaire. « Ce sont eux qui doivent entretenir les bureaux, les dortoirs des enfants et les toilettes. Mais pour des raisons de retard de paiement de salaire, ce service se trouve mal fait ou fait de manière irrégulière », précise-t-il.

La malnutrition maîtrisée !

Au Centre d’accueil et de placement familial de Bamako, la Pouponnière, l’alimentation des enfants se gère avec beaucoup de gymnastiques.  Selon le directeur général, c’est l’Etat qui doit prendre tout en charge. « Nous recevons des appuis ou dons venant des partenaires et des personnes de bonne volonté. Mais, je dois aussi vous dire que nous n’avons pas encore reçu toutes les dotations en denrées alimentaires de 2024. Pour ce qui concerne 2025, le marché n’est pas encore attribué et nous sommes en fin février déjà », précise-t-il.

A l’intérieur des dortoirs, les nounous sont sans repos. « Ici, le repos, c’est après la descente. Parce que ces enfants dorment difficilement ensemble. Donc, nous devons veiller sur tous et intervenir à chaque fois, soit pour leur donner à manger ou pour leur changer les couches. C’est notre quotidien », lâche une nounou dans la foulée.

Quant à Dr Lassana Kané, chargé de la nutrition à la Pouponnière, les enfants sont actuellement à l’abri de la malnutrition aigüe sévère, de la malnutrition aigüe sévère avec complication et de la malnutrition modérée. « De mon arrivée à maintenant, des efforts ont été faits pour l’amélioration de la prise en charge nutritionnelle des enfants, des nouveaux nés et des nourrissons. Par exemple, les enfants qui nous viennent ici, les bébés, à l’absence du lait maternel, on a suppléé leur alimentation de façon lactée par les substituts du lait maternel en donnant le lait infantile. De 0 à 6 mois, on leur donne le lait nourricier 1.  De 6 à 12 mois, on leur donne le lait nourricier 2. Au-delà de ça, toujours pour l’amélioration de la situation nutritionnelle des enfants, nous avons mis en place un programme de diversification alimentaire pour les enfants de 6 à 59 mois, voire jusqu’à l’âge préscolaire », souligne-t-il.

Selon le nutritionniste, ce programme est composé des menus suivants : les soupes aux légumes verts accompagnés de viandes hachées, du poisson ou du poulet. « En plus, dans le même programme, on donne aussi aux enfants les purées de pomme de terre, des purées de patate avec du lait en poudre, des œufs durs, des omelettes. On fait aussi des bouillies enrichies mixtes avec nos céréales locales : le mil, le maïs, le riz, le sorgho et le haricot. On ajoute aussi un peu d’arachide et souvent le pain du singe (baobab) », ajoute-t-il.

Dans le cadre du traitement nutritionnel, précise-t-il, nous respectons rigoureusement le Programme national de lutte contre la Malnutrition aigüe qui est un Programme national intégré. « Les enfants à l’état de malnutrition aigüe sévère en phase 1, on leur donne d’abord le lait thérapeutique F75 pour combattre les infections opportunistes, les gastro-entérites, les diarrhées, les vomissements. Cela prend cinq jours à une semaine, selon la gravité du cas et l’amélioration de l’état de santé de l’enfant. Dans la phase 2 qu’on appelle la phase de stabilité, on leur donne le lait F100 qui permet un retour immédiat de l’appétit.  Ce F100 est aussi substitué à un autre intrant thérapeutique qu’on appelle Plumpy. Ce traitement peut durer dix jours à deux semaines.  Ici, les activités nutritionnelles sont assez nombreuses pour l’amélioration des conditions d’alimentation des enfants », a-t-il conclu. 

Au regard des réalités que vivent le personnel et les enfants au quotidien et vu l’importance du centre, les autorités doivent effectivement revoir son statut afin de le rendre plus automne. Aussi, ce centre doit-il bénéficier de suspensions publiques lui permettant d’assurer pleinement son fonctionnement et de prendre en charge de manière efficace les besoins des enfants.

Ousmane BALLO

 Source : Ziré