Le Mali se prépare à avoir un nouveau gouvernement très probablement cette semaine après une attente d’au moins dix jours. Si cet instant met en branle la classe politique, c’est avec la tête froide que la société civile, le citoyen ordinaire attend ce nouveau gouvernement. Et pour cause. Combien de fois on a remis et repris les mêmes ? Le Président de la république, le parti majoritaire et ses alliés et le Premier ministre ont-ils tirés des enseignements de la constitution des précédents gouvernements ? Le nouveau serait-il à la hauteur de crise que vit le pays ? Nous le sauront dans les heures ou jours à venir. Et pourtant…
La constitution des précédents gouvernements a surtout et généralement tenu compte de la crise politique et non de la crise des ressources. Depuis les premières heures de notre démocratie, chèrement acquise, ce sont les gouvernements d’ouverture qui se sont succédés aux commandes des affaires publiques. Très peu ou pas, les architectes de ces gouvernements se sont souciés des moyens de l’Etat ou du moins la taille du gouvernement, toujours plus de trente portefeuilles ministériels à l’exception des périodes de transition, à la hauteur de la crise socio politique et sanitaire. Plus que jamais, le gouvernement en gestation doit y tenir compte. Non seulement la crise sécuritaire a impacté bon nombre de secteurs de développement mais aussi le pays est dans un gouffre financier depuis 2018 : le taux des dettes intérieures et extérieures est monté au tiers, les revendications socio professionnelles sont nombreuses et variées. La taille du nouveau gouvernement doit être à la hauteur de la crise des ressources surtout. Les considérations politiques doivent être reléguées au second plan en réduisant de façon drastique les quotas et faisant contenter d’autres par des directions nationales ou postes stratégiques. Ce n’est pas une démarche facile mais il faut avoir, en tant que responsable, les arguments nécessaires pour faire avaler cette pilule au parti majoritaire et ses satellites et aux intervenants intrus. Pour cela, il n’y a que deux niveaux de prise de décision ou de nomination qui doit valoir ou tout au plus trois : le Président de la république, le Premier ministre et à la moindre mesure les partis dits de la majorité présidentielle. L’élargissement du niveau de propositions aux postes de ministres rend le contrôle de la taille du gouvernement non maitrisable. En tout cas, la physionomie ou l’architecture du prochain gouvernement donnera la première impression de sortie de crises, elle sera le premier baromètre de la volonté des premiers responsables à agir dans le sens de l’apaisement. 30 postes ministériels, tous confondus, seraient le maximum pour un Mali en crise. ‘’Le partage de gâteau’’ doit attendre la sortie des turbulences, de la tempête…
Source : L’Analyste