L’éminent professeur dans le domaine des ressources énergétiques et minières, Lamissa Diabaté, consultant International et ancien directeur de l’École Nationale d’Ingénieur (ENI), était l’invité de l’Université Privé African Business School (ABPS) ce samedi 29 février 2020. Avec les étudiants, l’expert a fait un exposé sur l’enjeu des ressources minières dans la crise sécuritaire au Sahel.
Dans un cadre très académique, le Pr. Lamissa Diabaté a décortiqué les enjeux liés aux ressources minières et à la crise sécuritaire de manière globale et particulièrement celle au Sahel qui hante le Mali et tous les autres pays de la bande sahélo-saharienne. « Tout ce qui se passe au Sahel aujourd’hui, n’est pas un fait du hasard », a-t-il souligné.
Sans trop jouer au savant, le conférencier a posé les problématiques des ressources énergétiques et minières en Afrique avant de parler des acteurs impliqués dans le mouvement provoqué par ce phénomène qui a souvent fait basculer le monde.
Comme tout le monde, le Pr. Lamissa Diabaté s’est posé beaucoup de questions sur la gestion des ressources énergétiques et minières, notamment ce que cela implique comme conséquence en terme d’insécurité. Il s’est aussi interrogé sur la sous-évaluation des ressources minières africaines, bien qu’elle reste le continent qui contient le plus de réserve en matière de ressource minière.
Parlant des enjeux de ces ressources dans la crise sécuritaire au Sahel, le conférencier pense qu’il y a de quoi avoir peur. Selon lui, il y a belle et bien une stratégie de reconquête de l’Afrique par les puissances étrangères. « Je crois qu’il y a une stratégie de reconquête de l’Afrique. Et cela passerait par d’autres techniques comme l’exploitation des ressources énergétiques et minières qui sont les bases de développement. Donc le Sahel, contenant l’une des plus grandes réserves mondiales en ressources, connaît certainement cette instabilité qui, selon les experts, serait provoquée par ces mêmes puissances mondiales. Effectivement, la crise au Sahel a forcément un lien avec les ressources minières. Je pense aussi que tant que nous aurons le potentiel des ressources énergétiques et minières, nous serons toujours agressés, mais c’est aux pays africains de prendre leur responsabilité pour éradiquer cela », a-t-il déclaré.
Dans son intervention, le conférencier explique qu’autant qu’il y a des enjeux économiques par rapport aux pays développés, il en y a aussi pour les terroristes opérant dans le Sahel. Après avoir rappelé que les pays n’ont pas d’amis, mais plutôt des intérêts en commun, le conférencier a souligné : « On pense qu’on vient nous aider, mais en réalité il y a des non-dits. »
En tant que chercheur, le professeur est resté très sceptique notamment sur la présence française au Mali qui est un peu plus axée dans la partie nord du pays. « Comme vous le savez, à un moment, les réseaux sociaux avaient fait écho d’une éventuelle exploitation des ressources minières à Kidal de la part des Français, je puis vous assurer que toutes les recherches ont montré qu’il y a des exploitations minières par des étrangers dans cette zone », a-t-il précisé.
Ensuite, le conférencier a déploré le fait que le Mali n’intervient qu’à 20% sur ses propres ressources contre 80% pour les entreprises d’exploitation. Selon lui, cette situation est due au fait que notre pays est en position de faiblesse sur le plan économique.
A la fin de la rencontre, les étudiants et d’administration de l’université ont exprimé leur satisfaction. « Je crois qu’on a atteint l’objectif. Ça a suscité beaucoup de débats et les étudiants y ont accordé de l’intérêt. Je les ai vus poser beaucoup de questions et c’est ce que nous recherchions », a ainsi déclaré Mme Thiam Sokhna Maryama, directrice de l’Université privée African Business School (ABPS).
Amadou Basso
Last Updated on 03/04/2020 by Aboubacar Sidiki TRAORE