Modibo Sidibé, ancien premier ministre à propos de la transition : « On ne voit que les nominations seulement, cela n’est pas possible et nous le refusons »

Kassoum Traoré de la Radio Kledu recevait sur son plateau, le jeudi 3 décembre 2020, l’ancien premier ministre, Modibo Sidibé. C’était à l’occasion de son émission « débat politique ». Lors de son intervention, Modibo Sidibé a souligné avec force qu’ils ont combattu dans le Mouvement du 5-juin Rassemblement des Forces patriotiques (M5-RFP) pour faire sortir le Mali de la crise qu’il traverse. L’ancien locataire de la primature sous Amadou Toumani Touré, ne se réjouit pas de la conduite des affaires de l’Etat par les autorités en charge de la transition. « On ne voit que les nominations seulement. Est-ce que la transition doit être une agence de placement ? Cela n’est pas possible et nous le refusons », a-t-il protesté.

Au début de ce débat politique, Modibo Sidibé a rendu un vibrant hommage à Amadou Toumani Touré. Dans sa prise de parole, Modibo Sidibé a fait savoir les difficultés qui ont plongé le pays dans la crise, les actions menées pour faire partir l’ancien régime ( le régime d’IBK). « Depuis 2013, nous l’avions dit.  Cette crise est multidimensionnelle, c’est-à-dire, elle est politique, institutionnelle, économique, sécuritaire, sociale et morale. Nous devons adopter une démocratie malienne, revoir comment notre pays était dirigé avant. On avait les empires dans nos Etats. C’était aussi la décentralisation. Revoir notre constitution qui ne doit pas venir d’ailleurs. Nous avons dit refondation ; il faut revoir les choses du bas en haut. Nous avons un vaste pays, comment l’aménager ? Que les politiques fassent leur introspection, c’est-à-dire, revoir leur mode d’existence et d’évolution », a-t-il martelé. De l’avis de l’ancien PM, on peut autant dire des choses sur les hommes politiques que sur les citoyens.  A la question de savoir comment est-ce que Modibo Sidibé s’est retrouvé au sein du M5-RFP, l’homme fort du parti FARE a répondu :  « Le FARE ANKA WULI a longtemps combattu et a vite compris certaines choses. Nous vivons une grande difficulté. Ce n’est pas possible de réparer. Nous devons voir ce que nous avons fait des fondements et comment essayer de changer. Depuis 2013, le FARE ANKA WULI avait demandé la transition, qu’elle soit politique, économique, culturelle ou générationnelle, pour sortir de la crise ». Et d’ajouter : « Nous avons combattu dans le M5-RFP pour faire sortir le Mali de cette profonde crise. Avant les évènements d’Ogossagou, Nous avons dit au Président de la République à Koulouba que la refondation était une exigence. Nous lui avons fait des propositions et avons démarché aux partis politiques, aux associations, aux confessions religieuses pour leur faire comprendre les difficultés du moment. Nous avons demandé l’union sacrée pour une sortie de crise endogène, une conférence sociale (le dialogue national) et la mise en place d’un gouvernement d’union nationale qui ne dépasse pas 20 membres. Si tout cela avait été fait nous ne nous serions pas retrouvés dans la situation actuelle », a-t-il regretté.

Modibo Sidibé a justifié également sa présence dans le M5-RFP. « Nous partageons ensemble des avis pour le changement. C’est pourquoi les populations sont sorties plusieurs fois pour exiger le changement. Les Maliens étaient frustrés et vivaient dans des difficultés », a-t-il dit. D’après ces propos, rien a d’abord été fait dans la transition actuelle, car, dit-il, les syndicats sont mécontents, la vie est dure, l’insécurité est là et en plus il y a la Covid-19. « L’économie souffre et on ne voit que les nominations seulement. Est-ce que la transition doit être une agence de placement ? Cela n’est pas possible et nous le refusons », a-t-il protesté.

Parlant des rapports avec le CNSP et la transition, Modibo Sidibé a déclaré : « La transition est un moment de consensus, c’est essentiel et on n’a pas pu trouver ce consensus qui n’a pas été compris par le CNSP. Nous n’avons personne dans le Conseil national de transition (CNT). Au Mali, tout est devenu une question de poste, alors que les postes ne servent à rien souvent. Le poste est créé pour un objectif et c’est cet objectif dont nous parlons. Nous voulons que nos visions et initiatives pour la bonne réussite de la transition soient défendues avec force dans le CNT. Nous sommes une force de changement et le CNSP aussi se disait être une force de changement, mais nous avons vu qu’ils ont d’autres missions qui ne concernent  pas le changement du pays ».

En plus, l’insécurité qui sévit actuellement à Bamako et dans d’autres localités du pays s’est invitée dans le débat. Ainsi, l’ancien premier ministre, Modibo Sidibé, a apporté son analyse. « L’insécurité est de deux formes ; elles ne doivent pas être mélangées. Il y a d’abord le terrorisme, ensuite, le djihadisme et enfin, les conflits intercommunautaires. Cette forme d’insécurité existe ici et des pays se sont levés pour nous aider à y faire face. L’autre insécurité, elle est quotidienne et ce combat est entre les mains de notre gouvernement », a-t-il précisé.

Apportant des recettes pour combattre cette insécurité meurtrière, Modibo Sidibé a indiqué que  « nos politiques doivent pouvoir contrer ces deux formes d’insécurités. Ces politiques peuvent être le déploiement à long terme, la sensibilisation de la population. Et aussi faire revenir la confiance entre les citoyens et les gouvernants. Il faut rélegimité l’Etat à travers la police, la justice, l’armée et l’administration. Il doit y avoir une politique de sécurité pour la ville de Bamako et ses environs ; ce n’est pas une question de jours ou de semaines », a-t-il averti.

Décrypté par Sidiki Dembélé

Source: Le Républicain 

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