Centre Hospitalier Universitaire du Point G (CHU du Point G): Soigner les patients et carotter les fonds publics !

Au titre des exercices 2018, 2019, 2020 et 2021, le Bureau du Vérificateur Général (BVG) a dévoilé, dans son rapport annuel de 2021, des irrégularités financières au niveau de la Gestion du Centre Hospitalier Universitaire du Point G (CHU du Point G). Le trou béant est estimé à 764, 91 millions de FCFA. En effet, cet hosto en plus des services fournis qui sont loin d’être à hauteur de souhait se distingue au fil des exercices budgétaires dans la mauvaise gestion des fonds publics. L’un pourra expliquer l’autre.

Le Centre Hospitalier Universitaire du Point G (CHU du Point G) sait bien faire parler de lui, surtout en matière de gestion. En plus d’arrêts récurrents de travail du personnel de ce CHU pour causes diverses, notamment la réclamation de l’amélioration de conditions de travail, sa gestion ne résiste à aucun contrôle ou vérification de bonne gouvernance. En atteste, ce Rapport annuel 2021 du BVG, qui vient de mettre en lumière des irrégularités financières non justifiées sur la gestion des fonds de cet hôpital, le plus grand du pays.

Kits de dialyse : 571,76 millions de FCFA perdus sous la blouse blanche !

Selon ce rapport, le Chef du Service de la néphrologie du CHU du Point G n’a pas justifié l’utilisation de consommables de dialyse., de même que l’utilisation de 10.999 kits de dialyse correspondant à l’écart entre le nombre de kits et solutions mises à sa disposition par le service de la pharmacie et le nombre de kits et solutions utilisés lors des séances de dialyse. Le montant de cet écart non justifié est de 377,45 millions de FCFA. De plus, le montant total de marchés de kits et de solutions de dialyse a été intégralement payé alors qu’un stock de 84.756 consommables de dialyse, pour une valeur de 194,31 millions de FCFA, était disponible chez le fournisseur à la date du 16 septembre 2021. Que cela constitue une violation des principes des marchés à commande qui s’exécutent au fur et à mesure des expressions de besoin et de l’émission des bons de commande. Le montant total de ces désordres sur les consommables de dialyse s’élève à 571,76 millions de FCFA.

Dans la même forfaiture, le rapport du Végal note aussi que  l’Agent Comptable n’a pas reversé la part des produits issus de la vente des DAO (Dossier d’Appel d’Offres) destinée à l’ARMDS (Autorité de Régulation des Marchés Publics et des Délégations de Service Public). Le montant total non reversé s’élève à 270. 000 FCFA. Quant au Contrôleur financier, il a visé les pièces d’engagement et de paiement des marchés sans vérifier les prix par rapport à la mercuriale en vigueur et d’apposer son visa sur les pièces d’engagement et de paiement de 4 marchés de fourniture de climatiseur et de sucre alors que leur prix dépassait le prix maximum fixé par la mercuriale. Le montant des dépassements est à 9,69 millions de FCFA.

 Repas de garde : 115,29 millions de FCFA d’assiettes vides !

La Commission de réception, selon le même rapport, a élaboré des procès-verbaux sans les supports justifiant la quantité des repas livrés au personnel de garde du CHU du Point G. Elle n’a pas pu fournir le nombre de plats livrés au personnel de garde sur la base duquel les procès-verbaux (PV) de réception ont été établis, déclare-t-il. De plus, que les quantités de plats consignées sur les PV ne correspondent pas au nombre de jours-hommes de garde. Ainsi, l’écart total entre le nombre de plats payés et le nombre de jours-hommes de garde s’élève à 304.185 plats pour un montant total de 115,29 millions de FCFA.

Le Surveillant Général n’est pas resté en marge de ces irrégularités. Il lui est reproché irrégulièrement d’utiliser le carburant acheté. « Il a donné du carburant à l’attributaire du marché relatif à l’évacuation des ordures à partir des cartes d’approvisionnement des ambulances du CHU du Point G alors que ledit marché ne prévoit pas cette prise en charge. Le montant total en cause s’élève à 254.350 FCFA » décèle le rapport du Végal.

Le DG, l’Agent Comptable, les Guichetiers et le Régisseur, tous mouillés !

Le Directeur Général du CHU du Point G n’est pas aussi épargné de ces manquements. Il a ordonné le paiement d’indemnités indues à son personnel participant aux sessions du Conseil d’Administration et a octroyé une indemnité de 100. 000 FCFA par participant non-administrateur au lieu de l’indemnité de 75 000 FCFA autorisée. Le montant total des indemnités indues fait 1,28 million de FCFA.  Egalement, il a procédé à des fractionnements de dépenses tout en autorisant, sur la régie d’avances, 6 achats de consommables informatiques en mars et en avril 2018 pour un montant cumulé de 979.400 FCFA afin d’éviter un marché par demande de cotation qui nécessite au moins la sollicitation de 3 fournisseurs.

A l’en croire, l’Agent Comptable du CHU du Point G n’a ni déclaré ni payé des cotisations fiscales et sociales encore moins déclaré et payé 7 mois de cotisations fiscales et 8 mois de cotisations sociales au cours de 2018. Le montant total à payer s’élève à 38,11 millions de FCFA dont 6,12 millions de FCFA au titre de l’ITS (Impôt sur les Traitements et Salaires) et de la taxe de logement et 31,99 millions de FCFA au titre des cotisations INPS et AMO.

« Des chefs de service du CHU du Point G n’ont pas justifié l’absence de matériels mis à leur disposition. Le chef du service de médecine nucléaire, le chef du service de chirurgie, le chef du service de maintenance, le chef du service de néphrologie et le chef du service de cardiologie n’ont pas pu justifier l’absence de certains matériels affectés à leurs services au cours des travaux d’effectivité réalisés avec la comptabilité-matières du CHU du Point G. Le montant total des matériels manquants au cours du contrôle d’effectivité s’élève à 3,09 millions de FCFA » dénonce le rapport du BVG.

Pour la conclusion, le document montre aussi que les Guichetiers et le Régisseur de recettes ont procédé à des annulations irrégulières des recettes hospitalières du CHU du Point G, pendant la période sous revue, des recettes sans émission d’ordre d’annulation par l’ordonnateur. Ce montant total des recettes irrégulièrement annulées s’élève à 25,16 millions de FCFA.

Après vérification, le BVG aurait fait des transmissions et dénonciations aux autorités judiciaires. Espérons que la piqûre inoculée puisse soigner le grand malade, le CHU du PG !

Par Mariam Sissoko

Source: Le Sursaut