Présidentielle: Emmanuel Macron officialise sa candidature dans une lettre aux Français

Le président Emmanuel Macron a officialisé ce jeudi 3 mars sa candidature à un second mandat dans une « Lettre aux Français » publiée sur les sites de quotidiens de la presse régionale.

Il a attendu le dernier moment. Mobilisé par la crise sanitaire puis par la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron a finalement officialisé sa candidature à l’élection présidentielle d’avril prochain dans une lettre mise en ligne ce jeudi. Et ce alors que les prétendants à la magistrature suprême ont jusqu’à ce vendredi 18h pour la formaliser auprès du Conseil constitutionnel. À 38 jours du premier tour du scrutin, le chef de l’État peut ainsi donner le coup d’envoi à une campagne électorale largement perturbée, l’une des plus courtes jamais effectuée par un président sortant.

« Je suis candidat pour inventer avec vous, face aux défis du siècle, une réponse française et européenne singulière. Je suis candidat pour défendre nos valeurs que les dérèglements du monde menacent. Je suis candidat pour continuer de préparer l’avenir de nos enfants et de nos petits-enfants. Pour nous permettre aujourd’hui comme demain de décider pour nous-mêmes », écrit-il.

Dans ce texte de trois pages, le président sortant livre quelques pistes sur les grands axes et les valeurs associées à son projet. « Il nous faudra travailler plus et poursuivre la baisse des impôts pesant sur le travail et la production », annonce-t-il ainsi, promettant de lutter contre les inégalités en s’y attaquant « à la racine », ou encore de « rendre les maisons de retraite plus humaines » alors que les conditions de vie dans les Ehpad ont récemment fait l’objet d’une vive polémique.

Cette annonce n’était pas une surprise. Emmanuel Macron lui-même y a fait plusieurs fois allusion et toute son équipe de campagne ne cachait pas que tout était prêt. En coulisses, la macronie s’organise depuis des semaines, entre récolte de fonds pour financer la campagne, tracts, porte-à-porte, création de comités de soutiens et tribunes dans la presse d’élus pour un second mandat. En raison de la guerre qui a accaparé son agenda et domine tous les sujets dans les médias, il a annulé – ou reporté – un premier meeting qui était prévu à Marseille ce week-end.

En tête dans les sondages

Emmanuel Macron se déclare plus tard que deux de ses prédécesseurs candidats à un second mandat. Jacques Chirac en 2002 et Nicolas Sarkozy en 2012 s’étaient en effet tous deux déclarés à deux mois du scrutin. Seuls François Mitterrand en 1988 et Charles de Gaulle en 1965 avaient attendu encore plus longtemps, à quasiment un mois du premier tour. Cette attente a été vivement dénoncée par les rivaux du président sortant.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie, a-t-il lui-même reconnu mercredi soir dans une allocution sur cette crise, « vient percuter notre vie démocratique et la campagne électorale ». Cette guerre a aussi un impact sur les sondages, qui montrent qu’elle favorise le sortant, comme c’est souvent le cas en période de crise. Ainsi, depuis le début de l’invasion il y a huit jours, le chef de l’État a gagné plusieurs points dans les intentions de vote. Les derniers sondages le donnent ainsi à 27-28%, soit une dizaine de points devant sa rivale d’extrême droite, Marine Le Pen (RN), qui creuse l’écart avec Valérie Pécresse (LR) et Eric Zemmour (Reconquête!).

Avant le début de cette crise, le locataire de l’Élysée était déjà haut dans les intentions de vote, largement devant ses adversaires, récoltant aussi les fruits de sa gestion de la crise sanitaire du Covid-19 et de sa politique du « quoi qu’il en coûte », globalement saluée par les Français.

Des adversaires impatients

À 44 ans, celui qui était devenu en 2017 le plus jeune président de la Ve République repart en campagne avec l’expérience d’un premier mandat secoué par les crises, notamment celles des Gilets jaunes et du Covid-19, et maintenant par la guerre en Ukraine. Difficilement cependant d’imaginer ce à quoi cette campagne va ressembler. Un cadre du parti de La République en Marche explique qu’Emmanuel Macron « sera plutôt président-candidat que candidat-président », rapporte Anthony Lattier, journaliste au service politique de RFI. Comprendre : le locataire de l’Élysée fera campagne quand il le pourra. Elle sera placée sous le signe de l’humilité et d’une certaine solennité, explique son entourage auprès de Valérie Gas, car pour le moment c’est encore le président qui est à la manoeuvre avec cette guerre à l’est. Emmanuel Macron ne va pas changer sa casquette, prendre celle de candidat à la place de celle de président. Il va y avoir une « succession de casquettes » suivant les circonstances et les événements.

Ses adversaires, qui boxaient entre eux depuis des mois, attendaient sa candidature avec impatience. Eric Zemmour n’a d’ailleurs pas attendu son officialisation pour diffuser ce jeudi après-midi une vidéo dans laquelle il s’adresse à lui directement, en prétendant se faire le porte-parole des Français. À l’image du candidat de Reconquête!, les adversaires d’Emmanuel Macron vont donc chercher à jouer le face-à-face. Mais toutes et tous redoutent que le président sortant ne descende pas dans l’arène, et craignent une campagne volée, totalement occultée par le conflit en Ukraine et qui ne permette pas de confronter le chef de l’État à son bilan.

S’il sort gagnant au soir du second tour, le 24 avril, Emmanuel Macron aura réalisé un pari jamais réalisé dans l’histoire de la Ve République : être réélu au suffrage universel direct sans sortir d’une période de cohabitation, comme l’avaient fait François Mitterrand et Jacques Chirac. Mais sa position de favori reste fragile. Comme en témoignent les sondages récents qui le donnent gagnant au second tour contre tous ses adversaires, y compris la mieux placée Marine Le Pen, mais avec une avance moindre qu’en 2017.

Emmanuel Macron fait un bond de 5 points dans les intentions de vote en 15 jours, pour atteindre 29% au premier tour de la présidntielle, loin devant Marine Le Pen, qui perd 1,5 point à 16%, et Eric Zemmour (13%, -1,5 pt), selon un sondage BVA pour Orange et RTL vendredi.

Selon un sondage BVA-RTL publié ce matin, au second tour, le président sortant obtiendrait entre 60% et 65% des intentions de vote, selon l’adversaire en face (40% pour Marine Le Pen, 35% pour Eric Zemmour, 39% pour Valérie Pécresse), ajoute cette étude attribuant ces évolutions aux « conséquences de l’actualité internationale ».

(Et avec AFP)

Source : RFI

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