Mali : un plaidoyer de la CIEPA/WASH et SWA pour un meilleur financement du secteur eau potable, hygiène et assainissement

«Le secteur eau potable, hygiène et assainissement bien que cité prioritaire par les hautes autorités et malgré les efforts qu’elles y consentent, l’Etat peut et doit mieux faire. Le Mali doit strictement respecter ses engagements pour éliminer les inégalités à l’accès à l’eau et assainissement et réduire la forte dépendance du secteur aux financements extérieurs. Cela passe forcément par la révision des allocations budgétaires à hauteur de 5%. » C’est ce qui ressort d’un document de Plaidoyer de la Coalition Nationale de la Campagne Internationale pour l’Eau Potable et l’Assainissement, la CN-(CIEPA/WASH) et son Sanitation and Water for All (SWA) en français (Assainissement et eau pour tous) en faveur du financement du secteur Eau potable, hygiène et assainissement au Mali.

Selon la CIEPA/WASH, l’accès à l’eau potable, à l’hygiène et à l’assainissement constitue un facteur décisif pour le développement humain. «En 2010, à travers la résolution n° 64/292 du 28 juillet, l’ONU a reconnu « le droit à l’eau potable saine et propre et à l’assainissement comme un droit humain » essentiel pour la jouissance de la vie et de tous les droits de l’homme. Il permet à chacun, sans discrimination, d’avoir accès à une eau suffisante, saine, acceptable, physiquement accessible et abordable pour son usage personnel et domestique », peut-on lire dans le document de plaidoyer.

A cela, précise le même document, il faut ajouter l’adoption en 2015 des Objectifs de Développement Durable (ODD) dont le point six garantit l’accès universel à l’eau et l’assainissement d’ici 2030 et les engagements SWA (Sanitation and Water for All/Assainissement et Eau pour Tous). Pour la CIEPA/WASH, l’accès universel, sécurisé et durable de tous aux services d’assainissement constitue depuis 2015, la priorité de la communauté internationale et du Mali.

«En dépit des efforts entrepris par les différents acteurs, le budget alloué à l’Approvisionnement en Eau, Hygiène et Assainissement (AEPHA) n’a progressé que de 3,6% (rapport CPS 2020), alors que dans le cadre des engagements Sanitation and Water for All (SWA) en français (Assainissement et eau pour tous), le Mali s’est engagé à accorder 5% de son budget à l’Eau et l’Assainissement. Aussi, dans le cadre de l’ODD6 et en application de la résolution 64/192 des Nations Unies, les engagements de N’GOR (Africa San) et les directives de AMCOW (ASPG) constituent un environnement institutionnel et juridique qui devrait permettre au Mali d’aller vers une promotion effective du l’Eau, Hygiène et l’Assainissement. C’est pourquoi la CN-CIEPA et son partenaire SWA ont entamé des actions de plaidoyer visant à contribuer à la réduction des inégalités d’accès à l’eau, l’hygiène et assainissement à travers l’augmentation du budget national pour AEPHA de 3,6 % à 5 % », souligne le document.

Des inégalités dans l’accès à l’eau potable et assainissement

Au Mali, selon la CN-CIEPA, la problématique d’accès à l’eau potable se pose avec acuité malgré les efforts fournis par l’Etat et ses partenaires. «Selon le rapport d’activités 2019 de la Direction Nationale de L’Hydraulique, le taux d’accès à l’eau potable est de 65,8% en milieu rural ; 77,7% en milieu semi-urbain et urbain et 69,6% au niveau national. Le nombre de villages sans point d’eau moderne (PEM) est de 1242. Le parc hydraulique non fonctionnel est estimé à 32 %, soit 8746 points d’eau. Quant à l’assainissement, selon le rapport JMP 2017 au niveau national seulement 35 % de la population du Mali dispose d’un système d’assainissement, et la défécation à l’air libre est pratiquée par 7%. », précise ledit document de plaidoyer.

Après avoir souligné qu’en dépit d’une légère progression du budget de l’Etat estimé à 3,06% en 2020, les défis en matière de disparités d’accès aux services EPHA demeurent immenses, la CN-CIEPA ajoute : «Aussi, par rapport aux tarifs de l’eau, les cas d’inégalités sont énormes si on s’en tient aux tarifs en milieu rural fixé à 500F, voire plus le m3 contre 115F en milieu urbain. L’absence de système de régulation (CRE) en milieu rural constitue un facteur d’abus à l’endroit de la population rurale. »

S’agissant de l’assainissement, souligne la CN-CIEPA, le milieu rural est fortement défavorisé par rapport à la faiblesse de l’investissement. «Caractérisé par l’absence d’ouvrages collectifs et individuels et la persistance de la pratique défécation à l’air libre, les disparités entre le milieu rural et le milieu urbain s’accroissent de jour en jour. Il est important de souligner la faible prise en compte des personnes handicapées qui représentent un nombre important de populations maliennes. Autant de défis et d’inégalités qui nécessitent un engagement de haut niveau pour un financement adéquat correspondant à hauteur des besoins », précise-t-elle dans le document.

La proposition de la société civile

Face à cette situation, la CN-CIEPA lance un cri de cœur. Selon elle, le secteur bien que cité prioritaire par les hautes autorités et malgré les efforts qu’elles y consentent, l’Etat peut et doit mieux faire. Pour la CN-CIEPA, le Mali doit strictement respecter ses engagements pour éliminer les inégalités à l’accès à l’eau et assainissement et réduire la forte dépendance du secteur aux financements extérieurs. Cela passe forcément par la révision des allocations budgétaires à hauteur de 5%. En outre, la diversification des sources de financements du secteur eau et assainissement par le développement du partenariat public privé, le développement des mécanismes innovants de financement, la promotion et l’exercice de la responsabilité citoyenne en faisant du citoyen un acteur et non un assistant de développement sont d’autres conditions indispensables », peut-on lire dans le document.

Pour la réussite de ces propositions ci-dessus, la CN-CIEPA estime que les Organisations de la Société Civile (OSC) doivent intensifier les actions de plaidoyer budgétaire auprès des services financiers pour une meilleure prise en charge de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement dans le budget national.

Ousmane BALLO / Afrikinfos-Mali

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