En prélude à la Journée Mondiale des Toilettes prévue pour le 19 novembre 2021 sous le thème : « Qui se soucie des toilettes ? », WaterAid, le Ministère de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement Durable ; l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et la Coalition National-Campagne Internationale pour Eau, Hygiène et Assainissement (CN-CIEPA WASH) ont co-animé une conférence de presse ce 16 Novembre 2021. Au cours de cette rencontre avec les journalistes, les conférenciers ont fait le point sur l’accès des populations aux toilettes au Mali.
D’un document technique remis à la presse, il ressort qu’à ce jour, au Mali, seulement 35 % de la population dispose d’un système d’assainissement, et la défécation à l’air libre est pratiquée par 6%, selon le rapport JMP (Joint Program Monitoring) 2020. «Le manque d’assainissement constitue un facteur de risque important pour la sante publique. Il affecte en priorité les populations pauvres et vulnérables », précise le document.
Après avoir reconnu que le secteur Eau Hygiène et Assainissement constitue le parent pauvre au Mali, Drissa Traoré, représentant du ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement Durable, a souligné que la relecture de la politique nationale de l’assainissement est en cours pour pouvoir augmenter la contribution de l’Etat et prendre en compte d’autres aspects spécifiques du secteur. «L’assainissement est très important dans le développement d’un pays», précise-t-il. Selon lui, l’absence de l’assainissement impacte la santé, l’éducation et entraine un changement dans les habitudes alimentaires des populations.
Dans son intervention, Alassane Maïga, responsable des programmes et du plaidoyer de WaterAid Mali, a souligné que la Journée Mondiale des Toilettes est une question de santé et WaterAid travaille avec le Ministère de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement Durable pour soutenir et mieux sensibiliser les populations sur la question. La défécation à l’air libre, selon lui, est due au manque de toilettes. «Le manque d’assainissement pose plus de problème qu’on ne le croit. Il ne s’agit pas d’avoir des toilettes, mais des toilettes propres», ajoute-t-il.
Alassane Maïga estime également que les 3,52 % du budget national du Mali actuellement alloués au secteur Eau Hygiène et Assainissement méritent d’être améliorés. « Il y a eu des progrès, mais il faudrait toujours les améliorer »,souligne-t-il, avant de réitérer l’engagement de WaterAid à accompagner le gouvernement malien dans la mise en œuvre des actions relatives au secteur Eau Hygiène et Assainissement.
Multiplier les efforts par quinze pour atteindre l’ODD6 !
Selon l’OMS, l’approvisionnement en eau potable ainsi que la prise de dispositions permettant d’assurer l’assainissement et les conditions d’hygiène sont essentiels pour protéger la santé humaine lors de toutes les épidémies. «Les populations ne disposant pas de services d’eau, d’assainissement et d’hygiène performants, sont ainsi plus vulnérables aux maladies infectieuses. L’accès aux toilettes sauve des vies, car empêche la propagation de maladies causées par les excréments humains. La Journée mondiale des toilettes vise à sensibiliser le public et les décideurs sur le rôle crucial des toilettes dans la résolution de la crise mondiale de l’assainissement », précise l’Organisation Mondiale de la Santé.
Pour son représentant, Sory Ibrahima Bouaré, quand on parle de toilettes, on parle de santé. «Pour l’atteinte de l’Objectif de Développement Durable (ODD6), il faut multiplier les efforts actuels par quinze (15)», lance-t-il, avant d’ajouter : « Les Toilettes sont non seulement une question de santé, mais aussi une question de dignité et de développement tout cours. L’OMS est engagée et disposée à accompagner le Mali qui est déjà sur la bonne voie. »
Selon le président de la Coalition National-Campagne Internationale pour Eau, Hygiène et Assainissement (CN-CIEPA/WASH), Dounatié Daou, structurellement, il y a beaucoup de défis à relever, car les moyens mis par l’Etat à la disposition de ses services pour accompagner le secteur Eau Hygiène et Assainissement ne suffisent pas. «C’est vrai les moyens sont au-deçà des défis, mais également le comportement des citoyens est au-deçà de la norme », a-t-il soutenu.
Dounatié Daou ajoute aussi qu’il faut repenser toutes les questions relatives à l’assainissement. «Heureusement, il y a des programmes et politiques qui s’annoncent du côté du gouvernement, mais nous avons peur que les mêmes causes ne produisent pas les mêmes effets. Il s’agit des beaux textes sans un accompagnement financier. Nous avons raté les OMD (Objectifs du millénaire pour le développement), il ne faut pas qu’on rate aussi les ODD (Objectifs de Développement Durable) », a-t-il déclaré.
Ousmane BALLO / Afrikinfos-Mali
Last Updated on 16/11/2021 by Ousmane BALLO