L’invité de cette semaine de votre hebdomadaire préféré d’analyses, d’enquêtes et d’informations générales, ‘’Ziré’’, est Dr. Modibo Doumbia, chirurgien thoracique et cardiovasculaire à l’hôpital Mère-Enfant ‘’Le Luxembourg’’ et président du Conseil régional de l’Ordre des médecins du District de Bamako. Dans cet entretien réalisé le 4 novembre 2021, Dr. Modibo Doumbia nous parle des missions du Conseil régional, des erreurs médicales, des causes des crises cardiaques, de la prise en charge des victimes… Aussi, appelle-t-il les populations à faire confiance aux médecins maliens qui ont été formés dans les mêmes écoles que les confrères de l’Europe et du Maghreb. Lisez plutôt l’entretien !
Ziré : Docteur, présentez-vous à nos chers lecteurs.
Dr. Modibo Doumbia : Je suis Dr Modibo Doumbia, diplômé d’un doctorat d’Etat en médecine générale à la faculté de médecine de pharmacie et odontostomatologie du Mali en 2009 et d’un diplôme d’études spécialisées en chirurgie thoracique et cardiovasculaire de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar au Sénégal, en 2017. Depuis juillet 2019, je suis élu président du Conseil régional de l’Ordre des médecins du District de Bamako pour un mandat de cinq ans.
Vous avez fait un excellent cursus universitaire à Dakar. Parlez-nous de cette aventure ?
Mon séjour au Sénégal m’a permis de comprendre beaucoup de choses en médecine et surtout d’avoir une autre façon de faire ma profession de médecin en mettant le malade au centre de mes préoccupations. J’ai également réalisé que dans ce pays, le savoir est respecté et valorisé.
C’est après cette formation que je suis revenu au Mali pour participer à la mise en place de l’unité de chirurgie cardiaque de l’hôpital Mère-Enfant ‘’Le Luxembourg’’, sous la direction du Pr. Mamadou B. Diarra. Cette unité de chirurgie cardiaque est une réalité qui offre des soins chirurgicaux de qualité aux patients maliens et ceux de la sous-région.
Dites-nous Docteur, comment vous vous sentez dans votre peau de médecin, surtout avec les malades ?
Je me sens bien dans ma peau de médecin malien, car nous arrivons à redonner du sourire aux familles tous les jours. Donc, j’en suis fier et c’est le lieu de remercier tous les confrères et collaborateurs maliens, particulièrement ceux de l’Hôpital Mère-Enfant ‘’Le Luxembourg’’.
Quelles sont les missions de l’Ordre des médecins ?
L’Ordre regroupe tous les médecins exerçant les professions médicales au Mali. Il a pour missions l’organisation et la représentation des personnes physiques et morales exerçant les professions de médecin sur toute l’étendue du territoire national. A ce titre, il est chargé de veiller au respect des principes de moralité, de probité et de dévouement indispensables à l’exercice des professions médicales; de veiller à la défense de l’honneur et de l’indépendance de la profession ; de veiller au respect, par tous les membres, des devoirs professionnels et des règles édictées par le code de déontologie ; de donner son avis, à la demande des pouvoirs publics, ou de formuler des suggestions de sa propre initiative sur toutes les questions relatives au secteur sanitaire et enfin de soumettre au ministre chargé de la Santé, toute mesure qui lui paraît propre à favoriser le développement du secteur sanitaire au Mali.
En votre qualité de président de ce Conseil, quel est votre rôle ?
En tant que président du Conseil régional, mon rôle est de veiller au respect des principes de moralité, de probité et de dévouement qui sont indispensables à l’exercice des professions médicales dans le district de Bamako. Il faut tout de même comprendre que le Conseil régional de l’Ordre des médecins est l’organe régulateur de la profession médicale qui garantit le respect de l’éthique et de la déontologie de la pratique médicale à Bamako.
Nous entendons parler, à longueur de journée, d’erreurs médicales. Pour des cas avérés, que fait l’Ordre des médecins ?
Les erreurs médicales existent partout dans le monde. Au Mali, en cas de faute grave liée à la pratique médicale, l’Ordre des médecins siège en formation disciplinaire pour prendre des sanctions allant de l’avertissement ou du blâme à la suspension temporaire ou même définitive. En 2020, nous avons auditionné une dizaine de médecins pour des plaintes des usagers, et quatre sanctions ont été prononcées par le Conseil.
Vous avez fait des études spécialisées en chirurgien thoracique et cardiovasculaire. Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?
Le choix de ma spécialité se justifiait par le déficit de personnel en chirurgie cardiovasculaire en 2011 au Mali.
Parlez-nous des causes favorisant les crises cardiaques ? Y a-t-il des aliments dont la consommation augmente le risque ou y a-t-il des personnes prédisposées ?
Toute douleur de la poitrine doit exiger une consultation cardiologique en urgence. La crise cardiaque ou l’attaque cardiaque ou encore l’infarctus du myocarde, c’est un accident qui est dû principalement à l’augmentation de la graisse dans les vaisseaux sanguins ou athérosclérose.
Mais, il faut également comprendre que les principaux facteurs de risque de l’infarctus du myocarde concernent essentiellement le tabagisme, le taux élevé de cholestérol, le diabète, l’hypertension artérielle, la consommation d’alcool, l’obésité et le surpoids, la sédentarité et le manque d’activité physique, un régime déséquilibré et le stress.
Quels sont les modes de traitement ?
Il existe deux modalités thérapeutiques. La première concerne une coronarographie pour visualiser l’intérieur des coronaires en vue de les déboucher avec des ressorts. La seconde intervention est relative à une chirurgie cardiaque en faisant des pontages aorto-coronariens. Toutes ces interventions sont aujourd’hui faisables à l’hôpital Mère-Enfant ‘’Le Luxembourg’’.
Votre mot de la fin.
Nous avons le plateau technique nécessaire au Mali pour traiter la crise cardiaque sans aller au Maghreb ou en Europe. Nous devons avoir confiance aux médecins maliens, car ils sont formés dans les mêmes écoles que les Européens et Maghrébins. Il faut seulement un accompagnement et une fréquentation de la population des structures de santé.
Entretien réalisé par Ousmane BALLO
Source : Ziré