18 aout 2020 – 18 aout 2021 : un an jour pour jour que le régime d’Ibrahim Boubacar Keita tombait sous la pression d’une irrésistible liesse populaire. Diabolisé par certains et assimilé par d’autres à une entrave à la résolution des crises que connaissait et continue de connaitre le Mali, le président déchu, en spectateur, assiste de son vivant à l’inexorable déliquescence du pays sous le leadership des principaux auteurs de son renversement.
En effet le coup d’Etat du 18 aout 2020, perpétré par le Comité national pour le salut du peuple (CNSP), avait l’augure d’un nouvel horizon, qui depuis tarde à paraitre dans un désarroi presque muet. A six mois de la fin d’une transition qui est allée dans tous les sens avec un bilan plus que mitigé, le Mali peine toujours à apercevoir le début de réalisation de cette grande promesse de rupture avec l’ancien système de gouvernance. Et pour cause, la gestion clanique de l’ère IBK a laissé la place à la militarisation de l’administration, les grèves de syndicats sont restées sur une fréquence plus virulente, l’école demeure aux abois, l’extrême cherté des denrées alimentaires de première nécessité, les valeurs démocratiques foulées aux pieds comme en témoigne l’affaire de la supposée déstabilisation des autorités de la transition inculpant des personnalités de divers horizons ou encore la très récente plainte de Bah N’Daw et de Moctar Ouane contre l’Etat. Ce n’est pas tout. À ce triste décor se greffe l’assujettissement de l’organe législatif à l’exécutif comme en atteste le récent plébiscite du Programme d’action gouvernemental controversé du nouveau Premier ministre, l’inertie de la justice sur les dossiers brulants de corruption, etc. Bref, autant de signaux qui prouvent que la rupture tant martelée par les opposants d’IBK n’est que qu’un mirage devant lequel la population demeure médusée et aphone.
Par ailleurs, en terme de sécurité, les lignes paraissent bouger d’un pouce avec l’armée qui reprend peu à peu confiance – à défaut de monter définitivement en puissance – au bénéfice notamment d’une meilleure gouvernance du secteur de défense permettant ainsi d’équiper les forces à la hauteur de leurs besoins.
Sur un tout autre registre, cette courte période transitoire aura eu le mérite d’étaler au grand jour tous les maux qui minent notre nation, quoique le coup de force contre le successeur d’IBK, moins de neuf mois après son renversement, soit susceptible d’argument militant en faveur d’une non-gouvernabilité du Mali derrière laquelle pourrait se cacher les partisans du président déchu.
Selon toute évidence, malgré la gestion catastrophique du régime déchu, si on mettait les raisons et motifs qui ont conduit au coup d’Etat d’aout 2020 au révélateur des réalités d’aout 2021, force est de reconnaitre que tout ce qui a été reproché au pouvoir renversé est revenu au galop pour entraîner les mêmes frustrations. Les fruits ont trahi les promesses des fleurs, et l’évidence criante est qu’il n’existe ni thaumaturge ni Deus Ex Machina pour sortir le pays de l’ornière en un clin d’œil ou par coup de baguette magique. Cela le peuple l’aura bien compris surtout avec cette terrible incertitude qui hante une sortie heureuse de la Transition.
Ousmane Tiemoko Diakité
Source: Le Témoin
Last Updated on 24/08/2021 by Ousmane BALLO