Pourquoi les compétitions nationales de football n’attirent plus ?: voici les réponses de quelques acteurs sportifs !

Il y a des années maintenant, les compétitions nationales de football n’attirent plus le public sportif malien. Au même moment, celles européennes et même américaines animent l’actualité sportive des acteurs sportifs du pays à longueur de journée. A les entendre parler, l’on a l’impression qu’il n’y a pas de football au Mali, mais plutôt ailleurs. Pourquoi cet état de fait ? Voici les réponses de quelques acteurs sportifs !

Diadié Camara, supporter du Stade malien de Bamako: « De nos jours, le football au Mali a perdu son sens »

« Pour moi, de nos jours, le football au Mali a perdu son sens. Dans les temps passés, les footballeurs étaient là pour les supporters. Ils faisaient tout pour gagner leur confiance. Mais aujourd’hui, tout ce qui intéresse les joueurs, c’est l’argent. C’est la raison pour laquelle, le football malien a perdu tout son sens chez nous au Mali. Le football est un sport qui rassemble, mais ce n’est plus le cas chez nous. Il nous divise plutôt et c’est ce qui fait que beaucoup de gens ne s’y intéressent plus. »

Amadou Cissé, journaliste à fasomali.com: « C’est la qualité des prestations des joueurs qui ne galvanise plus»

« Pour moi, le manque d’intérêt pour le football malien est dû à deux grands facteurs. Le premier facteur, c’est la violence dans les tribunes où les supporters s’affrontent fréquemment. Souvent, ils agressent même les arbitres. Le second facteur, c’est la qualité des prestations des joueurs qui ne galvanise plus les gens au point de se déplacer pour aller suivre les matchs sur les stades. C’est ce qui fait aussi que les sponsors ne s’y intéressent plus beaucoup, car on ne parvient plus à remplir les stades. Or, les sponsors ne sont  intéressés que lorsqu’il y a beaucoup de spectateurs dans les stades »

Mahamoud Cissé, journaliste sportif à la radio Jigui de Kati: « Le problème du football malien est un problème de médiatisation »

« Je pense que le championnat malien, c’est un championnat local qui n’est pas suffisamment professionnel et qui n’est pas non plus médiatisé comme nous le voyons ailleurs. Avec la nouvelle équipe de la fédération malienne de football, il y a eu quelques innovations. Elle a pu signer des contrats avec certaines chaînes de télévision privées qui diffusent des matchs en direct. C’est une innovation qui n’existait pas avant. Cette initiative peut pousser les gens à aller vers les stades. Malgré l’impact de la Covid-19, il y a des fans qui se rendent au terrain. La vérité, c’est que le Malien aime le foot, mais c’est seulement l’organisation qui le décourage. Aujourd’hui, un club de deuxième division en finale de la Coupe du Mali, c’est tout le quartier qui se mobilise pour le soutenir. Je pense que le problème du football malien, c’est un problème de médiatisation et cela dépend essentiellement de l’organisation et des programmes des compétitions initiées par la fédération. »

Lassina Traoré, coach: « On doit aller vers la professionnalisation du championnat »

« On doit aller vers la professionnalisation du championnat national comme dans les pays voisins. Il y a aussi le manque d’infrastructures d’une part, et d’autre part, on crée les clubs et les académies sans réellement avoir les moyens nécessaires. C’est pourquoi, les joueurs ne sont pas dans les meilleures conditions. Ce qui fait qu’ils ne peuvent pas bien jouer et s’ils ne jouent pas bien les gens ne sont pas motivés, donc ils ne vont pas au terrain. »

Souragata Thérera dit Baini, footballeur: « Seulement, deux ou trois grands clubs payent leurs joueurs »

« C’est grave ce qui se passe. On crée les clubs n’importe comment. Il y a des présidents de clubs de football qui ne peuvent même pas prendre en charge financièrement leurs clubs. Seulement, deux ou trois grands clubs au Mali payent leurs joueurs par mois. Dans les autres clubs, les joueurs vivent uniquement des primes de matchs. Il faut que le championnat soit professionnel pour que les sponsors s’intéressent davantage aux clubs. Aussi, les supporters doivent savoir qu’ils ont un très grand rôle à jouer dans la vie d’un club, c’est-à-dire son financement. »

Fatamba Kontaga, supporter: « La fédération malienne de football ne communique pas assez »

« Le football, c’est le sport dominant au Mali, mais je pense que la fédération malienne de football ne communique pas assez. Le championnat n’est pas très bien médiatisé. Pour ce faire, je pense qu’il faut donner les moyens aux médias pour une large diffusion des matchs avant et après pour que le public sportif s’intéresse davantage à l’évènement. Sinon, il y a des fans du football au Mali. »

Abdoulaye Karambé, chauffeur de moto taxi: « Il n’y a plus de communication autour des compétitions nationales »

« Ce sont les matchs de l’équipe nationale qui m’intéressent de plus et c’est le cas de beaucoup de Maliens aujourd’hui, tout simplement parce qu’il n’y a plus de communication autour des compétitions nationales, c’est-à-dire le championnat national ou les coupes. Il faut aussi comprendre que les autres clubs sont marginalisés au profit de l’équipe nationale. Il y a aussi un problème de diffusion dans les chaines de télévision. Si j’ai une bonne mémoire, c’est une seule chaîne qui diffuse aujourd’hui les matchs du championnat national et c’est déplorable. »

Fousseni Koné, commerçant: « Il faut mettre les réseaux sociaux au profit du football »

Moi, je peux dire qu’il n’y a pas assez d’informations autour des matchs, il faut être réaliste. Aujourd’hui, il faut pousser les gens vers les stades en les y invitant à travers les chaînes de télévision, mais aussi sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui, tout le monde possède un smartphone. Donc, il faut les informer à travers ça, afin qu’il effectue un déplacement massif dans les tribunes pour supporter leurs équipes préférées. Donc, il faut mettre les réseaux sociaux au service du football. Je pense que cela engage la fédération, aussi bien que l’ensemble des clubs. »

Propos recueilli Daouda ARAMA

Source : Ziré

 

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