6ème anniversaire de l’Accord pour la paix : la MINUSMA note des avancées significatives

A l’occasion du 6ème anniversaire de la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, Danilson Lopes Da Rosa, chef de l’unité de la médiation de la MINUSMA, a animé un point de presse via vidéo-conférence le 24 juin 2021. Au cours des échanges, il a évoqué les avancées tout en invitant les parties signataires à se faire plus de confiance dans la mise en œuvre dudit Accord.

Dans ses propos introductifs, Danilson Lopes Da Rosa a précisé : « Pour moi, le sixième anniversaire de cet Accord, c’est encore une fois une occasion renouvelée de faire un bilan sur le chemin que nous avons parcouru dans la mise en œuvre des engagements souscrits par les Maliennes et les Maliens. Et maintenant, de voir ou de faire le point sur ce qui reste à faire pour justement atteindre les objectifs stratégiques de l’Accord. Souvent, quand les gens parlent de l’Accord, la première des choses que j’entends, ce sont les critiques. Les gens vous disent que cet Accord est mort, que cet accord n’existe pas, que sa mise en œuvre est lente et tout cela. Je suis parmi ceux qui disent qu’il faut donner la voix à toute personne, qu’il faut écouter. Mais ce que je dis souvent aux gens, c’est que la lenteur même de la mise en œuvre d’un accord fait partie des problèmes inhérents à sa propre dynamique. »

Selon lui, il y a, certes des lenteurs, mais il y a aussi des progrès qui sont en train d’être réalisés et des progrès dans les quatre domaines de la mise en œuvre de l’Accord. « Au moins un des objectifs a été atteint, c’est-à-dire la cessation des hostilités entre les parties. Depuis des années, il y a plus de belligérants sur le terrain. Au début, il y a eu quelques tensions çà et là, mais tout cela a été dépassé au fil des années. Un des ingrédients pour moi, pour une mise en œuvre de l’Accord, c’est l’efficience et c’est la confiance. La confiance nous a fait défaut et c’est le manque de confiance qui a ramené à l’incompréhension, qui a amené à la guerre », a-t-il souligné.

Pour Danilson Lopes Da Rosa, cette confiance ne se décrète pas, elle ne s’écrit pas, c’est à travers les faits et les gestes. «Nous avons vu l’évolution de cette confiance tout au long de ce processus. Il faut faire l’analogie de ce qu’il faut pour construire un immeuble. La fondation prend beaucoup de temps et beaucoup d’énergie et beaucoup d’argent. Mais la plupart du temps, les gens ne voient pas l’énergie dépensée et l’argent qui est dépensé justement pour nous assurer que la fondation soit solide pour qu’ensuite les gens viennent bâtir au-dessus de cela. »

 Des avancées enregistrées…

Parlant des acquis de la mise en œuvre de l’Accord, Danilson Lopes Da Rosa précise : « Ce que nous pouvons voir comme fruit justement de cette confiance renouvelée, c’est à travers les avancées dans les quatre volets de l’Accord. Je pourrais les citer rapidement : vous avez par exemple le volet institutionnel des autorités intérimaires qui sont là. Mais les gens vont vous dire que cette autorité intérimaire est là, mais elle n’est pas efficace. Pour moi, cela fait partie d’un processus. Rien n’est parfait. Nous sommes là pour justement aider à perfectionner tous ces mécanismes que nous avons mis en place et pour moi c’est un processus. Nous avons ces autorités intérimaires et ces autorités intérimaires représentent l’Etat dans les endroits où il n’y était pas. »

Quand on parle du volet défense et sécurité, a-t-il ajouté, nous avons le programme DDR qui est lancé dans le cadre des structures nationales mises en place pour prendre en charge les réformes nécessaires dans le secteur de la défense et de la sécurité, en l’occurrence la Commission nationale du DDR, la Commission de l’intégration et le Conseil national de la RSS. «Avec toutes ces institutions, nous avons aujourd’hui, le MOC qui est mis en place, le Mécanisme opérationnel conjoint. Nous avons aujourd’hui le DDR accéléré de 1 840 ex-combattants qui a été finalisé. Nous sommes en train de voir comment aider nos frères et sœurs maliens à opérationnaliser le bataillon de l’armée reconstituée dans les régions de Gao, Tombouctou, Ménaka et Kidal. Ce sont des avancées concrètes qui sont en train de voir le jour », a-t-il expliqué.

Sur le volet développement, il a précisé que nous avons adopté le texte relatif à la stratégie spécifique du développement des régions du Nord et nous avons aussi le Fond du développement durable et les seize projets qui ont été adoptés et qui vont bientôt voir le jour. «Ces seize projets sont financés à hauteur de 38 milliards de francs CFA. Sur le plan de l’humanitaire et de la justice, nous avons par exemple la Conférence d’entente nationale que nous avons eu, la Loi sur l’Entente nationale et l’opérationnalisation de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation, dont nous avons déjà eu trois auditions publiques et les auditions se poursuivent. Sans oublier la Commission d’enquête internationale qui a déjà conclu son rapport et à la prochaine session du CSA, qui aura lieu le lundi 28 juin, la 43ème session, nous allons faire une présentation sur les recommandations de cette Commission d’enquête internationale », a-t-il ajouté.

Danilson Lopes Da Rosa  a enfin déclaré que beaucoup de choses ont été faites au fil des ans pour justement sensibiliser la population aussi bien au nord qu’au sud pour faire comprendre aux Maliennes et aux Maliens que l’Accord c’est pour tout le Mali, pas seulement les régions du nord. « Beaucoup de choses auraient été faites, mais bien sûr, on peut toujours faire mieux. Et quand on regarde un peu le Dialogue national inclusif, cela a permis aux Maliennes et aux Maliens de discuter de cet Accord. Ce qui est déjà pour moi une bonne chose. » a-t-il fait remarquer.

Ismaël Traoré

Source : Ziré