Alors que la Coalition des forces patriotiques (Cofop) accorde son soutien au Premier ministre Dr Choguel Kokalla Maïga, le Rassemblement pour le Mali (RPM) et le Parti pour la renaissance nationale (Parena) élèvent le ton pour exprimer des objections
Le chef du gouvernement poursuit sa démarche d’ouverture à travers des visites de courtoisie et des rencontres avec des personnalités, institutions et forces vives de la nation. C’est dans ce cadre que Dr Choguel Kokalla Maïga a expliqué, hier à la Primature au cours d’une audience, aux responsables de la Cofop le programme que son gouvernement compte exécuter durant cette période transitoire. La Coalition, dont l’avis a été sollicité par le Premier ministre, était conduite par son président, l’ancien ministre Dr Abdoulaye Amadou Sy.
À l’issue de la rencontre, le président de la Cofop a estimé qu’avec le Premier ministre Maïga notre pays pourra tourner cette page sombre. Cet optimisme s’explique par le fait que lors de la réunion, Dr Choguel Kokalla Maïga et les responsables de la Cofop se sont entendus sur certains points prioritaires : la sécurité, l’organe chargé des élections, la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Parlant de la sécurité, Dr Abdoulaye Amadou Sy a soutenu que l’Armée, la colonne vertébrale de la nation, doit retrouver sa renommée d’antan. Selon le président de la Cofop, la «grande» Armée malienne qui a existé doit être remise sur pied.
Aussi, le regroupement politique a opté pour un organe unique et indépendant pour l’organisation d’élections crédibles. Les responsables de la Cofop ont accordé leur soutien total à Dr Choguel Kokalla Maïga dans cette initiative tout en lui proposant d’aller à la proportionnelle, telle que le DNI (Dialogue national inclusif) l’a recommandé, dans le cadre de l’organisation des législatives. Afin de discuter sur l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, Dr Abdoulaye Amadou Sy soutiendra la tenue d’une conférence nationale qui sera entièrement dédiée à l’ensemble des problèmes de notre pays.
Par contre, il est exclu, selon lui, que les élus d’une région soient élus au suffrage universel. «C’est du jamais vu, à moins qu’on veuille aller à une fédération», a-t-il dénoncé. Également, Dr Abdoulaye Amadou Sy remettra en cause la création des armées régionales. De son analyse, ces armées qui sont en train d’être créées conduisent à l’éclatement de la nation. « Nous ne sommes pas d’accord », a-t-il pesté.
Dans l’ensemble, le Premier ministre et les responsables de la Cofop se sont bien compris au cours des échanges sur la plupart des questions qui ont été posées. «Nous estimons qu’avec lui, on pourra tourner la page. Le Mali pourrait aller de l’avant», appréciera le président de la Coalition. Cet avis n’est pas partagé par le Rassemblement pour le Mali (RPM) et le Parti pour la renaissance nationale (Parena) qui ont manifesté leur opposition à certaines déclarations du nouveau locateur de la Primature. Dans un communiqué publié le 16 juin, le RPM invite le gouvernement à inscrire son action dans l’esprit du discours d’investiture du président de la Transition. Discours auquel le parti réaffirme son adhésion.
À cet égard, le gouvernement devra, «sur la base de la feuille de route, conduire la mise en œuvre des actions prioritaires nécessaires à la réussite de la Transition». Il s’agira, recommande l’ancienne majorité présidentielle, de réussir l’organisation d’élections justes et transparentes aux échéances prévues ; de s’employer à la réduction du train de vie de l’État ; de continuer la mise en œuvre intelligente et efficiente de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.
Continuer, de façon judicieuse, la mise en œuvre des conclusions du Dialogue national inclusif (DNI) ; honorer l’ensemble des engagements pris vis-à-vis des organisations sous-régionales, régionales et la communauté internationale, en général sont d’autres exigences du parti dirigé par Dr Bokary Tréta. «Le RPM s’engage à mener toute action susceptible de garantir la réussite de la Transition dans le respect de la Charte de la transition et de la Constitution», conclut le communiqué.
Partisan d’une transition consensuelle et apaisée, le Parena, dans un communiqué rendu public hier, invite les autorités à s’asseoir avec les représentants des forces vives pour actualiser la feuille de route et convenir des modalités d’organisation des élections devant marquer la fin de la Transition. Le Parena a également appelé «à l’union sacrée des enfants du Mali autour de leur pays en cette période délicate de son histoire nationale».
Oumar DIAKITÉ
Source : L’Essor
Last Updated on 18/06/2021 by Ousmane BALLO