Expulsion et le rapatriement massif de migrants : l’AME dénonce la violation des conventions sur la migration

«L’expulsion et le rapatriement massif : preuve plausible d’une recrudescence de violations des droits des migrants ». C’était là le thème d’une conférence initiée par l’Association malienne des Expulsés (AME) tenue le 29 mai 2021 à son siège à Djélibougou.

Cette conférence débat était animé par le président de l’AME, Ousmane Diarra qui avait à ses côtés, Mme Doumbia Souadou Touré, membre de l’AME et Alassane Dicko, représentant de Afrique-Inter-Acte. On notait également la présence du représentant du Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur, Mohamed Lamine Bané, membre du Conseil National de Transition (CNT ; des migrants fraichement expulsés de l’Allemagne…

A travers cette rencontre, il s’agit pour l’AME et ses partenaires de dénoncer ces pratiques dignes d’une autre époque et d’inviter les pays d’accueil au respect des textes et conventions internationales sur la migration qui interdisent les expulsions massives. Elle a été une occasion de rendre publiques les violations de droits commises par l’Etat allemand et des pays maghrébins envers les personnes migrantes, de conscientiser les populations des enjeux actuels de la migration et enfin de renforcer la capacité des acteurs de la migration sur le plaidoyer et le lobbying.

Les débats ont commencé par une projection de film documentaire sur les conditions d’accueil des migrants dans les camps de Lybie et sur les côtes de la Méditerranée en Espagne. Cette séance a été marquée par les témoignages de trois migrants maliens qui viennent d’être expulsés en ce mois de mai de l’Allemagne. De leurs témoignages, il ressort que Christophe Cissé et Mamadou Traoré ont été expulsés le 11 mai 2021. Ces deux compatriotes ont atterri à l’aéroport de Bamako à bord d’un jet privé, affrété par le gouvernement. La veille (vendredi 28 mai 2021), Mahmoud Kamian avait aussi atterri à Bamako dans les mêmes conditions. Ils ont tous été accueillis et hébergés par l’AME.

Selon l’Association malienne des Expulsés, tout porte à croire que ces expulsions ont eu lieu en méconnaissance du droit international et national relatif à la migration. Pour le représentant du HCEM, 1055 cas d’expulsions ont été enregistrés de janvier à avril 2021. Au niveau de l’AME, plus de 500 cas de retours volontaires et 200 cas d’expulsions ont été signalés.

Les conférenciers ont estimé que certains Etats, dont le Mali, constituent des carrefours pour les migrants internationaux et que les candidats potentiels demeurent les jeunes qui partent à la quête de meilleures conditions de vie. Alors que la migration devrait être perçue comme un facteur de stabilité économique et sociale en raison des contributions importantes qu’elle apporte aux revenus des ménages, des Etats de destination continuent à ignorer les droits que reconnaissent les textes internationaux et régionaux aux migrants.

Le constat, a précisé Ousmane Diarra, est que les migrants en situation irrégulière sont davantage exposés à la discrimination, à l’exclusion, à l’exploitation et à la violence, à toutes les étapes du processus de migration. Ils sont souvent détenus pendant de longues périodes ou subissent de mauvais traitements et, dans certains cas, sont confrontés à l’esclavage, au viol ou au meurtre.

« Ils sont plus susceptibles d’être la cible de xénophobes et de racistes et d’être victimes d’employeurs sans scrupules et de prédateurs sexuels, et peuvent facilement tomber entre les mains de trafiquants et de passeurs. Vulnérabilisés par leur situation irrégulière, ces hommes, ces femmes et ces enfants ont souvent peur ou sont incapables de demander à être protégés ou secourus par les autorités du pays d’origine, de transit ou de destination. En tout état de cause, la situation irrégulière dans laquelle se retrouvent certains migrants internationaux ne devrait pas les priver de leur humanité ou de leurs droits fondamentaux », a-t-il souligné.

Pour le conférencier, la persistance des violations des droits des migrants et l’impunité de leurs auteurs ne résident pas seulement dans le manque d’informations, mais aussi dans l’absence d’une volonté politique soutenue par des actions appropriées de la part des décideurs qui, pourtant, ont solennellement proclamé dans plusieurs textes la nécessité de la sauvegarde des droits des migrants.

A O

Source : Ziré

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