Aujourd’hui, il urge d’accentuer et d’accélérer la qualité de dialogue qu’il faut actuellement avec les groupes terroristes. Quel que soit le compromis que les autorités devraient trouver avec ces terroristes, il est normal d’observer une trêve des deux côtés pour permettre d’instaurer la confiance et engager de vraies discussions. Déjà en mars 2020, après l’annonce du souhait de négocier avec tous les groupes terroristes du pays par le président d’alors, Ibrahim Boubacar Kéita, le chef du Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM), Iyad Ag Ghaly, avait rapidement posé ses conditions. Il s’agissait du retrait pur et simple de la France et l’ONU du territoire malien. « Nous sommes prêts à engager des négociations avec le gouvernement malien, dont le président a annoncé son souhait de négocier avec [le GSIM] afin de discuter des moyens de mettre fin au conflit sanglant entré dans sa septième année à cause de l’invasion des croisés français », avait-t-il déclaré.
Un an après, il est difficile de savoir ce qui a été fait ou ce qui est en train d’être fait. La seule chose dont on est sûr et conscient, c’est que les violences et attaques meurtrières se poursuivent sur le terrain. Aussi, à l’issue du Sommet du G5-Sahel tenu les 16 et 17 février 2021, à N’Djamena au Tchad, le président français, Emmanuel Macron, a-t-il officiellement annoncé le maintien de la force Barkhane dans le Sahel, donc au Mali avec toujours la même priorité : la lutte contre le terrorisme.
Cette situation met le Mali dans un vrai dilemme. Entre la préservation de l’ensemble du territoire national et la sauvegarde de ses intérêts avec la France, le Mali doit choisir. De là, deux vérités se dégagent. La première, c’est que la France et l’ONU ne peuvent pas défaire aussi facilement ces terroristes, le Mali non plus. La seconde vérité, c’est que ces terroristes ne vont pas non plus lâcher aussitôt. Donc quoi que l’on dise ou que l’on fasse, ce sont les populations civiles qui vont subir, d’une manière ou d’une autre, les conséquences du statu quo.
Mais, l’autre réalité dont on parle rarement est que, au cas où la France et l’ONU acceptaient de se plier à leurs doléances, au nom de la paix, ces terroristes vont-ils réellement tenir parole en acceptant d’aller vers des vraies négociations avec les autorités maliennes ? Pour l’instant, rien ne garantit cela. Seulement, le départ des forces étrangères va forcément ouvrir un nouveau fossé pour l’ensemble des groupes armés opérant au Mali et dans le Sahel.
D’ailleurs sur cette question de négociations, les autorités de la transition ne se sont pas encore montrées suffisamment claires. Dans une interview accordée, le 5 mars 2021, à notre confrère RFI, le Premier ministre, Moctar Ouane, a laissé entendre :« D’abord je voudrais préciser une chose, c’est que, sur la question du terrorisme, la position de principe du gouvernement du Mali est que nous condamnons fermement le terrorisme et nous le combattrons énergiquement. Et cela dit, pour ce qui concerne le dialogue engagé avec les groupes terroristes, je voudrais aussi rappeler que ceci constitue une recommandation très forte de notre peuple à travers le Dialogue national inclusif, mais aussi les Journées de concertation nationale de septembre 2020. Je ne voudrais pas en dire plus sur ce sujet, compte tenu de sa sensibilité. »
Donc, c’est dire que nous avons encore du chemin à faire pour la stabilité et la paix définitive dans notre pays.
Ousmane BALLO
Source : Ziré