Kangouyé Doumbia à propos de la célébration du 08 mars : « Nous servons de projets aux femmes instruites »

Le Mali, à l’instar de la communauté Internationale, a célébré ce lundi 08 mars, la Journée internationale de la Femme. En marge des activités de cette journée à Bamako, nous avons rencontré Kangouyé Doumbia, une femme vivant avec handicap et qui frôle les soixante ans. Elle nous fait part de son désespoir.

Le 08 mars est une journée qui tire ses origines dans les années 1857 de la révolte des ouvrières dans des usines de textile à Chicago aux Etats-Unis d’Amérique. Depuis, la journée est devenue l’occasion de réflexion pour l’amélioration de conditions de vies des femmes. Une réalité qui a tendance à perdre ses origines ici au Mali. Si la date n’a jamais été oubliée, la manière de la célébrer et les personnes cibles posent souvent problème. Le folklore a pris le dessus sur les vrais enjeux faisant de la journée une affaire de grosse pointure, tout en oubliant celles qui sont plus dans le besoin.

Ce lundi matin, tous les regards étaient tournés vers le Centre International de Conférences de Bamako (CICB) où devait se tenir la cérémonie officielle du lancement de ladite journée. Des femmes ministres, des membres du Conseil National de Transition (CNT), des élues communales, des entrepreneures, etc. étaient toutes là, bien sapées.  De grosses voitures, du bazin Getzner et autres pagnes confectionnés à l’occasion de la journée… Bref, il ne manquait presque rien pour que la fête soit belle, mais surtout pour attirer l’attention des autres. Sauf que, à quelques mètres de là, dans les rues de Bamako, nous rencontrions des femmes en manque du nécessaire vital élémentaire. C’est le cas de Kangouyé Doumbia, une femme vivant avec handicap.

Le 08 mars, une duperie nationale ?

Restée en marge, Kangouyé Doumbia, âgée d’environ soixante ans, estime que la célébration de la Journée du 08 Mars au Mali est une réalité, mais les discours tenus lors des cérémonies restent des coups de bluff. « Nous entendons beaucoup parler du 08 Mars. Dans les radios, les télés, même dans la rue. C’est une réalité que la Journée est célébrée au Mali. Cependant, tout ce qui se dit à propos de cette Journée est totalement faux. Tout se limite aux femmes qui sont aux affaires, sinon les femmes fonctionnaires et instruites, alors que celles qui sont dans le besoin sont les non instruites, les femmes ménagères, les femmes rurales et surtout les femmes en situation de handicap comme moi. Je pense que vous comprenez ce que je veux dire. Pire encore, chaque fois que ces dates approchent elles (les femmes en charge de l’organisation de la Journée) viennent rencontrer certaines d’entre nous et nous disent que c’est pour nous aider ou nous accompagner. Mais après, elles disparaissent sans jamais donner une suite. Cela est une trahison, une arnaque. Sinon, je dirais même qu’elles nous marchandent. Donc, nous servons des projets à ces femmes instruites », a-t-elle souligné, le regard triste.

« Je sollicite leur générosité »

De Kalabanbougou, Kangouyé Doumbia se retrouve actuellement à Wolofobougou en Commune III du District de Bamako. Handicapée de pieds, Mme Doumbia passe sa journée dans son vieux tricycle. Son quotidien est de quémander pour avoir de quoi se nourrir. « J’ai à peu près soixante ans et j’ai vécu tout ce temps comme ça. J’avais eu un enfant qui est décédé dans la fleur de l’âge. C’était mon seul espoir de la vie. Mais, c’est Dieu qui décide. Autrefois, j’avais un peu de force pour être plus mobile, mais ce n’est plus le cas. Vous comprenez ? Tout ce que je demande aujourd’hui, c’est l’aide des personnes de bonne volonté et des autorités. Dans ce quartier, il y a des femmes qui travaillent à la mairie et dans d’autres services ; je sollicite leur générosité. A l’occasion de cette journée, je demande à toutes mes sœurs qui ont un peu plus de moyens de penser à moi et aux autres femmes vivant avec handicap »,a-t-elle ajouté.

Amadou Kodio    

Source : Ziré

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