Nana Akufo-Addo réélu à la présidence du Ghana d’une courte tête

Le président ghanéen Nana Akufo-Addo a été réélu mercredi 9 décembre face à son rival politique historique John Mahama, qu’il affrontait pour la troisième fois, à l’issue d’un scrutin extrêmement serré.

À 76 ans, le président Nana Akufo-Addo, ancien avocat des droits de l’Homme et réputé pour son sens de la diplomatie, a été reconduit mercredi 9 décembre pour un second mandat à la tête du Ghana, à l’issue d’un scrutin très serré.

Il affrontait son ennemi politique de toujours, John Mahama, homme réputé être proche du peuple, qui avait lui-même dirigé le pays d’Afrique de l’Ouest de 2012 à 2016.

Le chef de l’État, leader du Nouveau parti patriotique (NPP) remporte 51,59 % des voix contre 47,36 % pour le candidat de l’opposition du Congrès national démocratique (NDC), a annoncé Jean Adukwei Mensa, présidente de la Commission électorale dans une video diffusée en direct sur les réseaux sociaux. Seules 515 524 voix séparent le président Akufo-Addo de son prédécesseur M. Mahama, devenu chef de l’opposition en 2016.

Un bilan économique flatteur

Le visage rond affublé de petites lunettes, Akufo-Addo se présente souvent de bonne humeur et jovial, mais toujours très sûr de lui et tenace.

Dans un discours historique qui avait fait le tour des réseaux sociaux en 2018 lors de la visite d’Emmanuel Macron à Accra, il avait demandé aux Africains de se débarrasser de cette mentalité de dépendance, cette mentalité qui nous emmène à nous demander ce que la France peut faire pour nous.

En tentant de s’aligner sur les grands présidents panafricanistes ghanéens comme Kwame Nkrumah ou Jerry Rawlings, Akufo-Addo a redonné au Ghana une place importante sur la scène régionale, en conduisant d’importantes missions de médiation en Guinée ou au Togo, pays voisins troublés par de graves crises politiques et sociales.

Il a également lancé une grande campagne de sensibilisation Outre-Atlantique pour promouvoir le retour des Afro-Américains, descendants d’esclaves, les encourageant à vivre et investir sur la terre de leurs ancêtres.

Le bilan économique de son premier mandat reste également plutôt positif, et il a essayé de diversifier une économie dépendante des ressources premières (or, cacao et, plus récemment, pétrole), et d’alléger les taxes dans le secteur privé pour encourager les investissements.

Mais si le Ghana a enregistré parmi les taux de croissance les plus élevés au monde, il a été durement touché par la crise du coronavirus après un confinement parmi les plus stricts en Afrique, et sa croissance devrait retombée à 1,5 % cette année, son taux le plus bas depuis 37 ans.

Avocat, député, ministre…

Né en 1944 à Accra, la capitale, Nana Akufo-Addo a grandi dans une famille de l’élite nationale et il a été biberonné à la politique dès son plus jeune âge, sa maison faisait office régulièrement de siège de parti.

Son père, Edward Akufo-Addo, a été lui-même président à la fin des années 1960, et fait partie des « Big Six » (les « Six Grands »), expression qui désigne les pères de l’indépendance et de la nation ghanéenne, l’ex-Côte de l’Or, colonie britannique.

Il fait ses études à Londres, où naît son inébranlable passion pour le club de football de Tottenham, et d’où il tire son accent britannique particulièrement soigné.

Avocat spécialisé dans les droits de l’Homme, il a exercé en France et en Angleterre avant de revenir au Ghana. Mais ce n’est qu’en 1992, lorsque le pays a retrouvé la démocratie après des décennies de régimes militaires, que Nana Akufo-Addo s’engage auprès du Nouveau Parti patriotique (New Patriotic Party, NPP).

Au long de sa carrière, en tant qu’avocat, puis député et ministre, il bâtit sa solide réputation de pourfendeur anti-corruption et d’opiniâtreté, ternie récemment par la démission d’un procureur spécial le mettant directement en cause et l’accusant de faire obstacle à sa mission.

Ce second mandat risque d’être terni par la crise du coronavirus et par une forte hausse du chômage, qui reste l’un des enjeux majeurs dans le pays.

Ses promesses sont restées relativement modestes, note Kwesi Jonah, politologue pour l’Institut ghanéen de Gouvernance démocratique. Mais elles sont réalistes. […] Il sait qu’il va être très difficile de trouver de l’argent.

SOURCE: https://www.ouest-france.fr/