Mine souterraine de Gara : À la découverte de l’autre monde des miniers

Les camions d’une capacité de 16 à 45 tonnes descendent à 400 m de profondeur pour transporter le minerai. Ici, on communique grâce à la radio et à la lumière des lampes électriques

Il est presque 11 heures ce lundi matin à Loulo, Région de Kayes, Cercle de Kéniéba. Une équipe de journalistes participe au traditionnel média briefing qu’organise la compagnie Barrick Gold Corporation. Visiblement enthousiastes, les hommes de médias franchissent le seuil de l’entrée de la mine d’or de Gara. Tout sourire, le chargé de sécurité, de taille moyenne, est à l’accueil. Abdoul Aziz Ouattara, c’est son nom, nous conduit dans une chambre isolée où seront données les orientations sur les modalités de la visite de cette mine souterraine.

Les consignes strictes et explications fournies à cet effet révèlent l’intérêt et l’importance que la compagnie minière accorde au respect des mesures de sécurité. En la matière, cette zone qui regorge un trésor immense, est placée sous haute surveillance 24h/24h. Pour y accéder, travailleurs et visiteurs se soumettent à un protocole de sécurité. Il faudrait par exemple passer par le poste de contrôle tenu par des agents de sociétés de gardiennage.

Le port de la ceinture de sécurité, du casque équipé d’une torche pour faciliter la communication à l’intérieur, des bottes pour se protéger contre les inondations à certains endroits, est obligatoire. Employés comme visiteurs doivent porter des lunettes pour se protéger de la poussière et être munis d’une bouteille de gaz à oxygène pour faciliter la respiration. Ceux qui supportent mal les sonorités bouchent les oreilles à l’aide de bouchons. En plus, il est interdit de fumer dans le secteur.

Et au fur et à mesure que l’on s’approche de la mine, la peur semble gagner les rangs. L’angoisse cède peu à peu le pas à la curiosité. Notre guide fait tout pour nous rassurer. Il explique que la compagnie a mis en place de nombreux systèmes de contrôle afin de réduire tout danger. «Certains de ces risques sont liés aux mouvements des engins lourds, aux éboulements, aux incidents, aux explosions, à la forte sonorisation, aux inondations, sans oublier le gaz qui se dégage à certains endroits», énumère le chargé de sécurité de la zone. Il ajoute qu’un test de dépistage d’alcool et de drogue est en place pour tous les employés, les entrepreneurs et les visiteurs de la Société des mines d’or de Loulo (Somilo).

SYSTÈME DE ROTATION- Après ce bref éclairage, survient le moment décisif : descendre dans la mine souterraine. Avant cette étape, les visiteurs enfilent des combinaisons (pantalon de couleur bleue et chemise rouge). Finie cette formalité, nous nous dirigeons vers des voitures 4X4, garées non loin de l’entrée de la mine. Où des bouts de caoutchouc numérotés sont déposés dans un coffre. Ceux-ci permettront, à la sortie, au chargé de sécurité de savoir que tout le monde est présent. Car, «chacun remettra sa clé à la sortie».

À 13 heures, nous sommes dans la mine souterraine de Gara. Des jeux de lumière scintillent un peu partout. Les routes qui vont dans tous les sens, sont empruntées par des camions, des engins lourds et des petites voitures. Le respect strict du code de la route est de rigueur, notamment au niveau des virages. La circulation y est rythmée à coups de klaxon.

Dans ce sous-sol de Gara, Barrick dispose d’équipements à la pointe de la technologie.

La compagnie utilise des méthodes modernes d’exploitation minière : forage de développement avec jumbo, forage, dynamitage de production, chargement et camionnage, forage d’échantillonnage, système de gestion d’eau et de ventilation, etc. Des bureaux y sont aménagés avec toutes les commodités nécessaires (frigo bien garni, salle de repos, dispensaires, etc. «Rien ne nous manque ici. Nous travaillons 12h/12h selon un système de rotation. Chaque équipe travaille durant quatre jours et observe quatre jours de repos. Le travail dans la mine souterraine demande beaucoup d’efforts», explique Abdoul Aziz Ouattara.

À l’intérieur de la mine, impossible de recevoir des appels téléphoniques. Comment les agents qui y travaillent parviennent-ils à communiquer entre eux et avec l’extérieur, interrogent les journalistes. «Nous disposons de radios dans chaque véhicule. Tous les travailleurs en possèdent. Souvent quand la radio fonctionne mal, la torche sert de moyen de communication. Le bruit tout comme la lumière, révèlent une présence humaine», répond le guide.

400 M DE PROFONDEUR- Pendant ce temps, des camions transportent le minerai vers un concasseur mesurant environ 50 cm et qui alimente le tapis. à côté, se trouve une radio permettant aux miniers de saisir le fonctionnement du broyeur afin de parer à toute interruption de travail. De l’autre côté, est installé le cracheur.

Les camions pouvant transporter entre 16 à 45 tonnes de minerai descendent à 400 m de profondeur pour transporter le gisement à la surface de la terre. Sur des roches issues des ruines d’explosions, brillent des pépites d’or. «Pouvons-nous partir avec un petit morceau», demande un confrère. «Non, c’est interdit même aux travailleurs de la mine», sourit un guide. Il explique que c’est au terme de tout ce processus que les minerais sont amenés à l’usine pour traitement afin d’en extraire l’or brut qui sera vendu sur le marché.

De retour à la surface, nous sommes éblouis par les rayons solaires. Une envie soudaine de retourner sous le sol se manifeste en nous. Chacun se frotte les yeux pour pouvoir mieux voir. Les brouillards ainsi dégagés, nous mettons le cap sur le champ solaire de Gounkoto. Il est presque 14 h. L’ingénieur-électricien Mamadou Guissé et son équipe composée d’hommes et de femmes, sont là à l’accueil. Installé sur une superficie de 56 ha avec une puissance de 20 MW, ce champ solaire réduit considérable la part du fuel dans la production d’électricité.

«Le champ solaire de Loulo compte environ 53.360 panneaux solaires d’une durée de vie de 25 ans et qui se déplacent en fonction du soleil», explique-t-il. Il emploie 30 personnes et est connu comme étant les 3è et 4è sites dans toute l’Afrique avec une économie de 10 millions de litres de gasoil par an dont 40 tonnes de COD. Diminuant ainsi considérablement les coûts d’exploitation et de production.

Qu’est-ce qui explique l’absence du personnel féminin dans la mine souterraine ? «Les femmes préfèrent travailler dans les services techniques, dans les bureaux que d’être présentes sous le sol. Mais, comme les hommes, elles occupent des postes de responsabilité», répond le président directeur général de Barrick Gold Corporation. Dr Mark Bristow intervenait lors de la conférence de presse qui précédait la fin du séjour.

Fadi CISSÉ

Source: L’Essor 

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