Cour d’assises : Des accusés aux mœurs légères à la barre

Le premier a comparu pour tentative de sodomie sur mineur. Et le second pour avoir eu des rapports intimes avec sa victime sans le consentement de celle-ci. Chacun d’eux en a eu pour son compte

Il venait de passer quatre années derrière les barreaux avant de comparaître devant les juges au deuxième jour des travaux de la cour d’assises. Heureusement pour lui, le nommé ON est ressorti libre de ses mouvements du tribunal aux termes de son procès. La cause. Ce plombier quadragénaire, originaire de Niono (Région de Ségou) a déjà purgé la peine à laquelle les juges venaient de le condamner à l’issue de son jugement pour son implication dans une histoire de sodomie sur un mineur âgé de 13 ans au moment des faits.

Selon l’acte d’accusation, les faits se sont passés plus précisément dans la nuit du 18 mars 2016, quelque part à Hamdallaye, en Commune IV du district de Bamako. C’était aux environs de 22 heures cette nuit-là. ON qui errait dans le quartier très probablement à la recherche d’une proie facile, a fini par s’asseoir sous un arbre, attendant sa chance. Durant cette attente, sa pulsion ne faisait que croître au fil des minutes.

Il a finalement décidé de se mettre quasiment à nu sous l’arbre dans une obscurité ambiante. Mais peu de temps avant de se débarrasser de ses tenues, il avait constaté la présence d’un garçonnet dans les alentours. Sans hésiter il fit appel à ce bambin identifié plus tard comme AB, âgé seulement de 13 ans. En bon fiston, le petit s’est empressé pour aller répondre à l’appel de celui qui a l’âge de son tonton. Jusque-là, tout semblait normal sous l’arbre. Mais, l’anormal s’est produit dans la tête du garçonnet (comme pour quiconque d’ailleurs) lorsqu’il s’est approché de ON. Il a trouvé que ce dernier s’était presque débarrassé de tous ses vêtements pour l’attendre.

Arrivé à côté de son futur bourreau, le garçon a été pris de cours par celui-ci. C’est comme cela que ON lui a pris par les deux mains pour essayer de le faire asseoir sur ses jambes alors qu’il lui avait déjà enlevé sa culotte dès qu’il s’est approché de lui. Totalement confus, le bambin ne comprenait rien dans cet étrange jeu dans lequel le plombier voulait le faire participer. Aussitôt il s’est mis sur la défensive. Il a commencé à se débattre comme un beau diable contre les assauts de ON. Celui-ci tentait de le forcer pour entretenir des relations sexuelles avec lui. Et sans autre forme.

Pendant que le plombier est occupé à vouloir coûte que coûte satisfaire sa libido, un véhicule de patrouille des policiers s’immobilisa juste non loin des lieux. « Seul Dieu le Tout Puissant sauve un enfant), dit-on. Et ce garçonnet n’a dû son salut qu’avec l’arrivée impromptue des policiers comme si quelqu’un les avait averti. Comme un « malheur n’arrive jamais seul » non plus, le plombier venait d’être pris sur les faits par des agents assermentés. Chose qui lui a bloqué toutes tentatives de négation des faits.

Une fois à la barre, le présumé auteur des faits n’a pas cherché à faire le faux fuyant. Il les a reconnus, tout simplement. Comme tout accusé, il n’avait qu’à s’expliquer pour avantage éclairer la lanterne de la cour avant que les jurés ne se prononcent définitivement sur son cas. C’est comme cela qu’il a tenté de donner des explications apparemment trop simplistes. Il a ainsi dit que la nuit où les faits se sont passés, il était effectivement en compagnie de sa petite victime. Mais, soutient-il mordicus, c’était dans l’intention d’envoyer celle-ci dans la rue adjacente pour une commission personnelle.

Mais bizarrement, juste à partir de cette brève explication, l’accusé a commencé à mélanger les pédales. Dans la même veine, il a poursuivi qu’au moment où il s’apprêtait à commettre son acte, que les patrouilleurs ont coïncidé avec la scène décrite plus haut. Plus grave, le plombier n’a pas voulu faire traîner les choses. Il a directement avoué qu’il a agi sous l’effet de l’alcool avant d’exprimer son « profond regret ».

C’était autour de la victime de passer à la barre pour sa narration. Très brièvement, le bambin dira ceci : « Ce monsieur m’a appelé pour me demander d’aller lui acheter quelque chose dans la boutique dans l’autre rue. Et lorsque je suis venu il m’a traîné de force pour me faire asseoir sur ses jambes », a lancé le petit apparemment sans crainte.

Dans son réquisitoire, le parquet, après avoir relaté les faits tels qu’ils semblent s’être passés, à requalifié les faits en tentative de viol. Selon le magistrat, la cause est simple et très claire. « Lorsqu’il a tenté de baisser la culotte du petit, la police s’est présenté sur les lieux ».

Sans vouloir polémiquer, le parquet a requis que le plombier soit maintenu dans les liens de l’accusation. Cela au vu des faits tels que précédemment relatés. Le conseil de l’accusé ne pouvait que se réjouir avec cette requalification de la scène par le parquet lui même. C’est pourquoi, la robe noire a plaidé pour des circonstances atténuantes en faveur de son client. Visiblement sa plaidoirie n’est pas tombée dans les oreilles d’un sourd. Notamment celles de l’avocat général qui a requis l’application de l’article 18.

Revenu à la charge, le conseil de l’accusé ayant compris qu’il va bénéficier de circonstances atténuantes, est allé jusqu’à plaider l’acquittement de son client. Et apparemment, il semble avoir obtenu ce dont il avait besoin. La cause. Après délibération, la cour a condamné son client à 4 ans de prison ferme. Peine qu’il a déjà purgée en détention. C’est pourquoi, le plombier est sorti libre de la cour pour regagner son domicile….

Tamba CAMARA

.…À la suite du plombier, c’est un certain AT qui a comparu à la barre pour son inculpation dans une histoire de pédophilie. Des faits prévus et punis par les dispositions des articles 228 alinéa 1 et 2.

C’était courant 2018 à Bamako-Coura en Commune III du District de Bamako. Le nommé AT venait de faire connaissance d’avec sa future victime DD. Tailleur de son état, AT qui partageait le même immeuble que la demoiselle, engagea cette dernière pour ses petits travaux d’entretien de sa chambre. « Le rapprochement crée l’amour », dit-on. C’est ce qui arriva à notre tailleur qui a fini par éprouver un sentiment envers la nommée DD. Et tout est allé très vite entre les deux.

Un jour, lorsque DD était en train de faire l’entretien de la chambre de AT, ce dernier y a fait irruption en refermant très rapidement la porte. Dans la foulée, il saisit la demoiselle avec la ferme intention d’entretenir un rapport sexuel avec elle de force. La jeune fille qui semblait ne pas être partante pour une telle pratique, aurait vivement protesté. Elle aurait crié de toutes ses forces pour s’échapper. En vain. Par finir, le tailleur est parvenu à ses fins. Il a entretenu le rapport intime avec la jeune fille sans le consentement de cette dernière.

Les choses auraient pu s’arrêter là, si le tailleur n’avait pas réédité les mêmes pratiques à maintes reprises. Avec le temps, c’est la mère de la jeune fille qui a fini par soupçonner que quelque chose d’anormal se passait chez son enfant. Tenace, cette vieille dame a cherché à comprendre, non seulement ce qui n’allait pas chez DD du point de vue sexuel. Mais aussi et surtout qui en était le responsable. C’est ainsi qu’elle a été orientée vers AT. Interrogé, ce dernier a aussi confirmé les suspicions de la mère de sa victime. Il a reconnu avoir entretenu des rapports intimes avec la fille. Mieux, il a soutenu mordicus que celle qu’on présente comme une victime, était consentante durant toutes les quatre fois qu’ils sont passés à l’acte. Pour l’accusé, la raison était tout simplement due au fait qu’il lui avait promis le mariage.

à la vue de la jeune fille à la barre, des murmures fusaient de partout. La cause. Ils étaient nombreux dans la salle à se poser la question de savoir comment une grande fille comme DD pouvait affirmer avoir été violée à quatre reprises par un homme dans les mêmes conditions et durant un temps relativement plus ou moins long. Finalement, le procès du tailleur s’est tenu à huis clos. Les juges l’ont condamné à trois ans de prison dont deux déjà purgés. Il doit rester derrière les barreaux encore pour une année avant de retrouver l’air libre.

T. C

Source: L’Essor