Faits divers : Victime de son imprudence et de sa cupidité

« Toute mort est pénible. Mais certaines le sont plus pour les survivants », dit-on. Cette maxime sied bien avec notre fait du jour. A seulement quelques heures de la fête de Tabaski qui vient de passer, c’est une mort subite qui a endeuillé une famille d’un secteur de Djicoroni-Para, en Commune IV du District de Bamako.

Les périodes de fête sont généralement très mouvementées dans la cité. Chacun veut gagner le maximum d’argent à se mettre en poche pour bien passer cette période de réjouissance populaire. « M » est un handicapé moteur connu par les voisins du quartier comme un jeune homme très courageux. Il est loin d’être du genre à se laisser abattre par son infirmité. Il a choisi d’être un aiguiseur de lame de couteau et autre machette. Pour cela, il a mis le paquet pour se doter d’un aiguisoir, cet instrument qui permet de rendre les outils cités beaucoup plus tranchants. Nul besoin de dire que ce travail attire de nombreux de clients à l’approche des fêtes de Tabaski. Durant cette période, ils sont nombreux nos compatriotes qui ont recours aux services de ceux qui exercent ce métier dans la ville.

Certains le font en se déplaçant avec leur aiguisoir sur l’épaule à la recherche d’éventuels clients à travers les quartiers. Mais le nommé « M » lui a choisi d’exercer son métier dans un atelier qu’il a cherché et obtenu quelque part dans le quartier. Handicap physique oblige. Plus ou moins régulièrement, de nombreux clients (notamment des ménagères) ont recours à ses services. Le bonhomme gagne bien sa vie dans ce travail. Inutile de dire que son gain a été multiplié à l’approche de la fête. Mais, comme toute personne, le courageux M, bien que perclus des membres inférieurs, semble être quelqu’un qui est parfois avide d’argent. Son souci reste de gagner toujours beaucoup. Bref, la cupidité semblait avoir pris le pas sur ses autres qualités. Et cela est connu de tous ceux qui l’ont côtoyé dans le quartier. La fête de Tabaski est une occasion en or pour lui pour multiplier ses chances de rentrée financière.

Pour cela, le handicapé a imaginé un appareil mécanique qui puisse lui permettre d’aiguiser plusieurs couteaux et/ou machettes à la fois. Donc de multiplier ses chances de gagner beaucoup plus d’argent. Il a bricolé une machine qui tourne avec de l’électricité. Il s’est servi d’une vieille dynamo qui trainait quelque part chez des mécanos, avec l’idée de faire tourner sa machine avec cette pièce électromécanique. Il se trouve que la dynamo en question était défectueuse. Et « M » avait été mis en garde par des connaisseurs du voisinage contre l’usage qu’il envisage d’en faire. Mais rien n’y fait, notre bonhomme ne voyait que l’argent que cela pouvait lui rapporter au cas où ça marche. C’est comme cela qu’il s’est entêté à mettre au point sa machine artisanale dans l’intention de la faire fonctionner avec la vieille dynamo retirée d’un véhicule. Tous les conseils que les voisins lui ont donnés semblaient tombés dans l’oreille d’un sourd.

Ce jour-là, dans son atelier, tout est allé vite. Durant des minutes le jeune homme s’activait. à un moment donné, « M » était certain (presqu’à cent pour cent) que son « invention » fonctionne bien. Dans la foulée il a fait appel à un jeune frère du quartier que nous désignerons par son initiale « B ». Il propose à ce dernier de lui prêter main forte, juste pour que le courant passe dans sa machine pour faire tourner l’aiguiseur. Ce jeune qui le connaît bien, n’a rien vu de grave dans ce service que ce perclus, courageux « M » lui a demandé.

Une fois dans l’atelier, il demande au garçon de bien tenir la machine avec ses bras. Lui même se charge d’appuyer sur le compteur électrique fixé au mur pour envoyer l’électricité dans la machine. Une première tentative échoue. Dès qu’il a appuyé sur le bouton, le compteur a sauté et la fourniture de courant a été interrompue dans l’atelier. Cela n’a pas découragé le bonhomme dans son projet. Il a tenté une seconde fois, sans succès. La troisième tentative a été la dernière. La cause ?

Dès qu’il a appuyé sur le bouton du compteur, la dynamo a éclaté dans un bruit assourdissant audible à plusieurs dizaines de mètres des lieux. Malheureusement, les éclats de ferrailles ont atteint « B » qui maintenait la machine entre ses bras. Certaines sources expliquent que le malheureux a eu un trou béant au niveau de son crâne et de nombreuses petites blessures sur plusieurs parties de son corps. Quant à « M », lui même, il s’en est sorti avec une main complètement réduite en bouillie de chair et d’os. Dans la foulée, le nommé B a été conduit à l’hôpital où son décès a été constaté juste à son arrivée. Imaginez le chagrin de ses proches. Surtout en cette veille d’une réjouissance populaire.

Tamba CAMARA

Source: L’Essor