Présidence de l’Assemblée nationale : Timbiné à l’épreuve !

Le 11 mai 2020, l’honorable Moussa Timbiné a été élu président de l’Assemblée nationale. Il aura fallu beaucoup de tractations et même de compromis politiques pour en arriver là. Désormais, c’est lui qui tient le marteau du perchoir et devient ainsi la deuxième personnalité de la République, après le chef de l’Etat.

Avec 134 voix contre huit (8) pour son challenger, Moussa Mara du parti Yéléma, l’honorable Moussa Timbiné, député RPM élu en Commune V du District de Bamako, devient le président de l’Assemblée nationale à l’âge de 46 ans. Cette consécration est le fruit de plusieurs tractations, d’abord à la base jusqu’à l’Hémicycle. Celui qui s’appelle et qui se fait toujours appelé jeune bien qu’il soit hors du ratio d’âge de la jeunesse, a la lourde tâche de présider la deuxième institution de la République.

«Chers collègues, en me choisissant, vous optez pour l’innovation en  magnifiant ainsi la jeunesse malienne. Je mesure la lourde tâche et je l’accepte avec beaucoup d’humilité. Je ferai tout pour être à la hauteur de cette fonction… », a-t-il déclaré dans ses propos liminaires juste après son élection. Oui ! Une innovation, mais surtout être à la hauteur des missions qui lui sont consignées par la Constitution de notre pays, en tant que président de la  deuxième institution. C’est de cela qu’il s’agit aujourd’hui.

Bien qu’il soit solide au sein du RPM, Moussa Timbiné ne semble pas être très rassurant en terme de probité intellectuelle aux yeux de la plupart des citoyens pour pouvoir diriger l’Hémicycle à hauteur de souhait. Mais pour l’heure, rien ne peut le justifier. Seulement, le temps nous édifiera. La réalité est que son parcours à l’université de Bamako en qualité de membre zélé de l’Association des Elèves et des Etudiants du Mali (AEEM) et sa prise de position au sein de la Section RPM de la Commune V du District de Bamako ainsi qu’au Bureau Politique National, les observateurs ont pu constater en lui une personnalité influente, engagée et courageuse, mais qui a toujours besoin de temps pour bien se perfectionner.

Un plébiscite très suspect !

Même son successeur, Issaka Sidibé, n’a pas eu un score pareil en janvier 2014, lors de son élection à la tête de la cinquième législature, alors que son parti, le RPM, avait 66 députés contre 51 cette année. Si Moussa Timbiné a pu obtenir 134 voix contre huit (8) pour son adversaire, Moussa Mara du parti Yéléma, trois (3) bulletins nuls avec deux (2) absents, Issaka Sidibé, quant à lui, avait été élu en 2014 avec 115 voix contre onze (11) pour son challenger d’alors, Oumar Mariko, 20 bulletins blancs et un bulletin nul.

Au regard des résultats de Moussa Timbiné contre Moussa Mara, l’on constate que même des députés des partis de l’opposition, principalement ceux de l’Union pour la République et la Démocratie (URD) ont voté pour lui. D’autant plus que sur  les 145 votants dont 18 de l’URD et trois (3) du parti Sadi (tous de partis de l’opposition qui n’ont pas signé l’accord politique du 2 mais 2019), Moussa Mara n’a eu que huit (8) voix et trois (3) bulletins ont été déclarés nuls. La question que l’on peut se poser, c’est qu’en plus des trois (3) bulletins nuls et les cinq (5) élus qui ont probablement voté pour Mara (puisque Yéléma n’a que trois députés à l’Assemblée), au moins dix députés de l’opposition, surtout de l’URD ont voté pour Moussa Timbiné.

En terme clair, les 18 députés de l’URD et les trois de Sadi font 21. A l’issue du vote, il n’y a eu que trois (3) bulletins nuls que l’on pourrait attribuer à l’opposition (d’aucuns disent même qu’ils sont du parti Sadi). Alors si Mara n’a eu que cinq voix supplémentaires, donc les autres élu de l’URD ont voté pour Moussa Timbiné. Pour quel deal ? Difficile de le dire pour l’instant, d’autant plus que leur parti n’est ni membre de la majorité présidentielle, encore moins signataire de l’accord politique du 2 mais 2019.

La seule chose qu’il faut reconnaître, c’est que l’honorable Timbiné a bien préparé son coup et l’a également bien réussi. Maintenant, au-delà des honorables députés à l’Assemblée nationale qui semblent le mettre à l’épreuve, Timbiné doit aussi savoir que tout le peuple malien l’observe désormais et que rien ne pourra être certainement comme avant. L’Assemblée nationale ne doit plus être un QG des partis et regroupements politiques pour dire oui ou non lorsque cela les arrange, c’est-à-dire défendre les intérêts personnels, mais plutôt une maison du peuple, où les besoins réels des citoyens sont mis en avant.

Ousmane BALLO

Source : Ziré