Couvre-feu et couture pour la fête du ramadan : les tailleurs s’indignent  

Désormais, c’est l’ensemble du secteur de l’économie nationale qui est touché suite à l’instauration du couvre-feu dans le cadre de la lutte contre la propagation du Covid-19 dans notre pays. A Bamako, après les transporteurs, c’est bien le tour des tailleurs de subir les conséquences dudit couvre-feu.

Alors que les préparatifs pour la fête du ramadan commencent, les tailleurs se posent pas mal de questions, surtout quand il s’agit de satisfaire toutes leurs clientèles avant le jour ‘’J’’ tout en respectant le couvre-feu. Comment s’organiser dans cette période de couvre-feu? C’est la principale question que les tailleurs se posent sachant que la journée seule ne suffira pas pour satisfaire les commandes de leurs clients.

Dans un petit tour d’horizon dans la ville de Bamako, nous avons pu échanger avec certains tailleurs qui se disent consternés par cette mesure qui ne laisse personne indifférent.

Dounatiè Coulibaly alias « Tièkoroba » est un jeune chef d’atelier à Nafadji. Pour lui, le couvre-feu fait  plus mal que du bien aux tailleurs. « Il faut que les autorités revoient leur décision. Le couvre-feu peut être instauré pour une raison bien valable, mais il ne faut pas que cette raison porte préjudice à certains secteurs d’activités. Si vous analysez bien, les périodes de fête sont les meilleurs moments pour un tailleur. Cette affluence de clientèles demande une augmentation de temps de travail. C’est pour dire que nous avons vraiment besoin de travailler pendant la nuit pour satisfaire toutes les commandes de nos clients »,a-t-il témoigné.

A la question de savoir comment ils se débrouillent dans ces conditions, Tièkoroba répond : « Actuellement, nous souffrons énormément. Nous n’avons même pas le droit d’ouvrir nos ateliers au-delà de 21 heures. Certains de nos collègues se sont déjà fait arrêtés par les forces de l’ordre. C’est vraiment difficile. D’autres ont été appréhendés alors qu’ils travaillaient dans leurs ateliers avec la porte fermée »,ajoute-t-il.

L’autre problème auquel les tailleurs sont confrontés est la coupure d’électricité. Selon Moustapha Koné, les choses risquent de se compliquer davantage si ça continue ainsi. « Depuis le début du couvre-feu, on arrive à peine à payer nos locations, parce que toutes nos activités tournent au ralenti. A cela, s’ajoutent les coupures intempestives d’électricité. Tout cela est dur et je pense que ce couvre-feu ne nous protège guerre contre la maladie parce que le risque de contamination est plus élevé pendant la journée que la nuit. Il faut qu’on revoit notre situation », a-t-il souligné.

Seydou Doumbia est un tailleur avec une quinzaine d’années d’expérience dans le secteur. Il témoigne : « C’est déplorable quand même de savoir qu’un gouvernement prenne une telle décision contraignante. Personnellement, je crains plus une crise économique que le coronavirus lui-même. Vous savez bien qu’on ne peut pas être suffisamment efficace pendant la journée étant à jeun.  Donc, il nous faut la nuit pour pouvoir finir toutes les commandes de nos clients. »

En clair, le couvre-feu semble causer plus de tort que de bien aux populations, même si l’on sait que son objectif est de les protéger et de réduire la propagation de la pandémie de la maladie à Coronavirus ou Covid-19.

Amadou Basso

Source : Ziré

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