Cette jeunesse réduite en armes de vengeance et de revendication

La jeune génération, considérée comme l’avenir du pays, tombe de plus en plus sous le charme de la manipulation à des fins personnelles de ceux-là qui se disent leaders religieux, politiques ou d’opinion.  

 Il est grand temps que les jeunes cessent d’être des marionnettes, des masques pour intimider et même menacer. Ce que nous avons vu la semaine dernière doit inquiéter. Dans un pays où l’on parle de démocratie et de liberté d’expression, il doit aussi y avoir une justice libre et forte au-dessus de laquelle personne ne peut ou ne doit se mettre. L’assaut du 3 mars 2020 des manifestants majoritairement jeunes contre le tribunal de la Commune V du District de Bamako pour empêcher l’audition de l’Imam Mahmoud Dicko suite à des déclarations faites lors d’un meeting le 29 février, est tout simplement insensé et honteux.

Il y a bientôt un an le même Imam était au devant de la scène pour demander et exiger au président de la République, Ibrahim Boubacar,  de démettre son Premier ministre, SoumeylouBoubèyeMaiga. Un combat qu’il a finalement gagné avec le soutien des mêmes jeunes et des  Honorables Députés. Le malheur, c’est que ce sont des jeunes généralement désoeuvrés et d’autres à la recherche de point de chute qui se laissent manipuler et verser dans les rues afin d’être utilisés comme armes de vengeance et de revendication au nom de l’Islam. Une jeunesse qui devrait être consciente et vigilante en pensant à son propre avenir et à celui du pays. Par conséquent, elle ne devrait d’aucune manière se laisser berner par une seule personne quelque soit son statut.

Jamais, l’Imam Dicko n’a été aussi confus dans ses propos !

La sortie de Mahmoud Dicko, le 29 février 2020, devrait servir de preuve pour ces jeunes de se ressaisir en se posant cette question : « Que voulons-nous au juste ? » Voilà un homme averti (Mahmoud Dicko) qui a de tout temps animé des conférences et des meetings dans un langage clair et compréhensible. Mais ce 29 février, il passe 90 minutes, soit une heureet demie au pupitre sans que l’on ne sache ce qu’il veut réellement dire. Tantôt, l’on pense qu’il incite ses adeptes à la violence contre les autorités et  tantôt, l’on se dit que ce sont les chefs terroristes qu’il vise. Jamais, l’Imam Dicko n’a été aussi confus dans ses propos. A la fin du meeting, une autre rencontre est annoncée, mais sans précision ni sur l’heure, ni sur le lieu. Ce qui pousse à croire que l’Imam se serait ouvert à la négociation dont l’issue serait le report pur et simple de ce deuxième meeting imaginaire. Mais sur quoi négocier pour quelle fin ? Allez-y le savoir !

Tout cela devrait pousser la jeunesse à s’arrêter pour s’interroger sur le bien-fondé de ses différentes luttes. C’est le seul moyen pour ces jeunes de cesser de se comporter comme des chiens de garde ou de chiens de chasse que n’importe qui peut venir amadouer et emmener avec lui sans compte à rendre à la fin.

Depuis à peu près dix ans, Mahmoud Dicko est presque le seul leader religieux qui mobilise à la fois contre et pour le pouvoir. Une stratégie qu’il est le seul à pouvoir expliquer. Aujourd’hui, il demeure le deuxième leader et le seul Imam à avoir incité publiquement à la violence. Certes, le souhait de tout bon patriote, est  le retour de la paix et de la stabilité dans notre pays. Mais, cela ne peut se réaliser, en aucun cas, dans le désordre et la manipulation.

Même si les autorités ont failli, il faut reconnaître que la solution n’est pas non plus dans la violence, surtout au moment où le pays a besoin d’une vraie cohésion sociale. Maintenant, si Dicko a réellement l’intention de faire de la politique politicienne, le terrain ne lui est pas interdit. Mais qu’il arrête de se cacher derrière la religion pour endoctriner le peuple et terroriser le pouvoir.

Ousmane BALLO