Au Mali, le Conseil national de Transition (CNT), l’organe législatif et représentatif du peuple malien s’est trop aligné à l’exécutif au point qu’il semble ignorer les réalités les citoyens.
Les Maliens souffrent et ce, dans tous les secteurs du pays. Mais le Conseil national de Transition, cette structure mise en place pour porter la voix du peuple continue de porter la voix de l’exécutif. Lors de la session ordinaire d’avril, le bal a été ouvert par le président, le général Malick Diaw, à travers un discours belliqueux et surtout spectaculaire visant surtout les hommes politiques.
Malick Diaw semble profiter de l’occasion pour régler une fois de plus son compte avec la classe politique, la vieille classe politique. « Je profite de cette ouverture pour évoquer les sorties malencontreuses de ‘’certains’’ qui se définissent comme leaders politiques. Ils ont peut-être ‘’le courage politique’’ mais manquent visiblement de SAGESSE POLITIQUE. Ces fils du Mali, loin de servir leur pays, ne pensent qu’à leurs intérêts personnels, claniques et partisans », a-t-il déclaré.
Des phrases chocs, un spectacle grandiose et des mots qui enfoncent sans doute davantage ceux et celles qui s’opposent pour quelque raison que ce soit à la gouvernance actuelle sous la transition. Mais pour quel intérêt justement ? Le Conseil national de Transition, faut-il le rappeler, est mis en place à la suite d’une concertation nationale pour travailler à contrôler l’action gouvernementale. Il a en son sein, les représentants de toutes les couches sociales. À ce niveau, il est plus réfléchi, mieux structuré que même l’Assemblée nationale. Mais, ces actions allant dans ce sens se comptent péniblement.
Un CNT doublement tranchant !
Très curieusement, le Conseil national de Transition s’est donné depuis sa mise en place de nouvelles missions qui n’ont absolument rien avoir avec ses prérogatives. Au lieu d’inviter le gouvernement sur sa responsabilité, le CNT se donne le luxe de couvrir et défendre l’inaction de l’exécutif à tout prix. Pire, ses membres les plus brillants ont basculé dans la communication institutionnelle, même si ce n’est pas ce qu’ils savent faire le mieux. La majorité d’entre eux sont dans un silence coupable. Aucune interpellation d’un ministre en fonction, aucune dénonciation publique de l’action gouvernementale, aucune alerte d’une situation d’urgence. Au contraire, quand quelques citoyens courageux font des dénonciations, des membres du CNT sortent pour dire tout le contraire sans apporter d’arguments tangibles.
Pourtant, la situation générale du pays est dramatique. D’abord, le Mali traverse une des crises les plus dures de son histoire. Dure pour toutes les franges de la population et sur l’ensemble du territoire, dure par sa diversité et principalement dure par le manque de perspectives de sortie de crise, en raison notamment de sa complexité sur tous les plans. D’aucuns parleront de l’insouciance et de l’incapacité des autorités actuelles à trouver des solutions idoines à ces maux.
Sur le plan sécuritaire, la situation a atteint un niveau chaotique ou des villages se déplacent chaque semaine du nord, au centre et même au sud. Cette situation d’insécurité se répercute sur la vie socioéconomique des citoyens qui sont dans une situation d’urgence permanente. Un besoin de sécurité physique, sanitaire, alimentaire. Un besoin d’assistance humanitaire et morale.
Sur un tout autre plan, la crise sociale est de retour. Aujourd’hui, il y a des mots d’ordre de grève dans plusieurs secteurs d’activités, notamment le secteur éducatif et celui des banques et assurances.
La réalité aujourd’hui, c’est qu’ils sont nombreux ces Maliens qui n’arrivent plus à subvenir à leurs besoins élémentaires. Au même moment, le CNT est resté silencieux.
Amadou Kodio
Source : Ziré