‘’L’invité de la semaine’’ / Mme Aoua Maïga, président de l’AMHT : vaincre le VIH SIDA dans les zones aurifères

La rubrique ‘’L’invité de la semaine’’ de Ziré, votre hebdomadaire préféré d’analyses, d’enquêtes et d’informations générales, reçoit cette semaine Mme Aoua Maïga, présidente de l’Association malienne Hinè Ton (AMHT). Dans cet entretien réalisé le 13 janvier 2023, en partenariat avec le site d’informations générales, ‘’www.afrikinfos-mali.com’’, Mme Aoua Maïga nous parle des efforts de son Association, dans la lutte contre le VIH SIDA, principalement dans dans les zones aurifères. Lisez plutôt !

Ziré : Bonjour Mme, présentez-vous à nos chers lecteurs !

Aoua Maïga : Je suis Aoua Maïga, présidente de l’Association Malienne Hinè Ton  (AMHT) dont le siège se trouve à Yirimadio à Bamako.

Parlez-nous de l’Association Hinè Ton et de ses missions ?

L’Association malienne Hinè Ton (AMHT) est une association engagée dans la promotion des droits des femmes. Elle a été créée en 2018. Elle a mené plusieurs actions humanitaires, notamment la donation des vivres alimentaires (riz, mil, lait, sucre, pâtes alimentaires et huile), aux veuves, aux orphelins et aux personnes handicapées. Elle a aussi fait des dons, des habits aux enfants démunis et le parrainage des orphelins par nos ONG partenaires. Il y a également la formation des femmes en coupe et couture ; en teinture artisanale et l’assistance financière et technique des personnes handicapées vivant dans des conditions extrêmement difficiles.

Votre association vient de boucler la deuxième campagne de sensibilisation sur le VIH (du 12 au 14), sept mois après la première. Quel était l’objectif visé ?

Effectivement, du 15 au 16 juillet 2023, notre association a organisé une campagne de sensibilisation des jeunes sur le VIH/SIDA dans les zones minières du Mandé, précisément dans la commune rurale de Narena, Bayan avec l’appui technique et financier du Haut Conseil national de lutte contre le SIDA ( HCNLS), sous le leadership de son Secrétaire exécutif Dr Ichiaka Moumine Koné. Cette sensibilisation a enregistré un grand succès et nous avons pu arriver à des résultats exceptionnels bien au-delà de ce que nous avons espéré.

En effet, nous avons décidé de continuer cette 2ème phase de sensibilisation du 12 au 14 Janvier 2024 dans deux zones minières de Balankomana et Abaladougou-Kenieba (Commune Rurale de Binkady) avec l’appui technique et financier de notre partenaire du Haut Conseil national de lutte contre le SIDA. Nous tenons à le remercier pour la confiance renouvelée.

Cette campagne visait la sensibilisation et la prévention du VIH/SIDA et des infections sexuellement transmissibles (IST) auprès des travailleuses de sexe ; les vendeuses ambulantes ; les restauratrices  et les aides ménagères.

Donc, les principales cibles étaient les femmes et les filles à risques qui se déplacent de site en site et qui vivent dans des conditions très précaires. Elles ont une faible connaissance des risques de transmission des maladies et les plus jeunes d’entre elles sont habituellement peu touchées par les campagnes de sensibilisation.

Tantôt association humanitaire, tantôt association de lutte contre le VIH. Comment expliquez-vous cela?

Notre association n’est pas seulement humanitaire. Nous posons des actions citoyennes et nous organisons des campagnes de sensibilisation depuis cinq ans. Nous ne sommes pas de simples spectateurs des problèmes auxquels la société est confrontée, mais nous sommes des acteurs et actrices du changement.

L’Association malienne Hinè Ton (AMHT) reste profondément préoccupée par le fait que, dans les zones minières, ce sont les femmes et les filles qui continuent d’être les plus touchées par l’épidémie. Le SIDA demeure un défi majeur pour notre société, et les femmes en particulier celles vivant dans les zones minières, sont confrontées à des risques accrus en raison de leurs conditions de vie difficiles et de pratiques sexuelles à risque.

Donc, notre campagne vise à informer, éduquer et à encourager les femmes de ces communautés à prendre des mesures préventives et à accéder aux services de dépistage et de traitement.

Mme la présidente, il y a beaucoup de clichés (commentaires négatifs) concernant le VIH/SIDA. Malgré tout cela, comment arrivez-vous à convaincre vos cibles ?

Le SIDA est une réalité et il ne discrimine pas. Il ne regarde ni la profession, ni le statut social, encore moins le genre. C’est une menace qui peut toucher chacun d’entre nous, directement ou indirectement. Il est impératif que nous soyons bien informés sur les modes de transmission et sur les moyens de prévention disponibles.

Protéger notre santé et celle de nos proches commence par une compréhension claire de cette maladie. Des moyens tels que l’utilisation des préservatifs, les tests de dépistage réguliers, et l’éducation sur la réduction des risques sont des outils essentiels pour prévenir la propagation du VIH/SIDA et de soutenir l’émergence d’une réponse locale contre le SIDA afin d’assurer son élimination d’ici 2030.

Que répondez-vous à ceux-là qui disent que ‘’le SIDA nourrit plus de personnes qu’il ne tue’’ ?

Le SIDA reste et  demeure une réalité. Il est essentiel de démystifier certaines idées fausses qui entourent le VIH/SIDA. En tant qu’Association active, nous avons le pouvoir de sensibiliser notre communauté et d’encourager la prévention contre le SIDA. La lutte contre le SIDA nécessite notre engagement collectif.

Mme la présidente, est-ce que les chiffres sur le VIH sont toujours inquiétants ?

Oui, ils le sont. Selon les dernières statistiques sur l’état de l’épidémie du SIDA, en 2022, 1,3 millions personnes ont été nouvellement infectées contre le VIH. Chaque semaine, 4 000 adolescentes et jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans ont contracté le VIH dans le monde et 3 100 de ces infections sont survenues en Afrique subsaharienne.

De même selon le directeur Pays de L’ONU SIDA, Dr Marc Saba, 100 nouvelles infections sont enregistrées chaque semaine et 88 personnes décèdent par suite de maladies liées au VIH.

Depuis plus d’une décennie, le Mali voit proliférer les sites aurifères sur son territoire. On estime que chaque année, attirées par la possibilité d’y faire fortune, plus de 200 000 nouvelles personnes y migrent et s’y installent. Les problématiques qui se développent dans ces zones sont multiples et les comportements à risque contribuent à la propagation du VIH/SIDA et des IST.

C’est eu égard à ce constat, que l’Association malienne Hinè Ton sous ma direction a donc décidé de mener des campagnes de sensibilisation et de prévention du VIH/SIDA.

Pensez-vous que l’Etat agit à hauteur de souhait pour éradiquer cette maladie ?

Oui ! D’ailleurs, c’est l’occasion pour notre association de remercier le gouvernement du Mali pour son effort constant à travers sa structure, le Haut Conseil national de lutte contre le SIDA afin de lutter contre le SIDA. En tant que société civile, notre rôle et devoir est d’accompagner les hautes autorités dans la lutte contre le SIDA. C’est pour cela que nous organisons des campagnes de sensibilisation et de prévention. L’État ne peut pas tout faire, c’est à nous de l’appuyer et de l’aider dans l’atteinte de l’objectif qui est de réduire la transmission et de renforcer les mesures de dépistage.

Entretien réalisé par Amadou Kodio  / Afrikinfos-Mali

Last Updated on 19/01/2024 by Ousmane BALLO