« Contrairement à la croyance populaire, l’Afrique ne manque pas d’eau. En fait, la plupart des pays africains ont suffisamment d’eau souterraines pour que les gens puissent non seulement survivre mais aussi prospérer. Et chaque pays africain au sud du Sahara pourrait fournir 130 litres d’eau potable par habitant et par jour à partir des eaux souterraines. Ceci sans utiliser plus de 25% de la recharge moyenne à long terme, et la plupart moins de 10% ». C’est ce qui ressort d’une étude réalisée par WaterAid en partenariat avec le British Geological Survey (BGS), sur les eaux souterraines, à l’occasion de la Journée mondiale de l’Eau, célébrée chaque 22 mars.
Célébrée au Mali sous le thème : ‘’Les eaux souterraines, rendre visible l’invisible’’, la Journée mondiale de l’Eau de cette année vise à attirer l’attention des décideurs et des acteurs du secteur sur l’importance de l’eau et à plaider en faveur d’une gestion durable des ressources en eau. Il s’agit surtout de prendre des mesures visant à lutter contre la crise mondiale de l’eau et à soutenir l’atteinte de l’objectif de développement durable 6 qui est ‘’eau propre et assainissement pour tous d’ici à 2030’’.
Par définition, les eaux souterraines sont l’eau que l’on trouve sous terre dans les aquifères, formations géologiques de roches, de sables et de graviers où sont retenues des quantités d’eau importantes.
A l’occasion de la Journée mondiale de l’Eau, WaterAid, en partenariat avec le British Geological Survey (BGS), a publié les résultats d’une étude réalisée sur les eaux souterraines, intitulée : « Eaux souterraines : un domaine négligé pour lutter contre le changement climatique ».
Le rapport de cette étude fait des révélations intéressantes sur les quantités d’eaux souterraines dans plusieurs parties du monde y compris l’Afrique. Le document confirme surtout que la plupart des pays d’Afrique ont suffisamment d’eau (au niveau national) sous la surface pour que les gens puissent non seulement survivre, mais aussi prospérer. Il s’agit notamment des pays comme l’Éthiopie et Madagascar, où seule la moitié de la population dispose d’eau potable à proximité de son domicile ; et de grandes parties du Mali, du Niger et du Nigeria.
La même étude révèle que chaque pays africain au sud du Sahara pourrait fournir 130 litres d’eau potable par habitant et par jour à partir des eaux souterraines. Ceci sans utiliser plus de 25% de la recharge moyenne à long terme, et la plupart moins de 10%. Cela signifie, selon WaterAid, que les eaux souterraines pourraient constituer un tampon contre le changement climatique pour les années à venir, même dans le cas improbable où il ne pleuvrait pas.
Investir dans l’extraction de l’eau du sol
Selon le rapport de l’étude, les eaux souterraines pourraient aider les communautés à faire face, non seulement aux impacts à évolution lente comme la sécheresse et les pluies irrégulières, mais aussi à résister aux impacts à évolution rapide comme les inondations, en garantissant la disponibilité d’eau potable pour tous, y compris dans les écoles et les hôpitaux.
Mais pour cela, il faut investir dans l’extraction de l’eau du sol et faire parvenir à ceux qui en ont le plus besoin. De même pour un meilleur accès des populations à l’eau potable, les Etats doivent également s’intéresser aux ressources inexploitées ou mal gérées. C’est le seul moyen pour briser le mythe selon lequel l’Afrique manque d’eau, alors qu’il existe de vastes réserves d’eau sous les pieds des gens, dont beaucoup sont reconstituées chaque année par les précipitations et autres eaux de surface. Selon l’étude de WaterAid, des millions de personnes sur le continent n’ont toujours pas assez d’eau potable à boire, pour la simple raison qu’elles ne peuvent pas accéder aux réserves qui sont chroniquement sous-financées par les Etats.
Pour renverser cette tendance et permettre aux populations d’avoir de l’eau potable à suffisance et à tout moment, WaterAid recommande aux gouvernements de réserver un pourcentage fixe de leur budget pour financer le secteur. Aussi, les donateurs internationaux et le secteur privé doivent intensifier leurs investissements pour soutenir le secteur aux côtés des Etats.
Les eaux souterraines sont vitales pour notre survie. Il convient pour chaque Etat de les gérer de manière rationnelle et de veiller à leur préservation pour les générations présentes et futures.
Ousmane BALLO / Afrikinfos-Mali