LETTRE OUVERTE N°3-120420 A SON EXCELLENCE IBRAHIM BOUBACAR KEITA, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE,CHEF SUPREME DES ARMEES DU MALI
Nous associations Songhoy Ganda Borey International, Gao Lama International, La Jeunesse Songhoy1, Initiative pour le Nord, Jeunesse Songhoy2 et amis, avons appris avec une grande consternation, tristesse et indignation l’enlèvement de l’honorable Soumaila Cissé et de sa délégation le 25 mars 2020 en pleine campagne des élections législatives dans le cercle de Niafounké, région de Tombouctou.
Notre tristesse et notre peine furent grandes en apprenant, que lors de l’attaque djihadistes trois de ses compagnons ont été blessés et son garde du corps y laissa sa vie. Depuis le début du mois de mars 2020, nous assistons à des attaques meurtrières contre les communautés du cercle de Bandiagara et de Bankass dans la commune de Bayes et Ouenkoro faisant 37 morts.
Nos soldats sont aussi exposés sans moyens adéquats aux lâches et ignobles attaques barbares des groupes djihadistes. C’est ainsi que successivement dans le cercle de Bourem, le 19 mars le camp deTarkint a été attaqué faisant 31 morts et le 7 avril 2020 le camp de Bamba a subi le même sort, faisant 25 victimes et 6 blessés.
Ce mercredi 8 avril 2020 un crash d’hélicoptère à Sévaré dont l’origine reste inconnue, a causé le décès des pilotes.
Nous présentons nos sincères condoléances aux familles endeuillées, à toute la nation malienne et souhaitons un prompt rétablissement aux blessés.
Nous condamnons avec toute notre énergie tous les enlèvements des citoyens dont celui de l’honorable Soumaila Cissé et de sa délégation, ainsi que toutes ces violences inhumaines et répétées subies par les populations qui ont fait, du début de l’année à ce jour près de 300 morts civiles et militaires.
Nous souhaitons vivement la libération rapide de l’Honorable Soumaila Cissé et de toutes les personnes qui sont entre les mains des ravisseurs pour le bonheur de leurs familles et pour la stabilité de la nation malienne.
Par ailleurs, nous nous réjouissons de la libération par les ravisseurs des dix membres de sa délégation. Nous associations et amis, n’avons cessé de tirer la sonnette d’alarme à travers des lettres ouvertes au Président de la République du Mali et des communiqués à chaque fois que les populations sont exacerbées par le terrorisme et le banditisme. Nous avons dénoncé l’inexistence de l’Etat sur les 2/3 du notre territoire et nous avons demandé pour une paix réelle, durable et pour la stabilité sociale de ces régions :
. Le déploiement de l’armée républicaine malienne sur toute l’étendue des zones d’insécurité majeure pour la sécurisation des personnes et de leurs biens ;
. L’intensification des actions de lutte contre le terrorisme, le crime organisé et le trafic de tout genre dont la drogue et les armes et pour cela, le retrait des armes à toute personne non autorisée à en posséder ;
. Le recrutement massif de jeunes du nord et du centre, ayant une bonne connaissance du terrain local, dans les corps militaires et paramilitaires, dans le cadre de la réinsertion ;
. La condamnation des actes criminels (assassinats, viols, enlèvements des personnes et des biens, braquages, rackets, etc…,) subis par les populations et poursuite de tous les bandits armés auteurs de ces crimes.
Malgré toutes nos alertes et propositions, depuis 2013 à nos jours, nos populations sont terrorisées, humiliées, dépossédées de leurs biens, massacrées et tuées, parfois sous les yeux de leurs femmes et enfants. Face à cela, au plus haut sommet de l’Etat le mensonge et le déni deviennent vérité qualifiant la situation « d’insécurité Résiduelle ».
Aujourd’hui cette insécurité résiduelle explose à la face de tous nos dirigeants : le Président de la république et son gouvernement, les généraux de l’armée malienne, des responsables politiques, des responsables religieux, des autorités coutumières et des notabilités qui se sont complaints dans ce mensonge et ce déni de l’État, occultant ainsi la souffrance, la misère et la détresse des populations délaissées pour compte.
Oui ! L’insécurité résiduelle ayant atteint son paroxysme, a été reconnu, enfin comme un « État de Guerre » par le Président de la République. Mais depuis, où en sommes-nous ? Qu’est ce qui à changer ?
Le constat est que, pour assurer « l’État de Guerre », nos Forces Armées et de Sécurité n’ont pas été équipées de matériels afin de combattre efficacement contre les djihadistes. Les hélicoptères sont cloués au sol et des chars en principe blindés, sont en cartons. À cela s’ajoute, des replis stratégiques en abandonnant certaines frontières telles que Anderaboukane, d’Indelimane, et Labbezanga favorisant ainsi un banditisme inégalé ayant pour conséquence, des écoles brulées ou fermées, des chefs de village, des directeurs d’école, des imams et des notabilités menacés de mort, des populations abandonnant leurs villages et leurs communes. Le même scénario de désespoir à travers des affrontements barbares à connotation ethnique, semble-t-il, est à déplorer au centre.
Monsieur le Président de la République, chef suprême des armées du Mali, nous n’avons pas la prétention de vous donner des informations que vous ne savez pas ni des leçons. Cependant, nous voulons savoir pourquoi ce mensonge et ce déni d’État devant le péril de notre bien commun le Mali ?
Lorsque le berger, le paysan, le manœuvre, le commerçant, le pêcheur, l’imam, le notable, le père de famille, voir le citoyen tout court est massacré, égorgé parfois sous les yeux de sa femme et de ses enfants ; Lorsque des milliers d’enfants sont privés d’école, d’instruction, leur vie hypothéquée et compromise ;
Lorsque des éleveurs sont dépossédés, sous la contrainte de leurs troupeaux d’animaux au prix de leur vie ;
Lorsque des villages sont attaqués, les habitants tués, les animaux et les stocks de vivres brulés, toute la NATION devrait être UNI, s’indigner et dire NON puis se LEVER comme un seul HOMME sous la houlette du père de la nation le président de la république. Que s’est-il passé ?
Au lieu de cela, devant la multiplication des attaques violentes et d’une façon indiscriminée, nous sommes submergés d’effets d’annonce à travers des communiqués et des condamnations qui n’ont aucun résultat sinon de voir la liste de nos cités martyrisées, s’allonger tous les jours et celle de nos morts à n’en finir.
Depuis le 25 mars 2020, la nation toute entière, atterrée, semble découvrir et prendre conscience de cette insécurité grandissante, de cette terreur insupportable que subissent les populations et qui viennent à présent frapper des hauts représentants de la nation ? Ne dit-on pas que gouverner c’est prévoir ?
Pourquoi cette faillite ? Pourquoi nos dirigeants n’ont pas eu la volonté politique, d’Ecouter, d’Entendre et de Répondre aux cris d’angoisse, de détresse et de naufrage des populations vivant dans cette terreur.
Le grand mensonge et le déni de l’État sur l’accord pour la Paix et de la réconciliation d’Alger, l’accord de défense avec la France, la corruption à tous les niveaux, le népotisme, l’injustice, les détournements de fonds destinés à la sécurité de la nation, la gabegie et l’interventionnisme ont anéantis et entravés ce sursaut d’unité nationale indispensable pour sauver notre Pays.
Considérant que Monsieur le Président de la République, chef suprême des armées du Mali, notre armée républicaine ait pour mission régalienne la défense de l’intégrité territoriale, de la souveraineté de l’État et la protection des personnes et de leurs biens, nous disons que l’heure n’est plus au constat, au condamnations aux promesses de traquer et de traduire les auteurs de ce terrorisme exacerbé dans notre pays mais d’AGIR avec discernement, efficacité et responsabilité pour libérer la nation.
Considérant, Monsieur le Président de la République, chef suprême des armées du Mali, l’abandon total de parties entières de notre territoire et de leur population, nous tenons pour responsables de la réussite des groupes djihadistes sans loi ni foi, dans leurs projets macabres et destructeurs, nos dirigeants et responsables et par conséquence le Président de la République et son gouvernement.
Pour cela, nous interpelons, pour non-assistance aux populations en danger :
- Le Président de la république et son gouvernement, les généraux de l’armée malienne, des autorités et responsabilités politiques, des autorités coutumières et des notabilités.
- La CEDEAO, l’UA, la Communauté internationale, Et
- La France à travers BARKHANE avec ses 4800 soldats œuvrant sur le terrain au Sahel et au Sahara pour lutter contre les groupes djihadistes, en partenariat avec les 5 États de la sous-région,
- L’ONU à travers la MINUSMA (Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unis pour la Stabilisation au Mali) avec ses 15219 éléments, qui assiste et accompagne le pays pour le rétablissement de la sécurité et la paix.
- G5 Sahel composé de la Mauritanie, le Niger, le Tchad, le Burkina Faso et le Mali.
Devant cette situation alarmante, nous disons, que le Mali ne sera pas détruit par ceux qui nous veulent du mal, mais par ceux qui nous gouvernent sans discernement et ceux qui observent sans agir avec sincérité. Nous souhaitons vivement un grand sursaut patriotique et national de tous les maliens pour le redressement de notre Pays. Vive le Mali debout.
Les Signataires
– Association Songhoy Ganda BoreyInternational,
– Association Gao Lama Borey International,
– Association La Jeunesse Songhoy1
– Association Initiative pour le Nord,
– Association Jeunesse Songhoy2
Bamako le 12 avril 2020
Pour Les Signatairecoordination
Tel : +336 64 82 35 02
+223 75 41 20 21
Last Updated on 15/04/2020 by Afrikinfos-Mali